Carlos Enrique Ordeig
Né en 1913 à Mataro (Espagne), Carlos était étudiant à Barcelone à l’ouverture des hostilités en Espagne. Il entre comme volontaire à l’école de guerre de Barcelone en 1936 où il obtient le grade de lieutenant d’infanterie.
Il sera affecté au Bataillon de Mitrailleuses sur le Front d’Aragon et aura successivement les grades de chef de section, chef de compagnie et officier d’Etat-major puis celui de capitaine.
Lors de son internement au camp d’Agde, il sera nommé officier de liaison entre les autorités françaises et le commandant du camp puis affecté à l’arsenal de Pamiers pour la construction des ateliers de chargement d’obus.
Il rentrera en contact avec la direction des guérilleros espagnols durant l’été 1942 afin de cadrer l’action de la résistance naissante. En effet, celle-ci tentait d’empêcher le départ au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) des camarades réquisitionnés pour les chantiers de construction du Mur de l’Atlantique et ceux des chantiers forestiers de la région.
Une cinquantaine de personnes auraient ainsi échappé aux travaux forcés dirigés par les Allemands.
Vers la fin mars 1943, alors qu’il dirige le chantier du barrage de l’Aigle, des « prélèvements » d’explosifs seront effectués pour faire sauter la ligne à haute tension du barrage de Marège, entre Neuvic et Saint-Angel.
Ce sabotage se déroule le 1er mai 1943, avec la complicité d’une jeune fille française qu’il vient d’épouser !
Plusieurs interventions et sabotages seront effectués, mais le manque d’armement limitera ses actions.
En janvier 1944, il rejoint Groléjac afin d’organiser le M.O.I. en y créant la brigade du « A » qui regroupait tous les combattants espagnols isolés en deux groupes (Groléjac et Belvès).
Une vingtaine d’hommes de l’armée républicaine espagnole, ainsi que de nombreux étrangers isolés fuyant les polices françaises, constituèrent la brigade.
L’action de la brigade prit vite de l’ampleur malgré le manque d’armement individuel et collectif (explosifs) : sabotages à l’usine de Le Got, dans les mines de Veyrines et d’Allas.
Des lignes électriques ainsi que les lignes de chemin de fer de Périgueux à Agen, de Sarlat à Souillac et de Toulouse à Limoges furent également sabotées.
Au printemps 1944, avec l’aide des gendarmeries de Belvès et de Domme, des renseignements sur les déplacements des G.M.R. (Garde Mobile de Réserve) et des Allemands ont pu être obtenus.
Il contacte ensuite les forces « Soleil » et d’autres organismes de la résistance, comme le réseau « Buckmaster » dirigé par le capitaine Jack. Avec ce dernier et le colonel Berger (André Malraux), ils fondent le futur Etat-major F.F.I. (Force Française de l’Intérieur) et tiennent leur première réunion à la gare de Castelnaud-Fayrac début avril.
Un détachement de 6 hommes chargés de la protection du P.C. du colonel Berger a été mis en place permettant d’accroître l’efficacité des actions et des mouvements de harcèlement par la « récupération » d’armement.
Au quotidien il faut survivre, se cacher, manger, se déplacer malgré les forces de répression qui attaquent aidés par ceux qui collaborent avec l’ennemi.
Les civils de la région seront dévoués à ces résistants et leur redonneront du courage par leur aide (hébergement, nourriture, renseignement, réconfort).
En retour, l’objectif d’Ordeig et ses hommes, fidèle à la tactique de l’Armée Républicaine, était de ne mener des actions qu’à condition de ne pas mettre la population civile en danger.