Les combats et les sacrifices des Républicains Espagnols pour aider à la libération de la France sont presque inconnus du grand public, car trop peu relayés. Il est ainsi crucial de pouvoir aider à faire découvrir ces faits inconnus, à faire entendre ces histoires ignorées…
En Espagne, dans les années 20, l’analphabétisme et une grande misère régnaient. Le pays continuait d’être soumis aux grands propriétaires et à une église obscurantiste, avec une garde civile et une armée au service des puissants. Cette réalité entraîna des milliers d’Espagnols à aller chercher du travail et un avenir dans une France sans doute plus démocratique et surtout plus dynamique.
Mais alors que l’espoir renaît en Espagne en 1931 avec la proclamation de la Seconde République, cet élan est frappé de plein fouet à partir de 1936 par les agressions féroces et illégales d’une armée de fascistes, organisée et puissamment soutenue militairement par Hitler et Mussolini… Les défenseurs de cette République étaient défaits, aussi en raison de l’abandon de cette guerre par la plupart des pays démocratiques au nom d’intérêts diplomatiques aberrants, mais leurs idéaux restaient, eux, bien vivaces.
De l’autre côté des Pyrénées, en France, ces défenseurs de la liberté républicaine allaient retrouver le même ennemi, le nazisme et le fascisme.
La débâcle brutale de 1940, initiée par la défaite militaire face aux armées nazis, prolongée avec l’occupation et finalisée par la collaboration, laissait le pays saigné à blanc, ne pouvant compter ni sur ses soldats prisonniers par centaine de milliers en Allemagne, ni sur ses infrastructures confisquées.
Pour les républicains espagnols, à ce moment de l’histoire, renforcer une résistance qui s’organisait dans des conditions très difficiles était, en quelque sorte, la poursuite du combat qu’ils avaient mené en Espagne.
Ils allaient ainsi fournir un apport et un soutien décisif à la Résistance, en amenant une organisation nouvelle et adéquate tirée de l’expérience des combats sur le sol espagnol. Là-bas, Hitler et Mussolini préparaient leurs futures campagnes avec d’impressionnants moyens et, logiquement, l’insuffisance de matériel des Républicains devait alors être compensée par beaucoup d’imagination et de courage… Des qualités forcément très utiles sur les terres de la France occupée.
Pour combattre l’occupant, ces troupes ont pu s’appuyer sur leurs compatriotes installés en France depuis longtemps, preuve de la solidarité républicaine alors à l’œuvre. Le travail anonyme, et pourtant crucial, de l’arrière garde, où les femmes jouaient un rôle essentiel, a ainsi aidé et facilité la lutte armée de la Résistance.
Des milliers le payèrent cher, fusillés en France ou déportés et exterminés en Allemagne. Les survivants sombrèrent eux, malheureusement, tous dans l’anonymat et l’oubli.
Aujourd’hui encore beaucoup de gens ignorent que la 2° DB de Leclerc entrant dans Paris pour en parachever la libération avait à sa tête la 9° compagnie espagnole du Commandant Dronne. Il est donc grand temps d’aviver les mémoires pour faire en sorte de briser ce silence et mieux faire entendre cette réalité historique.
La démarche de collecte de la mémoire orale des républicains espagnols a été impulsée par le Rahmi et pilotée par l’Association des Retraités Espagnols et Européens de la Gironde à Bordeaux (Association crée en 1978 à Bordeaux par des retraités espagnols qui s’étaient majoritairement engagés dans la Résistance de la France).
L’objectif de l’association était de les aider à mieux s’intégrer dans le pays d’accueil ainsi que d’organiser des rencontres conviviales.
Pour mener un travail de mémoire en lien avec la communauté espagnole, le choix du sujet fut alors évident pour l’A.R.E.E.G.B. : traiter de ces sacrifices des Républicains espagnols engagés volontairement dans la Résistance, qui, encore 60 ans après, restent méconnus de la grande majorité en Nouvelle-Aquitaine.
Il est crucial de souligner l’importante participation et implication d’Eduardo Bernad, à travers notamment son ouvrage très documenté « Des Espagnols dans la Résistance à Bordeaux et sa région » qui a grandement aidé à la réalisation de la contextualisation historique présentée sur ce site.
Enfin, nous remercions aussi l’Amicale des anciens guérilleros espagnols en France- F.F.I. (section gironde) pour sa participation active au projet.