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Angel VILLAR

Angel Villar
Républicain Espagnol
Né en 1922

Angel VILLAR
Angel VILLAR
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Les séquences

Interviewer : Eduardo Bernad et Oumar Diallo
Lieu : Mérignac
Date : 25 septembre 2009

Retranscription de l’interview

Angel : Je m’appelle Angel Villar hein et je suis né aux Asturies d’une famille nombreuse par la suite mais au moment où je suis né nous n’étions que 2 mon frère aîné et moi et par la suite il y a une petite soeur qui est arrivée et nous étions déjà 3 aux Asturies mais le mouvement de ma famille a été très bouleversé parce que mon père qui était fils de propriétaire terrien très important dans la Galice a quitté la terre qu »il n’aimait pas pour aller dans les Asturies dans les mines pour voir comment on gagnait la vie les mineurs de fonds et c’est là lui convenant pas il a commencé à faire des études parce qu’il en avait déjà fait par l’église qui le protégeait là-bas où il est né lui en Galice et il a fait des oppositions pour rentrer dans la Poste les PTT français el corescuerpo de correo je peux dire et à ce moment là on l’a nommé dans la Galice nous avons quitté les Asturies pour aller à San Claudio Quilova province de Lugo à côté de Monforte del Caudillo El Ferrol là où est né le fameux Franco eh nous étions là-bas établi en tant que fils de de facteur et nous allions à l’école comme tous les enfants nous étions déjà 4 arrivé là-bas parce que la famille grandissait en tout nous sommes nous sommes 8 et actuellement dont je vous parle c’est il y en a 2 qui sont décédés et dont les autres sont éparpillés par-ci par-là mais nous sommes tous en France hein mais dans la Galice le les familles nombreuses on entendait pas parler de génération familiale et tout ça ça n’existait pas dans le vocabulaire et pour les élever même avec la solde d’un chef de poste ça n’arrivait pas donc mon père qui était un homme très rigide très droit nous orientait à tous les travaux qui concernait les travaux de la Poste et les autres avant d’aller à l’école parce que lui en plus des travaux de la Poste les après-midi il allait faire de la représentation et la Galice c’est un endroit très riche en bétail et tout ça on vend beaucoup de sel pour les salaisons et tout ça et les cordes pour attacher le bétail et tout mon père représentait tout ça en plus il avait une carte de représentant des armes de Biscaye leeee euh (toux) les fusils les pistolets et tout ce qui se fabriquait dans la Biscail eh bon il voyageait tout ça et nous on était obligé mon frère aîné et moi de faire les travaux euh de la Poste qui ramenait au directeur de la Poste parce qu’il y avait des facteurs pour des secteurs il fallait leur préparer le travail pour aller faire les distributions et tout ça ça c’était nous qui le faisions donc à 7h du matin le courrier qui arrivait de Madrid en direction de Lugo porté le les lettres les sacs de mandats tout ça et la la presse parce qu’en plus mon père s’occupait de vendre la presse de Madrid alors nous nous allions ramasser tout ça mon frère et moi et pendant que le train était là 10 mn 1/4 d’heure selon il fallait vendre le maximum de journaux aux voyageurs qui le réclamaient pour avoir les nouvelles alors on coupait mon frère à l’intérieur des trains et moi sur les quais ??? et mois j’étais très craintif étant petit je ne me mettais pas dans un train pour ne pas avoir à sauter parce que j’avais peur de me tuer et mon frère faisait l’intérieur des trains et moi j’étais sur les quais entrain de regarder avant que le train en prenne de la vitesse quand il partait parce que après le passage de l’alimentation de l’eau le réservoir d’eau pour les trains il accélérait et moi tant que (sonnette) je ne voyait pas mon frère (sonnette sonnette) euh sauter des trains (sonnette) j’avais peur qu’il l’emporte et que je ne le vois plus parce qu’on s’aimait beaucoup alors on prenait le sac il y avait l’argent et le sac on allait au bureau de Poste et on faisait les la les comptes les vendus les invendus et les sacs de courriers on les vidait et on triait par secteur le secteur des villages où le facteur devait venir prendre le leur du leur préparé et mon père à ce moment là il se levait parce qu’il s’était couché tard par la représentation et il descendait pour faire les comptes pour voir si tout allait bien bon allez-vous pouvez monter déjeuner et après à l’école et c’était ça notre vie d’enfant pendant tout le monde qu’on a été à San Claudio ce ce qui y fait que nous étions des enfants très très avancés parce qu’on était plutôt des adultes que des enfants par les responsabilités que l’on avait et pur nourrir la maison mon père avait cultivé en face de la Poste un terrain un jardin jusqu’à la route il avait construit une valse d’eau qui fallait remplir avec une pompe dans un puits avant d’aller à l’école il fallait que mon frère et moi ayons rempli cette valse de 500 litres d’eau en cas de besoin d’arrosage c’était pour nourrir la famille et pour nourrie les cochons parce que tous les ans à la Saint-Martin on tué un cochon pour assurer la charcuterie dans la famille alors ça c’était notre responsabilité il fallait le faire même si on rechignait parce qu’ évidemment nous étions à l’école une bande d’amis du même âge là on s’estimait beaucoup et dans ce village là les amis se font par affinité les fils de du facteur, les docteurs, les maires, les les instituteurs se sont des amis intouchables on fait une bande et ça fait bande à part nous nous nous étions quand même d’une catégorie supérieure et cela s’amusait tandis que nous on travaillait alors ça ne nous plaisait pas beaucoup et quand on ronchonnait mon père attrapait le manche de qu’est-ce-que il y a une rébellion allez pompez pompez pompez et on pompez et quand on a fini de remplir la valse on allait les je commençais à rentrer à l’école ?? mais l’école on l’aimait beaucoup tous les 2 parce que euh l’instituteur qui était en plus le père d’un de nos amis c’était un homme qui qui expliquait les choses tellement bien il était tellement que nous on était tous passionné et on adorait l’école on l’aurait maqué pour rien au monde mais pendant les heures où il y avait pas d’école on allait faire les 400 coups et les trains de marchandises qui passaient à San Claudio ils amenaient des poulets, des oeufs et tout ça pour … et et et et des oranges qui venaient de vergers de Valence par Lugo et alors nous qu’est-qu’on avait imaginé de faire la guerre avec des oeufs et des oranges contre les enfants des autres groupes et alors mon frère aîné avait imaginé une passoire avec un fer long qui finissait en pic parce que les poules quand vous approchez et vous et vous allez mettre dans les grilles des ramasseurs pour les oeufs elles viennent les piquer pour les casser pour pas qu’on leur vole alors pour pas que nous on piquait les poules et les poules reculaient et on ramassait des oeufs et on se faisait des quantités d’oeufs pour faire la guerre et les wagons d’oranges ils s’arrêtaient dans le train quelque fois une journée entière nous le soir on allait avec des lances des pics comme Don Quichotte et on piquait par la par les les fenêtres d’aération on piquait les oranges montaient montaient et quand elles arrivaient en haut on les sortaient on avait 7 ou 8 oranges chacun et après on on les employait … pour se bagarrer pas pour manger parce qu’on ne manquait de rien mais on faisait ça et quand on nous dénonçait beh personne ne disait c’est lui c’est lui c’est lui qui non on allait tous à la punition et les maîtres s’occupaient de donner les punitions ils mettaient sur un banc du sable et à genoux on était là jusqu’à ce qu’on dénonce quand on disait bon ben allait s’est fini la punition tous punis dix devoirs pour tous ils nous punissaient à faire des devoirs que nous on aimait c’est mieux que d’être à genoux comme ça alors on a passé une enfance comme ça et bon il arrivé que euh mon père était parti sans autorisation à un congrès de Madrid puisqu’il était responsable socialiste et quand il a été dénoncé ils l’ont sanctionné pou l’envoyer en Catalogne alors ça fait que nous nous avons quitté la Galice à ce moment là en direction de la Catalogne et mon père était content parce que la Catalogne était quand même plus avancée que ces villages de Galice et le poste qu’on lui donnait de facteur était plus important que là que le poste qu’il avait lui de chef de poste et alors en plus en Catalogne il a eu la possibilité de nous envoyer à l’école faire des études supérieures nous sommes pas partis nous vers la Catalogne et bon dans dans le village c’était la procession les amis de mes parents nos amis à nous tout le monde à la gare come si il y avait un gros événement et puis bon les un pleuraient les autres et nous on était comptant parce qu’on allait prendre le train pour aller loin dans le train bon arrivé en Catalogne et bien on s’est trouvé dans un endroit que l’on ne comprenait pas parce que le catalan hein Edouardo : c’était quelle ville Angel : c’était à Igualada à côté de Barcelone et on est allé à Igualada et on arrive là ils parlaient catalan nous on ne le parlait pas ça fait qu’on était des étrangers et on était en Espagne et en plus on on s’y faisait pas parce que c’est les catalans il est il est moins sociable il est plus il est plus individualistes dans tout dans tous les sens mais ça dit bon et nous on ne le comprenait pas à ce moment là on l’a compris un peu plus tard parce que dans toutes les parties de l’Espagne les les personnes âgées déjà euh qui se groupent ils se groupent pour aller boire et quand il y en a un qui paie un verre les autres sont obligés de payer un verre si vous êtes 6 vous êtes obligés de boire six verres

Oumar : six verres oui

Angel : et au sixième tout le monde est saoul et ça c’est pareil en Galice qu’à qu’aux Asturies c’étaient comme ça partout en Catalogne non il sont comme mais ça fait que pour les enfants c’est c’est plus froid on avait pas cette habitude et ces groupes comme ça et chacun chacun pour soi et Dieu pour tous on avait pas l’habitude de dire mais nous on avait quand même l’impression que les catalans ils étaient plus intelligents ils savaient plus il y avait il y avait plus d’écoles il y avait plus de centres culturels il y avait plus de des stades il y av un développement différent et on s’y est fait de suite et les enfants apprennent très vite parce qu’au bout de six mois je parlais le catalan comme si j’étais né en Catalogne mon avantage à moi c’était ça sur les autres que moi je parlais catalan je parlais castillan et je parle donc le gardievo? puiqu’on est allé à …? et ça fait que ça me donnait un avantage sur les autres parce qu’en Espagne le problème c’est ça c’est que quand tu te trouves dans une région que tu ne connais pas tu te sens isolé complètement et c’était un euh ? par connaissance ça te facilite la vie alors mon père m’avait inscrit avait demandé par le gouvernement une bourse d’études pour un de la famille c’était accordé d’office mais comme mo frère aîné il avait des difficultés de d’élocution et il parlait plus vite qu’il ne pensait alors il était un peu dyslexique et lui ne pouvait pas profiter de la bourse parce qu’il n’avait pas de bonnes notes à l’école à cause de ça et c’est à l’école qu’on a commencé à se séparer parce qu’autrement on était comme euh l’ongle les doigts tous les deux

Edouardo : à quel moment vous êtes vous êtes arrivé à Igualada c’était quand en quelle année

Angel : c’était en on est arrivé à Igualada en 34

Edouardo : donc c’était la veille du conflit

Angel : euh c’était la guerre ça été en 36 mais la République était déjà la République s’était instaurée deux mois après que mon père parte de de la Galice et ça a été une grande chance parce que tous ces copains ont été pendu sur le pont et lui il aurait passé par le même chemin le maire tous ceux en Galice et nous sommes arrivés donc deux mois après en Catalogne et euh la République était déjà instaurée et nous avons eu la chance de avoir cet octroi de bourse et moi j’en ai été le bénéficiaire parce que moi dans l’école c’est pas pour par vantardise mais j’adorais ça et j’étais toujours le premier à l’école ex aequo avec un autre qu’on se disputait la première place et souvent on était ex aequo tous les deux et bon euh ça fait que mon père a dit si il y en a un qui doit bénéficiait de la bourse c’est lui parce que Tomas il ne peut pas en tirer profit et il fera des études de de de diplôme mercantile pour le commerce alors bon on a accepté ça nous on se disputait toujours mais moi je voulais pas la bourse parce que je voulais pas la prendre à mon frère et mon père voulait m’obligeait parce que lui n’aurait pas inté pu en tirer profit et on on était toujours toujours comme ça tous les deux et bon ça fait que j’ai fait l’examen d’entrée à l’institut pour passer le baccalauréat et j’ai commencé les les études de de bachelier alors c’est l que j’ai appris le français

Edouardo : l’institut ça équivaut à un lycée

Angel : à un lycée voilà instituto Garcia Fosas mais c’est là qu’on fait les études supérieures et jusqu’au baccalauréat après il faut aller à Barcelone mais ça c’est les études sont courts et j’étais déjà en cinquième année quand on arrive en 36 et

Edouardo : tu tu apprenais le français aussi

Angel : j’apprenais le français oui parce qu’il y avait le français et l’anglais et l’office et l’allemand euh en au choix mais à partir de la troisième année et comme moi je n’aimais pas l’anglais parce que moi j’avais de la haine pour les anglais par le fait qu’ils nous avaient volé Gibraltar et moi je voulais apprendre l’allemand et à l’école ils m’ont dit non tu dois apprendre l’anglais et le latin par obligation après tu feras l’allemand si tu veux mais après et moi l’anglais je l’apprenais très mal parce que j’aime pas les anglais je me punissais tout seul (rires) alors évidemment ça fait que quand

Juliana : très bien le français

Angel : quand l’heure est arrivé moi je parlais le français correctement et tout ça mais je ne parlais pas le français de France je parlais le français de l’école et les littéraires n’est pas parce que arrivé le les premiers mois je dit mais c’est pas la France il parle pas comme comme moi j’avais l’habitude de parler en français (marmonne)et après je me suis rendu compte que bon c’ét c’était un peu comme l’espagnol on ne parlait pas l’espagnol de Cervantes en Espagne on parlait le castillan ou on parle l’espagnol régional de chaque région avec son accent comme ici le marseillais les euh les parisiens et tout ça

Edouardo : comment comment comment tu vivais la guerre

Angel : comment on a vécu la guerre alors euh quand la guerre s’est déclarée et beh on a on avait dit le maximum euh pour les fronts parce que nous n’avions pas d’armée on avait une armée d’amateurs et une armée qui était trahie par les officiers de l’armée qu’on avait puni à déplacer au Maroc et si on les avait fusillé comme eux ils avaient fait et beh ils auraient pas eu la révolution après mais ça s’est passé comme ça on les a envoyé en vacances au Maroc et puis nous on était là entrain de former par la population une armée et ça c’est c’est c’est très long alors on … ils avaient décrété les les dirigeants de la Catalogne qu’il fallait tout faire pour le front alors que ceux qui n’avait pas les obligations especiales ils devaient s’incorporer à l’armée pour se former pour faire face et bon ça s’est passé eeen en juillet 36 et bon on était en période de vacances nous on commençait à nous donner des euh voyages à Barcelone pour aller dans des colonies pour apprendre le maniement des armes et tout ça mais c’était de la rigolade ça pour nous c’était c’était des vacances et après mon frère s’est à lister volontaire dans l’armée de l’Ebro il est parti sur le front de l’Ebro moi je suis resté pour continuer les études parce qu’on avait décrété dans la maisons avec la famille que mon père et mon frère aîné iraient pour les activités politiques et militaires et que moi je continuerai mon instruction et je m’occuperai de la famille puisque ma mère était très très très malade et bon il fallait s’occuper des des enfants alors ça fait que les enfants étaient pour moi comme comme mes frères sorti des études il fallait venir s’en s’en occuper le matin avant de partir il fallait les lever les habiller ma mère était à l’hôpital et elle a resté jusqu’en 38 pour pour mourir d’un tuberculose galopante et et la guerre s’est s’est passée comme ça chacun à ses occupations et quand ma mère est décédée mon père n’était pas là mon frère au front de l’Ebre comme ça commençait aller mal en 38 en 38 et à ce moment là on ne lui a pas donné la permission et ma soeur avait attrapé la fièvre typhoïde elle était à l’hôpital à la même hôpital que ma mère et ça fait que moi je m’occupais de tout ça le le le parti avait délégué les services socials pur qu’ils s’occupent de la famille ils ont pris mes enf mes mes frères j’allais dire mes enfants les petits ils les ont pris ils les ont emmené dans une colonie de vacances à Tosa de Mar et Tosa de Mar on les a expédié après en France voyant que les troupes avançaient vers la frontière alors moi je me quand euh ils ont décrété un matin que l’institut fermait les portes que les professeurs devaient partir au front et les étudiants qui étaient aux abords de 17 ans il fallait qu’ils s’incorporent volontaires dans les services auxiliaires de l’armée pour pouvoir manger parce que le ravitaillement il n’y en avait que pour l’armée les autres se débrouillaient et alors évidemment moi j’ai dit ben je peux pas abandonner la maison et tout ça je dit alors il y a un dirigent qui vient et lui dit prend ce que tu dois faire et puis ton père va venir va s’occuper de ça je vais te dire tu vas aller t’inscrire dans l’école de transport de l’armée parce que le corps de transport de l’armée a le commandement ici à Igualada ça fait que tu seras sur place si tu veux aller voir ta maisons et tout ça mais tu te prépareras pour t’incorporer à l’armée dans les transports bon je suis rentré là dedans et dans ces interprètes quand ma mère est décédée on l’a enterré et je suis resté là tout seul et bon j’avais pas le moral et le commandant euh voyant mon état deeee moral il m’a dit bon écoute euh tu ne vas plus à la maison hein il y a de la place chez moi tu viendras chez nous tu mangeras avec nous et tu viendras faire ton service hein et on était comme ça bon

Edouardo : tu t’es incorporé dans l’armée tu avais quel âge tu avais

Angel : j’avais 18 ans

Edouardo : quand tu t’es incorporée dans

Angel : oui oui

Edouardo : (prise de son trop loin)

Angel : La quinta del biberon c’était c’était des services auxiliaires on te mettait comme ça parce qu’il fallait que tout le monde fasse quelque chose sur le front et bon

Edouardo : la la classe du biberon

Angel : oui la de de du biberon oui d’abord tu le vois dans la carte de de la carte que vous avez photographié là il y a il y a le portrait et alors nous nous allions porter du matériel vers le front pour les camions qui tombaient en panne et tout ça les dépannaient en dynamo en axes en courroies et tout et après on s’en revenait à l’atelier et on faisait des bobines euh pour les dynamos et on travaillait que comme ça on ne faisait pas la guerre on faisait le service auxiliaire et un jour le commandant me dit : écoute moi euh faut pas se leurrer nous sommes entrain de perdre la guerre les les … viennent de passer la ligne de l’Ebre et vont pas tarder à être sur la Catalogne alors nous avons pris la décision d’évacuer les femmes et les enfants des officiers et comme toi tu parles très bien le français et qu’on va les envoyer en France on te nomme responsable du convoi tu t’en vas avec l’autobus en France avec le chauffeur puisque moi je conduisais pas j’savais pas et j’avais pas le droit et toi tu seras le chef du convoi et tu t’en vas vers la France et arrivée là-bas tu leur fais cadeau euh de l’autobus tu passes en France avec elles et vous vous débrouillez en France comme vous pouvez je je pense qu’on ne se reverra plus puisque nous on a pas le droit d’abandonner notre poste oui alors je pense qu’on va tous y passer mais n’en parle pas gardez le moral et allez bon on prend l’autobus le lendemain moi évidemment j’ai une rébellion et puis il me dit ici celui qui donne les ordres c’est moi je le reçoit du commandement et vous vous êtes là pour obéir alors personne personne ne doit contester chacun fera ce que je dirais bon moi moi moi je je l’ai fermé comme tous les autres et le soir à table il me dit écoute moi euh c’est c’est une astuce pour te sauver parce que nous on ne se sauvera pas ils sont entrain de tout boucler et puis on va être pris dans la tenaille de Barcelone et on ne pourra plus partir alors profites en et je te donne une responsabilité occupe toi de ma femme et de ma fille c’est tout ce que je te demande alors il m’a donné un pistolet il m’a donné des trucs de de de route … et tu as Rodeesse? comme chauffeur il est au courant de tout bon on a pris l’autobus et on a pris la route de la France et avant d’arriver à Campredon il y a eu un bombardement et les avions du mitrailleur si protection sur la route et nous ont été devant un pic où les avions ne pouvaient pas plonger ils étaient obligés d’arriver là-bas de monter alors l’autobus n’a pas été touché mais la route était pleine de morts et de blessés c’était un scandale mais il y a la police de la route qui est venu a qui appartient cet autobus s’est joli là j’ai dit il est à nous c’est au corps de train et je lui sort les papiers il dit mais c’est très bien alors vous allez tous descendre parce que là la route est pleine de blessés qu’il faut évacuer d’urgence et il y a tellement de morts que vous ne pouvez plus circuler alors je vais d’expliquer une chose tu vois les deux montagnes enneigées là-haut et bein c’est encore l’Espagne quand vous passerez le deuxième pic ça sera la France alors vous prenez vos valises et vous montez à pied sans trop vous fatiguer mais par là vous y arriverait mais par la route vous n’y arriverait pas parce qu’on a déjà eu trois bombardements et ça sera pas le dernier parce que les routes étaient comme ça des des soldats qui fuyaient des blessés et des gosses comme ça ?? bon alors et bien là nous on a pris j’ai dit qu’est-ce-qu’on fait et Mathilde parce que la mère s’appelait Mathilde la fille aussi Mathildie on l’adorait t’ce gosse alors qu’est-ce-qu’on fait eddy et beh c’est toi qui décide ah j’ai dit non moi je suis là pour vous protéger c’est vous qui décidez alors moi je ferais ce que vous voulez alors il dit beh beh on y va on va voir ce qui se passe en France il adit d’aller en France et beh on va en France et on a pris la route comme ça on était allé la première nuit on l’a passé dans un abri de bétails parce qu’il y avait des soldats qui protégeaient les les convois de la montagne et disaient là ne passer pas la nuit à marcher parce qu’elle est très dangereuse non pas par les loups hein il y en a plus dans ce secteur ils sont tous morts on les a mitraillé mais par les gens qui risquent de vous attaquer pour vous voler les les colis et ce que vous avez dedans parce que tout le monde pense que vous évacuez de l’or et des bijoux et tout ça alors la nuit dès que vous n’y voyez plus vous vous rentrez dans un abri de bétails et vous passez la nuit en plus le bétails chauffent beaucoup et vous n’aurez pas froid c’est comme ça qu’on a fait deux haltes arrivés à la deuxième montagne on voyait des gens en bas beaucoup de mouvements et tout ça et le garde qui était à la frontière dit la-bàs c’est la France à partir de là vous êtes en France on ne peut plus vous mitrailler et quand nous on commencé à avancer pour parce qu’on zigzaguait pour ne pas tomber en boule il y a eu un passage de l’aviation avec les les appareils mitrailleurs ils ont mitraillé une colonne de militaires qui évacuaient sur la chevalerie des blessés et alors tous les chevaux qui ont été abattus ils tombaient puis il roulaient et puis ça faisait des boules de neige avec du sang c’était affreux mais c’était à cent mètres de de notre descente mais enfin euh nous ils ne nous ont pas mitraillé on était déjà en France alors ça ça aurait fait un conflit mais les chevaux comme ils allaient sur sur la crête et beh ils sont tombés comme ça et alors on a

Oumar : excusez-moi combien de jours vous vous avez mis entre lee le fait non

Angel : du bombardement

Oumar : du bombardement quand vous a pris le

Angel : deux jours et demi

Oumar : deux jours et demi pour de marche

Angel : dans la neige

Oumar : dans la neige

Edouardo : c’était c’était par où vous passiez

Angel : et nous nous nous on est passé par Campredon et Campredon à Espinabeille et d’Espinabeille en France et on arrivé en France en bas sans savoir où l’on était et puis

Oumar : c’était quelle ville

Angel : et puis après on a on a su qu’on allait sur le le pont le Porbou

Edouardo : le Porbou

Angel : Porbou

Hélène : et personne ne surveillait les frontières

Angel : ah les frontières étaient surveillées par des gars des troupes républicaines qui qui

Hélène : qui vous laissez passer

Edouardo : mais c’est les soldats républicains

Angel : c’est les soldats les soldats républicains espagnols

Hélène : qui vous laissez passer

Angel : qui facilitaient notre passage parce que nous on était pas des moi j’étais militaire

Hélène : pas de frontière ?

Angel : je n’avais pas

Edouardo & Hélène : si si si si

Angel : mais à la frontière en bas

Hélène : en bas

Angel : en bas c’était les gendarmes et les sénégalais les troupes sénégalaises et quand et quand on a commencé à descendre beh oui vous êtes du Sénégal

Oumar : oui

Angel : (rires) oui mais les sénégalais c’était des soldats c’était des soldats des soldats français des col hein et alors

Oumar : qu’est-ce qui ont fait ils ont tiré

Angel : non non les soldats les soldats sénégalais y obéissaient aux ordres ils avaient les gendarmes qui étaient aussi nombreux qu’eux qu’ils leur disaient ce qu’ils fallaient faire euh ils le faisaient ils étaient payés pour ça

Hélène : et ils vous laissaient passer

Angel : et non c’est-à-dire que quand on rentre là ils avaient l’ordre déjà du gouvernement de laisser passer les réfugiés pas les militaires les militaires ils devaient aller par les frontières de contrôle pas par la montagne et alors nous arrivés à la descente on a trouvé que des militaires blessés tout ça il y a un gars qui était y avait un bras coupé et il avait une machette pour et descendez pas comme ça il dit en espagnol no vajes asi no vajes asi avec les machettes il a coupé des branches d’arbustes ils les a tressé comme comme une luge et euh des toutes les cordes des colliers tout ça sortez les les colliers vous pouvez les foutre en l’air parce qu’en bas on vous attend pour aller au camps de concentration ça fait deux fois que je fais le voyage hein pour … alors vous attachez ça vous vous mettez dans la valise videz vos affaires mettez la gosse dedans comme une luge toi devant avec les machettes pour couper la vitesse et elle derrière avec deux pics pour pour freiner dans la neige et on est descendu comme ça parce qu’à … on aurait mis un jour et demi de plus pour arriver en bas et là dans la journée on est arrivé en bas en bas y avait et deux deux prés deux prés entourés de barbelés là où l’on mettait le bétail pour pour quand il partait à la transhumance une baraque pour le maquis tout ça dans l’un on mettait les hommes et dans l’autre les femmes et les enfants et on arrivé en bas dans mon on te fouille par les sénégalais les gendarmes les sénégalais tout ça pour pour surveiller que personne ne s’évade de des barbelés qu’on ne pouvait pas on était creuvé en plus et tout plus ou moins blessé parce que dans la neige il y a beaucoup d’arbustes cachés par la neige et à descendre comme ça ils vous égratignent vous saignez et ça coagule ça fait des des pustules noires moi j’en avais plein la tête et c’est ça qui m’a sauvé parce qu’arrivé en bas ils disent euh vous là-bas là-bas avec les hommes moi qui euh je faisais semblant de ne pas comprendre qui qui là-bas là-bas là-bas là-bas là-bas là-bas là-bas là-bas allez la dame le petit là et vous là et ils m’ont poussé ils m’ont mis dans la tente des hommes alors j’ai dit bon là c’est bon c’est fini elles iront où elles pourront et moi aussi moi j’avais entendu qu’ils disaient ça c’est pour Argelés ça c’est pour Barcarés ça c’est pour le et savait qu’on allait vers le camps de concentration alors j’ai dit bon c’est fini et j’étais là sur il y avait des pavillons des secours populaire avec les infirmières ils nettoyaient les blessures ils pansaient tout ça et moi je me suis approché comme ça parce qu’elles parlaient de où elles allaient les femmes qu’elles allaient à l’école pour pour les amener vers Orléans et moi moi je dis moi il faut que je me débrouille pour passer de l’autre côté et alors je me je me suis trouvé mal elles sont venues vers moi et puis on c’est c’est on va le nettoyer parce qu’il a du y avoir quelque chose il y a quelque chose là on va la nettoyer puis l’emmener à la radio et alors ils m’ont emmené dans la baraque … les médecins parlaient entre eux il dit Corinne mais ce n’est pas un homme il n’a même pas de barbe c’est un enfant alors j’ai dit non non je suis pas un enfant je suis un soldat mais je je veux pas aller je veux pas aller je veux pas aller bon bon mais t’es français j’ai dit non non mais tu le parles très bien j’ai dit moi je l’ai étudié mais ça me permets de savoir où je vais mais je veux parce que ma mère et ma soeur sont dans l’autre camps si ah elles vont vers Orléans alors ne t’inquiète pas on ve te faire une fiche comme quoi on t’emmène à l’hôpital pour te faire la radio et on va s’arranger pour que t’ailles finir à l’école on va te faire un pansement on me remplit la tête de mercurochrome de coton et tout ça j’étais comme l’homme invisible j’arrivais plus à me regarder moi-même (rires)dans la glace alors ils m’ont mis dans l’ambulance ils sont partis et au lieu de m’envoyer à l’hôpital ils m’ont emmené à l’école où on concentrait toutes les femmes et les enfants comme ça et alors il y avait un bonhomme un di un dirigeant comme ça du secours populaire que il en arrivant il a dit euh c’est pour euh j’ai j’avertis j’aver il me parlait petit nègre vous pouvez me le dire en français je vous comprends très bien ah beh alors tu es français mais ta ta mère et ta ta soeur sont pas là je vais les appeler alors ils les a appelé quand elles sont arrivées qu’elles m’ont vu comme ça elles croyaient qu’ils m’avaient bastonné les gendarmes et les autres puisqu’en on nous a séparé j’avais rien que des croûtes et tout ça alors elle dit qu’est-ce qu’il t’on fait qu’est-ce qu’il t-on ne dites rien ne dites rien il faut se préparer pour partir on va vers Or vamos via Orleans si y yo soy el hijo al pasar quien es Mathilde duna su hija y su hijo et rien de plus et alors il marquait trois le fils la fille et la mère ils nous ont mis dans le train et on est parti vers Orléans alors ça m’a sauvé des camps de concentration déjà au départ quoi que j’étais promis à y revenir par la suite et alors à à Orléans beh étant donné que je parlais bien le français ils ont été très content de m’employer comme interprète et eux en plus de s’occuper de nous ils s’occupaient de ceux qui étaient dans les camps alors ils passaient des affiches où ils disaient où êtes-vous donde estais et où êtes-vous traduit en français pour donner l’adresse bon ça bon un fils vous réclame qui se trouve à Orléans à tant et après la la le soir le courrier arrivait moi je devais le lire pour ceux qui étaient repérés dans les camps et un jour je reçois la lettre de mon père qui était content que j’avais fait cette démarche et qui qui m’avait lui lui m’envoyé dans la lettre l’adresse de mon frère aîné qui était dans un camps de concentration à Barcarés lui il était à Argelés-sur-mer et mes petits frères étaient au couvent de Monsac en Dordogne chez les soeurs de la charité alors moi très heureux j’ai dit ça va on est tous sauvé j’étais content même que même j’étais content que ma mère soit décédée avant de passer la frontière parce qu’on voyait la quantité de femmes qui devenaient folles de ce qui se produisait encours de route hein alors j’ai dit ma mère ne l’aurait pas supporté ça fait que euh à Orléans on nous employait tous pour des services auxiliaires de euh le courrier les repas la distribution de pain et tout ça et à côté de le de la salle des fêtes d’Orléans où l’on nous avait reçu il y avait les pompiers et les pompiers c’était c’était ceux qui dirigeaient la résistance en France déjà contre le les collaborateurs qui préparaient l’invasion de de l’Allemagne alors yyyy ils nous traitaient très bien ils s’occupaient de ramasser du linge des affaires pour nous habiller et pour et puis lui il composait des colis parce que le préfet du Loiret a été fusillé aussi parce qu’il avait fait les les brigades internationales en Espagne et alors quand les allemands sont rentrés ils l’ont fusillé lui aussi mais lui il faisait que du travail pour les camps en notre faveur et il est venu nous voir il a dit bon là vous êtes provisoirement installé là la salle des fêtes on en a besoin aussi pour donner des spectacles alors ne n’oubliez pas nous faisons tous ce que nous pouvons pour vous aider mais ici nous ne sommes que 76% des gens de gauche il y a les autres alors n’oubliez pas que vous êtes sur le qui vive parce que se sont des gens des provocateurs qui viennent pour essayer de vous faire expulser tenez compte de ça et nous on fera le reste on est entrain on vient d’acheter une verrerie au ? que c’est une verrerie désaffectée mais qui était à l’abandon alors il va falloir la nettoyer alors nous vous demandons d’ores et déjà des volontaires dans les jeunes que vous êtes quand même eux valables pour nous aider à nettoyer ça sortir les les verres charger les camions parce que y’a les français manquent aussi de main d’oeuvre parce que les soldats sont sur le front voilà alors vous allez nous aider et nous on vous fera une bonne situation à Orléans parce que nous sommes plus nombreux nous sommes plus nombreux à vous aimer que ceux qui vous détestent alors là vous êtes à l’abri et c’est vrai on a passé là comme si il n’y avait plus le guerre ni rien et puis ils nous employaient à travailler pour qu’on gagne de l’argent et nous de l’argent on ne vous en donnera pas tout ce que vous voulez des timbres on vous donnera des cigarettes ceux qui fument deux par jours pas plus … et puis on vous donnera du travail payé pour que vous pussiez vous faire des économies pour aller au bal inviter les mademoiselles et tout ça et moi ça m’arrangeait beaucoup parce qu’il fallait pour nous c’était de l’argent et moi euh ce qui ce qui me rendait le plus ?? de colis pour les camps payé par eux alors il m’était des du linge des chaussettes des tricots de corps des des tricots de laine et de la nourriture alors ils les envoyaient dans les camps où ils avaient les adresses et mon père m’avait écrit en disant qu’il avait reçu le colis et qu’il me remerciait de les avoir envoyé parce qu’il les envoyé en notre nom et nous on savait pas alors j’ai dit moi j’étais pas au courant mais tant mieux il disait ça nous aidera à survivre parce que la nourriture dans les camps est très mauvaise même l’eau est mauvaise et on en donne très peu alors je te remercie tu fais ton rôle de chef de famille et alors ça s’est passé comme ça et puis bon on a on a été réparé des des pavillons de château sur le Loire parce que les propriétaires était un juif … que lui ce chiffre ce juif il était pour les républicains espagnols alors lui il dirigeait le centre de la verrerie où l(on nous avait cantonné alors il nous envoyait faire des travaux comme ça en payant et comme il manquait de main d’oeuvre partout en France c’était tout … le travail au noir ça fait que nous étions payés bien nourris et on ramassait de l’argent quand les allemands ont commencé à attaquer la France hein nous étions encore à la verrerie mais à ce moment là il fallait la quitter parce que les gens commençait à partir du fait que la guerre approchait déjà d’Orléans ils étaient près de Paris … et moi ils m’ont employé dans un dans un quartier de de militaires pour pour hein on m’a sorti de ce centre d’hébergement de la verrerie pour me donner un emploi de cantinnier dans les 8ème chasseurs de cavallerie à Orléans et dans c’est 8ème de chasseurs la cantine était tenu par un corse qui avait été gazé à la guerre de 14 et par ce gazage des poumons il avait le privilège d’avoir un poste de cantinier dans l’armée cet homme euh par le fait que j’étais un réfugié républicain espagnol et que lui il était pour la république espagnole et qu’il avait beaucoup lutté et la république en a en en envoyant des volontaires qui ne savaient pas quoi faire il a dit allez aider les républicains espagnols si vous voulez que la France ne soit pas envahie et puis euh – il avait raison – il était dans le vrai et alors ce gars là il il me logeait et j’étais destiné à la cantine des soldats puuisque la cantine elle est la cantine les bars et les officiers d’un côté les soldats de l’autre et les soldats bein beh c’était très bien mais ils prenaient que du vin rouge chaud hein et des casse-croûtes et puis ils étaient pas aussi fortunés alors les pourboires étaient pour moi mais ils étaient plus petits mais lui il me payait quand même parce que moi j’étais obligé d’aller à la charcuterie prendre les pâtés pour faire les casse-croûtes à la boulangerie chercher du pain tout ça et les croissants pour le matin et un jour il me dit tu sais je veux te punir j’ai dit pourquoi qu’est-ce-que je vous ai fait monsieur monsieur Giovanni il dit non je veux te punir parce que je je je veux t’envoyer chez les officiers et là tu seras moins libre de parler fait attention ne parle pas comme tu parles avec les soldats parce que tous les officiers ne sont pas du même côté alors euh mais t’auras les pourboires plus gros parce que les officiers sont plus riches et tu gagneras davantage d’argent ça c’est c’est comme vous voulez c’est vous le patron et bon alors (sonnerie de téléphone)il va passer dans la salle (sonnerie de téléphone) excuse moi ce ce fait euh je travaillais pareil mais les boissons n’étaient pas les mêmes ils prenaient beaucoup d’apéritifs des truc comme ça et les ^pourboires étaient plus gros je gagnais beaucoup d’argent et j’étais content parce que je pensais à ce qui à ce qu’il fallait on le sentait tout le monde en parlait les allemands allaient arrivé et bientôt et quand ils ont annoncé que ils allaient bombardé certainement les ponts de la Loire à Orléans et la Loire euh Orléans c’était un cul-de-sac pour sortir d’Orléans vous ne pouvez pas y aller directement ni sur Paris ni sur le centre il fallait il fallait l y a un train à la gare d’Orléans qui allait d’Orléans à Paris et de Paris à Orléans maintenant on ne passe plus le pont pour aller vers Vierzon et ou Saint-Pierre de Cors ou comme ça où la gare des Aubrets et alors si on coupait les ponts on était dans un cul-de-sac et il y a un jours un officier qui a dit bon euh on doit on doit vous signaler une chose si les allemands arrivent à percer que je pense malheureusement qu’ils réussiront les personnes les plus en danger ce sont les juifs les républicains espagnols et les résistants alors vous savez ce qui vous restent à faire ou vous les attendez ou vous allez sur le front pour tirer contre eux alors décidez-vous voilà ce qui arrive et alors le monsieur Giovanneli il m’a dit à la le soir au souper il dit et petit on va partir nous et comment va ta ma petite ma petite restringale … avec la famille il y a plus de place que pour le colis que je mets en haut je ne peux pas t’emmener je le regrette beaucoup alors tu va t’en aller d’ici le plus vite possible parce que toi tu seras une des premières victimes nous on est déjà au courant ils font la chasse aux rouges espagnols et tu es considéré comme un rouge espagnol fils d’un républicain alors il faut que tu t’évades vers Perpignan il m’a dit si tu as la possibilité d’arriver à Marseille à Marseille moi j’ai des combines pour passer en Corse alors tu vas là-bas l’adresse que je vais te donner tu te présentes tu m’attends je dis non non monsieur Giovannelli moi j’ai mon père à l’hôpital il faut que j’aille avec mon père en plus j’ai des enfants dans un orphelinat moi je ne suis pas en vacances je peux pas abandonner la famille mes enf mes petits frères ils dépendent de moi mon père étant dans un camps de concentration mon frère aîné aussi ils n’ont que moi pour se sauver moi je peux pas m’évader il dit mais tu vas quitter Orléans parce qu’ils vont faire des massacres pour couper les ponts et t’es en danger alors passe le pont et va t’en vers Vierzon et à Vierzon tu pourras prendre un train qui t’emmènera vers le Sud si t’arrives pas à à Marseille tu tu t’en vas vers Perpignan vers ton père comme tu veux et c’est come ça qu’on a fait on a on a pris le chemin à pied évidemment vers Vierzon parce qu’il n’y avait plus de transport et il y avait déjà la troupe qui évacuait les blessés et tout ça qui occupait les 3/4 de la route et sur un petit couloir ils laissaient passer les civils

Voilà, voilà, voilà!!

Angel: Voilà, nous sommes donc à Bordeaux et après avoir fait plusieurs actes dans les tunnels de Bordeaux parce que l’aviation bombardait le quartier de la gare euh ils ont finis par abandonner, ils sont partis sans touchés la gare, ils ont touchés les alentours, l’école des beaux-arts et tous ça, quelques bombes qui sont tombés à droite et gauche, et il y a eu les trains qui pouvaient partir en direction de Perpignan tu vois?!! Et alors euh, oui parce qu’il y a, il y a (chuchotement) et moi je paye un train en direction de Perpignan pour rejoindre mon père et je suis arrivé à Perpignan et je gère, directe à l’hôpital et quand euh il m’on vu arrivé ben « ah » et (bruit d’une porte)

Oumar C’est bon c’est bon c’est bon…

Voix de femme: Ah oui oui… Allez-y

Oumar : C’est bon c’est bon madame, ne bouge pas c’est bon s’il te plait (bruit)

Angel: Alors évidement quand euh y’ avait la y’avait la garde, parce que même étant à l’hôpital, on était gardé, on ne pouvait pas sortir, c’était une pression hôpital et bon les d d d…
_ « Qu’est-ce que vous voulez? »
_ J’ai dit: « Je viens voir mon père qui est malade ici »;
_ Il dit: « Ah oui, et t’où tu viens toi? »;
_ J’ai dit: « Ecoutez-moi, moi je viens du Nord, les Allemands euh m’ont bombardés et moi je veux pas qu’il me tue, moi je voulais voir mon père, je suis arrivé jusqu’ici, alors je voudrais bien si ça vous à… dérange pas que je puisse le visiter »; Eh ben, il me dit: _ « Non non non!!!!, et qui est ton père? »,
_ j’ai dit: « C’est Monsieur Villar, il est venu ici pour qu’on l’opère de la prostate, d’après ce qu’il m’a dit et après il l’on gardé comme sanitaire »;
_ « Ah bon, alors il est pas malade alors, il il est employé ici »,
_ J’ai dit: « Enfin, il m’a dit qu’il était sanitaire, qui l’avait gardé en qualité de sanitaire »;
_ Il dit: « Bon euh vous savez pas dans quel service il est? »;
_ J’ai dit: « Ah Oui, il est dans le service Perrens!! »;
_ « Ah bon bon ben alors rentrez, et vous et vous tournez à droite et vous allez au bureau, ils font vous emmenez ».
Alors les infirmières, quand euh ils m’on vu arrivés, euh il dit: « baraguine »
_ J’ai dit: « Je suis le fils de Monsieur Villar, – de Monsieur Villar
_ « Et vous parlez le français comme ça? si bien? »
_ J’ai dit: « Oui parce que mon père m’a envoyé à l’école, je l’ai appris en Espagne, je faisais le baccalauréat là-bas « 
_ « Oh quelle chance, restez-là, restez-là, vous partez plus d’ici vous, ce qu’il nous faut c’est un interprète, parce qu’on n’ arrivent pas à s’entendre qu’est-ce qu’ils ont, qu’est ce qu’ils n’ont pas, et comment ils doivent se soigner tout ça!!! Oh vous c’est dieu qui vous envoie, vous bougez plus d’ici. »
Bon oui alors la la doctoresse, c’était une assistance Polonaise, qui s’appelait Madame QUICHARQUERE, et qui était une femme très forte en médecine et alors elle avait gardée aussi en menant du camp de Gurs dans une épidémie de typhoïde et après elle était restée là-bas et alors elle euh elle est venue de suite: « Qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qui se passe »;
_ J’ai dit: « Oh qu’est-ce qui on? »
_ « On a un cadeau de dieu, on a un cadeau de dieu » (petite rire de Angel), « il parle, il parle l’espagnol, il parle le français, il parle le catalan, il parle le gallego, vous voyez, un gosse comme ça!!
_ J’ai dit: « Ah non, j’ai dix sept ans », je disais: « Je suis je suis pas un gosse, j’ai fait la guerre volontaire… »
_ « Bon bon, l’essentiel c’est que tu nous l’explique en français tout ça, ouh!! qu’est-ce qu’on va parler de tout ça avec toi !!! » bon qu’est-tu veux, je viens voir mon père ah oui excusez nous, on avait tellement de joie de te recevoir comme ça bein ton père est à est à la salle d’opération avec un malade qu’on opère et il attend qu’il sorte pour l’emmener dans … mais lui, c’est pas lui qui opère bine tant que le docteur l’opère tu vas pouvoir parler avec lui
Et alors là mon père il a était surpris de voir arriver comme ça, mais là où il a était le plus surpris c’est de voir que dans mes chaussettes sales, j’avais beaucoup d’argent, parce que j’avais travaillé comme garçon de café à Orléans, cantinier et tout les emplois que l’on nous faisait faire à Orléans, le directeur euh du centre, nous payait, parce qu’il disais je ne vous déclare pas parce qu’on travaillait pour lui, parce qu’il était propriétaire de de plusieurs petits châteaux sur le bord de la Loire, c’était un juif, il était quand même un juif anti-allemands, parce que Maria, nous protège beaucoup, et alors bon ça fait que euh mon père il a euh co comment co comment t’a eu l’idée, parce que je voulais pas mourir, ils nous bombardaient à nouveau comme quand on est parti d’Espagne et à Orléans on a pris la décision avant qu’il coupe le pont de partir, puisque ils étaient déjà près de Paris, et bon je fais voir ce que l’on peut faire, parce que qu’est-ce que l’on doit faire…

Oumar : non c’est bon, c’est bon!!!

Angel: Qu’est-ce que l’on doit faire pour pour les petits, parce que mes petits frères étaient dans un couvent dans la Dordogne, que la République les avait évacué pour ne pas qu’ils soient bombardés et en Dordogne dans un couvent, on les avaient accepté, par le, par le secours populaire qui les suivaient dans des centres comme ça et bon…, moi j’ai dit: « Qu’est-ce qu’on peut faire »;
_ Il dit: « Ecoute euh, euh je vais leur en parler puisque ils me disent que tu restes là!!!, alors c’est qu’il te garde?!! »
_ J’ai dit: « Oh!! il parait qu’elles sont très contentes d’avoir un interprète »;
_ Il dit: « Oh déjà il t’on nommé interprète (petite rire d’un homme), mais c’est une c’est une chance que tu sois arrivé là, alors ça va être, ça va être bon pour nous!! »
J’ai dit: « Bon, beh alors qu’est-ce que je dois faire »;
Il dit: « Rien!!, tu tu demandes à à la doctoresse qui est chef de service Madame QUICHARQUERE, que tu que tu restes au service de de euh des opérations, du bloc opératoire, parce que c’est qu’il y a des plus…, de plus des problèmes avant de préparer les gens pour les opérés, pour qu’il n’est pas peur, pour « ;
J’ai dit: « Bon et alors!! »
Le quand ils ont sorti, l’autre, mon père est parti, il dit: « Je le mets dans le dans le lit?, et je reviens, je descends ici!! »
Alors on était là, alors la doctoresse, elle disait: « Et lui, il plus intelligent que vous tous, plus intelligent, alors là il va rester là, y restera avec vous ne vous inquiétez pas, on vous le vole pas!!! Mais c’est ce qui nous manquait pour pouvoir faire du bon travail, bon, alors je suis resté à ce à ce service là et je n’avais pas, je n’avais pas d’heure euh quelques les autres ils avaient huit heures euh de service pour euh parce qu’il y avait une épidémie au camp de Gurs de typhoïde et ils emmenaient ceux du camp d’Argelès et du camp de Gurs, les camions de va et vient, pas d’ambulances hein, des camions hein entassés sur des bancs ou par terre dans et bon… euh

Oumar Et où où se situait le camp de Gurs?

Angel: Le camp de Gurs c’est dans la le…

Edouardo : Dans le à … Basses-Pyrénées

Angel: Dans les Basses-Pyrénées

Oumar: Donc on les emmenait ici?

Angel: Et… non à Perpignan, tous ça c’est à Perpignan

Oumar: A tout ça c’est à Perpignan, ce n’est plus à Bordeaux, à d’accord!!

Angel: C’est ce que je te dis. Nous les Perpignans, c’est pour ça que je l’avais embarqué… De Perpignan, je suis parti à Perpignan depuis Bordeaux!!

Oumar: D’accord!!

Angel: J’ai pris le train…

Oumar: Donc vous êtes arrivés à Bordeaux et puis vous êtes partis à Perpignan?!! Ah d’accord!! et tout ça ce que vous venez de dire ça se passe à Perpignan

Angel: Tous ça je te l’ai dit

Oumar: D’accord!!

Angel: Tu le liras!!

Oumar: D’accord!!

Edouardo: Orléans, Bordeaux, Perpignan!! Voilà!!!

Oumar: Voilà!!!

Angel: Et alors, à ce à ce moment là, et moi j’étais disponible à tout moment il fallait que je sois dans la salle de de garde quand quelqu’un arrivé pour faire l’interprète, mais je n’avais pas de service pénible, alors je savais que euh j’avais aussi euh le soir je finissais avant les autres quand le service de euh chirurgien et tous ça s’en aller, y’avait plus que une personne pour les urgences mais pas pour les urgences graves parce que si c’était urgent grave il mourrait dans la dans les salles en haut, c’est pour ceux que l’on pouvait soigner le lendemain, on le nettoyait, on le préparait mais toute… toute la nuit après le service, on était réuni dans une salle avec des d’autres sanitaires, de là-bas de l’hôpital parce qu’on était toujours en train de racontait ce ces misères les uns aux autres, et tu n’entendait que ça: « Sanitaire, sanitaire », le quatorze, alors le quatorze c’était ou bien le treize, ou bien le quinze qui appelait, sa voulait dire le quatorze est mort, alors comme on voulait pas passer la nuit avec un mort à côté, il fallait l’évacuer et le descendre en morgue et toute la nuit on ne faisait que ça, descendre l’un descendre l’autre, et faire de place pour ceux qui arrivaient, alors on les descendait à la morgue, ils les mettaient sur… la morgue, c’était euh le le couvent, l’hôpital était un ancien couvent, alors il y avait les salles et après il y avait l’église où c’était les dortoirs pour le personnel, sanitaire et autres; après il y avait la cuisine, et après il y avait le confessionnal, le confessionnal servait de dépotoirs pour les c…pour les cadavres. Alors on les entassait là dans des chevalets sur avec des des planches, un dans chaque planche et le matin il y avait un camion qui arrivait et qui, il les montait puis il allait les enterrés, nous où, on laissé personne disait rien, mais il y avait un service euh d’état civil qui venait, qui répertoriait les numéros des des cercueils et puis ça y est c’est c’est déjà emmené, et moi j’avais fait une poésie en espagnole que j’avais tra… en français sur ça!!!, sur l’évacuation des morts et comment les gens ils se demandaient euh qu’est ce qui se passe encore encore, tous ces camions de morts mais qu’est ce qui se passe, il était au camp au coin, il a dit: « Non c’est des malades, ils viennent mourir ici, (bruit) c’est c’est une épidémie

Edouardo : C’est c’est c’était des espagnols ou y avait de de différent pays?

Angel: Il y avait des espagnoles, y’avait des juifs aussi y’avait parce que

Edouardo : (Bruit bizarre). Des des juifs, des espagnoles, mais les juifs venaient de quels euh de quels pays?

Angel: Non euh ils venaient de France, ils venaient de France, ils étaient français dit Edouardo, français, il y avait des polonais

Edouardo : C’était c’était en quarante, c’était pas l’occupation n’était pas encore arrivée?

Angel: Si si mais c’était pas encore dans l’occupation, c’est qui avait pas c’était les nations, le partage de Allemagne, il n’y avait pas la zone libre, et la zone occupée, et ces hommes là étaient dans les camps enfermés avant que les Allemands arrivent à Paris déjà, c’étaient les français qui les arrêtaient

Edouardo : Alors c’était c’était des juifs étrangers,

Angel: des juifs étrangers Oui parce que moi j’en avais un qui qui…

Edouardo : C’était des juifs allemands, des juifs polonais? des juifs euh de de d’autres pays?

Angel: Moi j’en avais deux avec lesquelles je je parlais comme ça parce que euh y’en avait un coup, ils étaient un peu, est-ce que c’était parce qu’ils avaient faim ou quoi!!!, mais ils étaient vraiment des des des gens écœurants hein!! et et si ils pouvaient, ils te volaient le pain de celui qui était plus plus malade, ils le volaient pour le manger ou ils viennent d’échanger contre euh contre euh des cigarette, un truc comme ça, ils faisaient des des des trucs dégueulasses mais ces deux là, ils étaient pas très bien établies, ils expliquaient pourquoi ils les avaient arrêtés et ou on les avaient arrêtés, ils étaient là et puis un beau jour, ils disparaissaient, ils venaient ils les a ils les déportaient quoi!!! Ce cela ils ils partaient pas pour mourir parce qu’ils étaient en bonne santé, mais ce qui avait le plus c’était des du camp d’Argelès, des espagnols, on avait trois étages avec quatre files, parce que les salles, c’étaient les salles de couvent qui à les les elle faisait je sais pas cent cinquante mètre, et y avait quatre rangées, une contre le mur et une autre contre une palissade en bois qui coupait la salle en deux, et là il y avait le couloir de circulation et là il y avait une file de lit, d’un bout à l’autre, une autre, une autre, une autre… et il y avait quatre rangées, il y avait trois étages de dortoirs de malade alors..

Oumar: Cent cinquante mètres carrés, ça a du nombre

Angel: ça circulait hein, oui oui!!! Et bon…

Edouardo: C’est c’est c’était souvent des des des gens de l’armée républicaines, ou il y avait de tout (bruit), des enfants, des femmes et tous ça?

Angel: Non jamais, il y avait surtout des hommes

Edouardo : Des hommes Angel: Parce que les femmes, elles étaient destinées à une autre euh je crois du côté de Rivesaltes par là quoi, moi j’étais pas au courant, mais si y’avait que des hommes, la plupart c’était des blessés, de la guerre d’Espagne dont les blessures s’étaient infectées et ils les emmenaient pour leur couper la jambes, ou leur couper le bras ou leur couper la main, ou … et d’autre qui arrivaient tellement infectés qui arrivaient pour mourir.

Oumar: Mais donc les femmes, les hommes, les enfants sont toujours séparés

Angel : Toujours séparés, toujours, toujours, tous ceux qui allaient à l’hôpital cette nuit de Perpignan c’étaient des hommes, des hommes qui venaient du camp des hommes et les femmes et les enfants étaient ou soigné sur place par le secours populaire dans des baraques de sanitaire, ou alors envoyés du côté de Rivesaltes, et euh comment on les traitait ça j’en sais rien parce que c’était…, mais enfin il il en mourrait beaucoup et d’autres arrivaient sans cesse ça fait qu’on avait même pas le temps de lié d’amitié ni rien, mais on se on s’occupait d’eux, on les nettoyait puis on les descendait et moi y’a y’a y’avait tellement à descendre que moi les copains ils disaient: « Aidez-nous, quand même euh parce que ça crève quatre étages, y’avait pas d’ascenseur et il fallait les descendre dans des brancards » et c’est là que qu’ils te font la première euh la première blague, euh que c’est dégueulasse mais c’est comme ça, alors il m’a il m’a il m’avait demandé de descendre un mort, et le mort tant qu’ils ne sont pas rigides si tu les attaches par derrière un brancard le ventre et que tu serres, tu retient la tête contre les bras du brancard, hein? et après les pieds, alors il reste en position horizontale mais il y a une pression, et un gaz qui se fait que quand tu le sors pour le mettre sur la planche, celui qui est derrière, coupe la corde de la tête et alors le mort s’élève: « Grrrgrrr!!! » (Angel fait le bruit du mort), avec un bruit du gaz, (petit rire d’Angel) un cri posait qui est comme ça!!! et (petit rire d’Angel) il se lève, et moi qui avait une peur de la mort terrible, ils me font descendre le mort comme ça et ils me font ça, ils disent que c’est le baptème, alors t’inquiète pas on va t’expliquais comment ça se passe, mais toi s’ayez tu es passé!! J’ai j’ai fait tombé le mort, parce que j’ai lâché le brancard, je suis parti en courant en oubliant que au milieu de la porte il y avait une gros chaine très très … je me suis cogné la tête contre le chaine et (petit rire d’Angel) après on m’a emmené (petit rire d’Angel) pour me faire un pansement, alors c’est-à-dire comment ça s’est passé après la doctoresse elle leur a interdit de me faire faire la le service de nuit, il travaille assez pendant la journée pour vous rendre service pour qu’on s’entende avec vous alors vous allez foutre la paix et puis vous vous le laisser sous mes ordres, il fera ce que moi je dirais, alors ça fait que j’avais beaucoup d’heure libre, alors j’avais trouvé une astuce de nous faire sortir par derrière, par où partait le personnel parce que y’avait des militaires français, le le capitaine s’appelait Corroné, Pé Péronné et c’était un docteur hein!!!! et il avait il avait avec lui sa fille qui fréquentait un docteur espagnol comme ça, et cela partait en ville, ils avaient le droit de sortir de l’hôpital le soir, et alors il m’on fait un passe pour que moi je puisse aller me promener et visiter Perpignan et tout ça, alors que il disait et va pas il va pas s’enfuir, il est venu venu de lui même, il est très bien ici avec son père alors quand même qu’il en profite que alors je sortais de l’hôpital et les autres m’ont dit: « Tu sais on va gagner de l’argent, parce que Perpignan, il envoie des fruits partout dans la France, alors y’a des camions qui la ramasse, le verger catalan, et nous on va là-bas on les sort des des camions, les plateaux et on les mets dans les wagons parce qu’on les expédie par train, et alors tous ça on est très bien payer, parce qu’il te paye aux plateaux, et c’est pas des carrés, alors on se fait du pognon et puis quand on aura la possibilité parce que te temps à autre on nous donnait une permission de sortir l’après-midi, pour aller en ville, boire un coup comme ça », il dit: « On ira manger à à Perpignan et on ira faire la fête et tous ça!!! », et moi je disais: » Non, non parce que moi j’ai besoin de beaucoup d’argent, j’ai cinq frères et sœurs dans un dans un orphelinat, et je veux avec mon père, les sortir de là, et si on peut acheter une petite maison ou la louer à Perpignan alors il me faut beaucoup d’argent hein!! Alors moi je veux bien aller avec vous », il dit: Non non mais c’est c’est tolérer parce que comme il manque de main d’œuvre, parce que y’a beaucoup de français prisonniers, déjà des allemands et comme il manque de main d’œuvre, ils te contrôlent même pas hein!, alors au contraire ils sont bien contents qu’on y aille, alors on déchargeait les les des plateaux de camion vers les wagons et ils te le comptaient à plateau qui sortait de de camion et ils te payaient deux fois, une fois de camion sur les quais et une fois du quais sur le camion, mais celui qui le qui payait c’était le producteur, c’était pas la SNCF, alors lui il comptait un plateau, lui il comptait deux, parce qu’il savait que alors ça fait qu’on se faisait de l’argent et mon père il était très content parce que c’était lui qui le gardait, c’était pas moi. Bon ben et et le temps passait comme ça, alors un beau jour…

Edouardo : Ca c’était mille neuf cent quarante, quarante et un?

Angel: C’était en mille neuf cent quarante et un déjà!!! Et des… sur ces entres-faites, on reçoit une lettre à l’hôpital euh de la directrice du couvent dans la Dordogne, et la Dordogne s’est trouvée en zone libre, en zone occupée, c’était après Montpon et nous on était ensemble les voir à Perpignan, alors ça fait que quand on a reçu la lettre beh la (bruit de sonnette), la directrice, elle nous disait: « Je vous donne une mauvaise nouvelle, je suis obligée de me défaire de bons enfants, parce que le gouvernement espagnol, les a réclamé au gouvernement français, et le gouvernement français à l’ordre des allemands de les remettre à Franco, alors étant donné que malheureusement, vos enfants ne sont pas baptisés, je ne peux pas les mettre sous la protection de Dieu, parce que mes supérieurs ne me le permettent pas, moi les enfants je les adorent, je je les ais reçu ici petits et puis déjà deux ans ensemble ça ça fait beaucoup de lien et tous ça, mais je ne peux rien faire à moins que vous me fassiez une autorisation d’adoption provisoire, faite par un notaire et que vous me l’envoyer à ce moment là, moi je les adopte, je les baptise et je les met sous la protection de Dieu et mes mes supérieurs ne pourront rien contre moi et je n’ai pas à m’en défaire, alors c’est à vous à décider »; alors nous on a dit: « Qu’est-ce que…qu’est-ce que ça fout qu’il soit baptisé ou pas, nous ils sont nés… »

Oumar: Il survit

Angel: Ils sont nés pendant la République, on les baptise pas, on a été, on n’a pas été baptisé, mon père était un dirigent socialiste et il avait ces opinions et puis ben et puis c’est tout, et alors euh, la la sœur disait, il faudrait euh me l’envoyer le plus vite possible, parce que se sont des rafles d’urgence c’est ça!! alors nous on est allé voir la résistance, c’était des pompiers qui qui l’a dirigé à et les les pompiers nous on invité, mon père et moi, tous les dimanches à manger la paëlla, il faisait la paëlla et ils nous invitaient

Oumar: Ca c’est les pompiers français hein? les pompiers français!!!

Angel: Oui à Perpignan!! Et de ce fait, beh nous on avait des bonnes relations avec eux, parce que euh eux aussi ils avaient la religion dans la résistance de ce qu’était mon père, ce qui l’avait fait et alors bon ben on était là, et on leur porte cette lettre il dit: « Ne vous inquiétez pas, ça c’est ça c’est facile à faire, on va voir un notaire que nous connaissons, il va faire une autorisation en bonne éduforme avec une lettre de la résistance mettant la sœur dans la responsabilité de ses enfants, quoi qu’il arrive à ses enfants, comme elle les adopte, elle les protège, c’est elle qui en répondra, alors comme ça vous ne risquez rien, vous pouvez le faire, seulement cette lettre ne peut pas partir par la poste, il faut que quelqu’un l’apporte et comme le seul qui parle le français ici, c’est votre fils, ça sera votre fils »; Il a dit: « Oui mais si s’il se fait », il dit: « Ben ne vous inquiétez pas, nous on est habitué à passer du monde d’un côté de l’autre et on sait avec les cheminots que ça se passe très bien, il y a jamais eu de problème, là , le tout c’est que lui il sache ce qu’il doit faire et qu’il sache à quelle sœur il doit se trouver à quel endroit ou à tel autre Bon alors ils ont fait la lettre et moi je suis parti, je suis parti en zone libre, sans sans autorisation parce que, avec autorisation c’est..

Edouardo : Tu tu tu tu es venu de Perpignan à Bordeaux, enfin à Bor…

Angel: De Perpignan je je suis allé notamment à Montpon

Oumar : A Montpon

Angel: A Montpon!!

Oumar: En Dordogne

Angel: Montpon en Dordogne c’était la ligne de démarcation, je suis allé par Périgueux, Périgueux-Montpon et bon à Montpon on passait la frontière, mais avant de passer à la frontière, il me disait: « Avant d’arriver au passage à niveau, de ravitaillement de la locomotive, nous on s’arrête, on a un prétexte pour s’arrêter on arrêtait, y a une coupure et qu’on a une halte et à ce moment là tu descends, parce que il avait un truc de de réservoir d’eau, il était divisé en deux, il y avait une cloison où il y avait une personne qui pouvait y passer debout et quand il avait à passer quelqu’un, il passait là et cette porte était contre un un plateau de de de briquettes de de charbon, qui s’est fermé contre l’autre porte, alors quand euh quand ils montaient dans le train, les allemands pour contrôler les wa… les charges et tous ça, pour voir s’il y avait quelqu’un, ça cette cache il la connaissait pas, parce que l’alimentation de l’eau se faisait d’un côté et moi (petit rire d’Angel), j’étais de l’autre, et c’était assez froid mais ça sa dure un quart d’heure mais a a la halte alors bon je descend là et là y avait un gars qui ravitaillait le couvent, en… en légume en fruit, en… la nourriture du couvent, et il se présentait là parce que comme il a, s’il savait où au moment de charger, ce qui passait il dit: « Et qui qui qui s’appelle Villar ici? », on était trois, alors j’ai dit: « C’est moi!!! », il dit: « Ah bon, toi tu viens avec moi, vient!!!, on va porter des ravitaillements pour ces gens là qui qui crèvent de faim »; et alors dans le camion il me dit: « Euh euh… Moi je ravitaille le couvent, alors tu vas là-bas pour porter quelque chose?, moi je ne veux pas savoir quoi, mais c’est que il faut que tu saches c’est que tu n’as que quatre heures hein!!!, même si si tu veux rester là, je sais que t’ as tes frères et tes sœurs là-bas, puisque je les connais, je vais souvent au couvent, alors tu iras les voir et puis et à quatre heures il faut, il faut qu’on soit ici hein!!! autrement après c’est trop trop risquer de passer parce que la garde de nuit, euh elle tire sur tout ce qui bouge, il te demande même pas ni ce que c’est, ni où tu vas »; j’ai dit: « En plus comme tu n’as pas d’autorisation de passage, bon alors »; il je dis: « Bon alors »… je dis bon: « Moi je moi je ferrais ce que vous me direz, moi je sais que je dois remettre les papiers à la sœur et puis c’est tout

Oumar: mais l’autorisation de passage donc c’était de passer d’une zone à l’autre, et d’une zone à l’autre

Angel: Et et à la gare, à la gare…

Edouardo : Zone libre, zone occupée

Angel: Oui de la zone libre à la zone occupée!

Oumar: et c’est qui qui délivrait ces papiers? ces laissé-passé ?

Angel: C’était la kommandantur c’était le le commandement allemand et en zone libre, il fallait le solliciter à Vichy qui le demandait aux allemands

Oumar: Donc c’était les Allemands qui décidaient de tout, libre ou pas libre…

Edouardo : Oui mais c’est c’est c’est la zone libre, c’était une fiction

Angel: Oui!!

Edouardo : C’était une fiction parce que bon le gouvernement de Vichy était aux ordres de de de de la même occupation de la même occupation, donc bon euh c’est tout même la police ici était aux ordres de si la la si la la si la la… même occupation disait il il nous faut euh deux cent de de deux mille espagnols qui sont dans un camp pour venir travailler en zone occupée, il faisait une rafle de deux mille espagnols, il les emmenaient en zone occupée, si il disait y’a un tel un tel un tel un tel euh même français, qui qui ne qui faut arrêter les les les la la police de Vichy les arrêtait

Angel: Il les arrêtait, va savoir pourquoi!! Alors ça fait que nous parce que à à Montpon c’était la gare, et on passait d’un côté à l’autre c’était la commune frontière, alors on montait, c’est pour ça que moi je devais descendre avant la gare de Montpon pour passer le le ruisseau de la Dordogne et alors à ce moment là de l’autre côté, il t’a il terminait avec son camion, il fallait que tu reviennes avant pour repartir avec la même combine, parce que moi j’avais pas droit d’être ici, je pouvais pas l’avoir, du faite que j’étais en zone libre et que j’étais dans un camp de euh sanitaire espagnol, d’un malade espagnol quoi!!

Oumar: Rouge!!!

Angel: Comment je peux survivre, et il est rouge espagnol pour les allemands parce que il t’appelait pas espagnol, « Roja espagna », rouge espagnol et si tu étais de côté de Franco et que tu venais travailler pour eux, tu étais free espagna, espagnol libre, et alors s’était différent avec des papiers différents que j’ai ce qu’il m’ont fait à moi, il m’on fait avoir ces papier à Angoulème pour que je puisse naviguer d’un d’un côté à l’autre, donc j’étais rouge euh la nuit (petit rire d’Angel) et libre le jour et libre le jour..

Edouardo : On continue là!!! Tu tu tu tu es tu as été voir tes tes tes frères et sœurs…

Angel: Et je je j’ai j’ai demandé à voir la sœur et y’a la sœur supérieure: « Sœur Godart », ne m’a pas reçu, alors elle a envoyé la deuxième Sœur Joseph euh pour me recevoir, elle me dit: « Vous savez que les les personnes adultes n’ont pas le droit de rentrer dans le dans le couvent, alors vous allez dans la les chambres où dorment vos vos frères et sœurs et puis vous les attendrez là-bas, quand ils auront finis le service »; j’ai dit: « A parce qu’ils font des services? »; hein il dit: « Oui, ici ici tout le monde euh tout le monde doit travailler; alors quand ils auront finis le service, ils viendront vous rejoindre vous resterez avec eux et avant quatre heures de l’après-midi, il va falloir qu’ils rentrent, pour reprendre le service »; j’ai dit: « Non mais moi, je ne peux pas rester plus longtemps parce qu’on m’attend là-bas aussi à Perpignan et moi j’ai du travail, je travaille à l’hôpital tout le temps, je l’ai raconté ma bobine, et bon alors ça fait que j’attendais là et mes frères et sœurs sont arrivés, et on n’a parlé et tout, je lui ai donné à la sœur Joseph les papiers pour sœur Godart, et jai dit… et je crois que je dois avoir une réponse; il dit: « Hein, elle m’a rien dit sœur Godart, mais enfin s’il y a une réponse, on vous l’enverra, on sait où vous habitez dont à l’hôpital, on vous l’enverra à l’hôpital, j’ai dit: « Oh moi je voudrais être sûre, que sœur Godart a reçu ses papiers parce que non seulement c’est urgent, mais c’est assez délicat »; alors il dit: « écoutez ici, nous sommes aux ordres de Dieu et de personnes d’autre, nous savons tous ce que nous devons faire, et surtout sœur Godart, qui est la supérieure, alors c’est pas votre problème, ne vous inquiètez pas!!! hein?!! Estimez-vous heureux qu’on laisse sortir le petit pour que que vous le voyez, parce que nous n’aimons pas les gens de l’extérieur qui viennent perturber nos habitudes et tout ça »; j’ai dit: « Oh je savais pas que c’était si disciplinaire que ça, votre euh service enfin moi je vais voir mes frères et sœurs parce que si vous ne me laissez pas voir, alors je ne pars pas, alors je vais faire du scandale »; « oh oh!!! vous allez partir?!!! » Et donc un moment après y’a une sœur qui vient avec eux, bon elle les emmène à ???, ils étaient heureux et puis moi donc dans la salle…

Edouardo : Alors tu tu tu avais, là il y avait euh tu avais ta sœur, ton frère qu’est-ce que tu avais comme comme euh comme euh co…

Angel: Je t’avais dis…

Edouardo : Non ça fait rien, non non mais écoutes, tu nous tu nous lis…

Angel: J’avais ma sœur, celle qui vient après moi ma sœur, moi…

Edouardo : Qui qui qui avait quel âge? Angel: Mon mon frère ainée, c’était Tomas, il avait dix huit ans, euh à…

Edouardo : Oui mais Tomas Tomas, il était ailleurs Il était à Montpon

Angel: Il était ailleurs, il était à Montpon, moi j’avais dix sept ans!!!

Edouardo : Oui non mais les seuls qui on été frères et sœurs,

Angel : mes frères et sœurs deux ans de moins chacun par rapport à moi…

Edouardo : Tu peux nous donner leur nom et leur âge?

Angel: Moi oui, oui oui sans doute

Edouardo : A peu près, à peu près!!!

Angel: Ben non, bon y avait Es… Esther, donc c’était la sœur ainée, elle avait elle quatorze ans

Edouardo : Voilà et ensuite

Angel: Attend, y’avait Sulima, encore une fille, elle avait douze ans

Edouardo : Douze ans

Angel: Douze ans, et après y’avait un frère Edouard, qui avait dix ans, un autre frère Paul, qui avait… huit ans et l’autre Carmen qui avait six ans et Liberta, la toute petite qui elle avait quatre ans alors, quatre, six, huit, dix et…

Oumar: Ben il était tous dans le couvent?

Angel: Tous, tous ensemble dans le couvent

Oumar: Tous ensemble dans le couvent, ah d’accord, on les a pas séparé…

Edouardo : Et Liberta, ils lui ont pas changé le nom?

Angel: Non non non, il l’appelait Liberta, Liberta, Liberta parce que c’était la croix rouge espagnole qui les avaient évacué euh elles les avaient pris au service populaire et et elles les avaient passés en France, et les avaient amené au couvent avec la la pièce identité que mon père leur avait fait et puis bon ils les ont pris comme ça!!

Edouardo : Donc tu les as vu, tu tu tu les as vu, tu tu tu…

Angel: On a passé quatre heures ensemble là, et puis bon on commençait déjà à à: « Pourquoi tu regardes l’heure? » – « Porque miras a hora? », parce que ils parlaient espagnol, on ne leur apprenait pas le français, alors là

Edouardo : Ah bon, ils parlaient pas français?

Angel: Ils parlaient pas le français, « pourquoi tu regardes l’heure? », il m’a dit; j’ai dis: « Non parce que j’ai une personne qui doit m’emmener avec papa, parce que papa il est tout seul là-bas et puis il est malade, alors il faut que je m’occupe de lui, parce qu’il était en train de faire des démarches pour que vous puissiez venir à Perpignan, on va acheter une petite maison et puis vous allez… », alors y’en a un dehors qui m’a dit: « Tu ne pourrais pas faire, pour voir si on te laisse partir avec Sulima, qui reste avec toi? »; j’ai dis: « Mais pourquoi »; il dit: Parce que Sulima est malade, il est malade… elle est malade des poumons et tousse mucho mucho, et comme elle aime pas la religion, elle obéit pas à la sœur et elle passe presque toutes les nuits dans le dans la cabane du jardin jusqu’à minuit punie!!! Et après on la laisse rentrer au dortoir ». Moi j’ai dit bon les gosses, quelques fois ils racontent des des bobards, et j’ai dis: « Bon, je vais m’en occuper parce que ça il faut demander la permission et c’est y’a que papa qui peut le faire, moi j’ai pas d’autre autorité sur vous, que de venir vous voir et et papa, il voulait venir aussi mais il ne peut pas parce qu’il n’est pas encore bien, il est très faible, alors c’est moi qui vient mais on s’occupe de vous, ne vous inquiétez pas bientôt, on sera tous ensemble. Et en partant quand le chauffeur vient pour m’emmener au pont de passage, j’ai dis: « Michel, qu’est-ce qui se passe avec euh avec ma sœur Sulima? »; il dit: « Oui, je voudrais te faire une note, mais c’est délicat les notes mais il va falloir se mettre à la en contact pour que ton père euh euh… me contacte par par téléphone, c’est c’est plus, plusieurs j’ai dit non mais qu’est-ce ce qui se passe »; « là on est de toi à moi, dis-le moi »; il dit: « Y se passe que elle n’aime pas la religion, elle obéit pas à la sœur et elle est punie presque tous les jours, et alors elle a elle reste dans le jardin jusqu’à très tard et les nuits sont très froides ici l’hiver, alors euh si vous la sortez pas d’ici vite, vous n’a, (une personne tousse) vous allez la perdre et moi je comptais déjà ton père, alors en arrivant j’expose ça à mon père, il m’a dit: « Bon beh c’est c’est bien simple, on va écrire à la sœur, puisque la sœur la déteste, elle sera bien contente, si nous on la prend, on a parlé avec la doctoresse, il a dit: « Ecoutez, ici non parce que c’est un hôpital pour hommes, mais moi je peux m’arranger pour qu’on l’envoie à l’hôpital Saint-Jean, que c’était l’ hôpital de Perpignan et que y ‘a un bon service depuis mélangé et là y vont la y vont la soigner, alors si la sœur accepte euh nous on paye le voyage, on paye le transport et on l’amène ici

Oumar: D’accord!!. Donc le retour s’est s’est bien passé le retour?

Angel: Ah… le retour s’est… le retour!!

Oumar: De… de Montpon à Per… Perpignan

Angel: … De (…), pareil moi moi j’attendais là-bas, que que le train arrive et quand le train s’est arrêté que qu’il a sifflé deux coups et bien on est sorti de l’abri, je je suis monté la cachette était toute prête et tout, ils m’ont mis dedans, il dit: « Tu ne bouges pas jusqu’à Perpignan, voilà!!!

Oumar: De combien…?? oui, oui allez-y!!!

Angel: Non…, mais à ce moment là moi je j’en parle à mon père et la doctoresse s’est occupée de toutes les démarches, il a écrit une lettre à la sœur du couvent en disant comme euh les enfants c’étaient une charge trop lourde avec les obligations que vous avez et tout ça et tout ce que vous faites, que si vous voulez, nous on peut la soigner ici et on vous en débarrasse parce que les autres frères et sœurs ne sont pas très contents d’elle, parce qu’ils sont souvent punis à cause d’elle et tout ça!!! (petit rire).
Alors ça rendra service à tout le monde, si vous acceptez, de suite on a eu la lettre d’acceptation de la sœur, à condition que vous payez le voyage, euh… bien sûr, eh alors?!!, on a payé le voyage pour qu’on l’amène à Perpignan, euh sans sans aucune intervention, les démarches euh un peu euh… par la résistance quoi et… euh arriver à Perpignan, é… évidement nous on était à l’hôpital, enfermé on dormait là-bas et tout, mais on avait trouvé une maison qui était prise par un… un gars qui était coureur cycliste hein!! Catalan, un très bon coureur cycliste qui avait gagné plusieurs fois la le tour de Catalogne, il s’appelait Musso, Musso à Perpignan avait acheté un bar, de Pompa? qui était très bien fréquenté par la résistance surtout et bon et… eux il s’était occupé de la gosse, et on restait là-bas et quand elle est réveillé, il nous a averti et puis nous (une personne tousse) le soir on est allé là-bas et ben oh la nuit et… il nous avait loué une maison pas pas loin du bar et elle couchait là-bas et nous on couchait le soir à l’hôpital mais on rentrait à minuit, et jusqu’à minuit on restait avec elle alors quand la garde de nuit arrivait, on rentrait à l’hôpital pour être là-bas…

Edouardo : Quel âge elle avait sur…? quel âge elle avait à cette époque là?

Angel: Elle elle avait deux deux la Sulima, Sulima avait huit ans, huit ans et alors bon beh…

Edouardo : C’est c’est c’était la plus rebelle?

Angel: Oh oui!!! Elle elle elle…

Edouardo : C’était la plus rebelle (petit rire de Oumar)

Angel: Elle ne voulait rien rien faire de ce qu’on lui disait de faire, et elle ne voulais pas prier, elle se refusait, elle était punie, elle était punie tous les jours, et la seule qui obéissait très bien c’était la sœur Esther, la l’ainée de… parce qu’elle savait quand même que il fallait que… Oumar: Humm… Fallait jouer le jeu quoi?!!

Angel: Il fallait jouer le jeu quoi oui!!! Quoi que elle elle a accepté ça très bien parce que ça lui allait très bien la la religion, elle a elle a finie comme ça vous savez dans la religion, et bon ça ça fait que on était déjà trois là-bas et on était très content d’être là-bas, mais ça duré que quinze jours, parce qu’au bout de quinze jours, la police euh…

Edouardo : De Vichy.

Angel: De de Vichy, est venu à l’hôpital un matin à sept heure, heureusement s’ils viennent le soir, ils ont vus qu’on n’était pas à l’hôpital, ils sont reçus que la gosse était là, mais ils n’étaient pas au courant mais bon, ils nous on arrêtés tous les deux par le faite qu’on fréquentait les pompiers

Oumar: Humm…

Angel: Et comme eux ils savaient que la résistance est menée par les pompiers, et ce la qui sont si souvent là-bas, ils doivent avoir une responsabilité, bon ils nous ont arrêté, ils nous ont emmené à la prison de Perpignan, au Castelet et on est resté là 7 jours enfermés, interrogatoire, interrogatoire de chose que nous on ne savait pas, nous on ne savait rien, on ne pouvait rien dire, même si même si nous matraquaient, on ne pouvait parler et alors ils ils nous ils nous, ils nous réveillaient à n’importe quelle heure, presque toutes les trois heures on passait à l’interrogatoire, ou lui, ou moi, parce qu’on était dans une même cellule mais séparé par une grille, une sorte de banc de pierre, et alors ça fait que quand il passait à l’interrogatoire, il faisait assez de bruit pour me réveiller à moi, pour que (incompréhensible), quand il revenait allez pareil au bout de 1/4 d’heure ou vingt minutes, d’un autre côté c’était moi qui allait et puis bon on passait les nuits comme ça, toutes les trois heures interrogatoire mais bon, moi la seule chose euh que qu’il m’on fait c’est ça là ça la photo … il était venu avec une euh une barre avec un caoutchouc au bout pour ne pas te marquer et alors comme moi j’avais des euh végétations quand on me frappait le nez je saignais, je saignais beaucoup, euh j’avais de la fluidité dans le sang, ça fait que ça faisait scandaleux et pour ?? le détail comme ça, je m’en mettais partout, et alors après quand il m’a emmené, il faisait semblant de réveiller mon père pour voir si ça punissait mon père du du faite qui voit comme si on m’avait torturé, alors il te donnait des coups: »Tourne-toi!!, putain, tu nous emmerdes, on peut pas, on peut pas passer des nuits tranquilles à cause de connards comme vous, rouge espagnole de merde là, quand est-ce qu’ils vont finir de ven… de nous en débarrasser ces allemands et tout!!! ». Bon… au bout de huit jours, comme nous on changeait pas d’avis, on avait rien à dire parce que réellement on avaient rien à dire, les choses qu’on peut le voyage et tous ça, c’était clandestin, personne était au courant et ça fait que y’a un groupe de gendarmes qui arrivent le matin avec une camionnette de la gendarmerie, et dedans y’avait un groupe de de gitans, à Perpignan les gitans font beaucoup de commerces des des ânes et des chevaux et tout ça et ils sont très voleurs, très chapardants, il y en a beaucoup en prison, pour une chose et d’autre, et ils les avaient sorti de prison, ils étaient dans le même fourgon, fourgon qu’on est monté à nous et nous en sortant de la prison, on voit qu’il y en avait six, autres qui attendaient sur le trottoir et alors les gendarmes dis: « Mettez-vous avec les autres là-bas mais sans brusque rien ni rien »; moi j’ai dis: « Putain, de la police à la gendarmerie, pourquoi les gendarmes ne nous arrêtent pas, c’est c’était la façon de de te traiter ni de coup de point, ni de coup de pied, ni de…

Oumar: Mais les policiers, les gendarmes étaient français? hein? on parle bien de français ouais?

Edouardo : C’était…

Angel: Tous ça c’était français d’ailleurs, ah parce que la les commandants c’étaient des allemands, c’était la Gestapo mais en civil pas en uniforme, ça c’était la zone libre et les autres, oui et quand euh ils ferment la séparation, des fronts dits: « Allez montez ». On monte, ils nous emmènent à la gare, et à la gare, on prend un wagon uniquement pour nous, pour les seize, huit et huit et nous ils nous mettent un côté du wagon, les gendarmes au milieu et les autres de l’autre, ben alors on arrive à la gare, ils font descendre d’abord, et quand ils étaient à peu près à cent mètres, dit: « Allez les espagnols s’il vous plait, s’il vous plait!! », pas, « Allez espagnols, les espagnoles, s’il vous plait en bas!! », et alors quand on quitte à la gare sur le chemin qui allait vers le camp, ça faisait un kilomètre et demi de la gare au camp hein!!

Edouardo : Ca c’était ça c’était à Perpignan!!!

Angel: Hein!!! A à Argelès mais mais c’est dans le train on l’a pris à la gare de Perpignan hein!!! Ils nous ont emmené à Argelès, et à Argelès quand ils nous ont débarqué, ils nous ont séparé …, et sur le chemin du camp, euh le chef des gendarmes, il vient vers moi, il dit: « Oh!! y y peut il y a que toi qui parle français, parce que les autres euh c’est tous des des adultes, on sait comment il parle les pauvres comme ils peuvent, mais alors j’ai j’ai quelques choses à te dire, tu va commencer par dire à ton père, que Sulima est très bien, que Monsieur s’occupe d’elle et qu’il n’y arrivera rien parce qu’elle est sous notre protection, alors ne vous inquiétez pas, toi tu vas dire à tes camarades, qu’ils marchent doucement pour ne pas rattraper le groupe des des voleurs gitans là, parce que nous on a changé de papier, eux ils vont aller au camp de punition derrière les barbelés, et vous vous allez passer la nuit au camp de Drancy, alors il faut arriver quand la garde de nuit aura pris le relais, parce que nous on donnera voilà l’enveloppe que ils n’ont pas le droit d’ouvrir avec les les gitans, on donnera la votre, et vous vous aurez celle des gitans, mais mais demain matin quand la garde de jour va venir, elle va voir le qu’il y a eu une erreur et que les politiques ne sont pas à leurs places, et vous avez toute la nuit, pour vous en sortir, parce qu’à partir de onze heures, c’est le silence complet, y’ a pas de garde dans le camp de Drancy, et vous pouvez vous évader, alors c’est tous ce qu’on peut vous offrir, on ne peut rien faire d’autre, parce qu’en plus je dois vous avertir, que le camp d’Argelès va se remplir d’espagnols parce que y ‘a une rafle ordonnée pour arrêter tous les espagnols qui doit partir au service des allemands pour faire les fortifications de l’Atlantique et des travaux pour les allemands, alors vous êtes destinés à ça et ça demandera peut-être trois semaines, un mois mais les ordres sont déjà donnés, tous ceux de Toulouse, toute toute toute la zone libre va être raflée , et vont être a arrêté partout. »

Edouardo : C’est c’est c’est un grand résistant là le gars

Angel: Ah oui oui oui!!!!

Edouardo : Le capitaine c’est un grand résistant hein?!!

Angel: C’était un un français, un vrai français, pas un collaborateur hein, et alors je dis: « Vous savez ça me fait beaucoup penser, je croyais que tous les français étaient pourris, je vois que y’a des français honnêtes encore et je vous remercie », et il s’est dit: « Te… silence, je ne t’ai rien dit, tu ne me connais pas, personne ne t’a parlé, tu fais ce que je dis et si vous ne le faites pas demain matin, vous êtes foutus hein? parce que après vous irez ou en Allemagne ou quelque part par là, de… mais on va vous déporter, alors c’est, c’est tous ce que l’on peut faire pour vous, bon j’ai dit: « Alors!! »; arriver là-bas sur le chemin, mon père disait: « Nous, on peut pas, on peut pas s’évader, si on se bat, c’est illégaux, ils font être otages de notre évasion et il vont découvrir que Sulima est à Perpignan, et ça va recommencer, alors nous on est obligé de de suivre le chemin qui nous impose pour ne pas que ça se découvre, et alors on avait expliqué les autres ils fassent ce qu’ils voudront, et dans le groupe il y avait deux de brigades internationales, un qui boitait qui avait perdu une jambe à ?, un combat de ? . et puis un autre qui venait de Marseille, qui s’était évadé à Marseille parce que on les cherchait et puis il s’est fait arrêté à Perpignan, alors ces deux là, ils ont dit nous: « On s’évade pas, moi je ne veux pas que ma que ma femme (personne qui tousse) et mes gosses là-bas à Marseille, sont arrêtés pour ça et l’autre il a dit: « Et moi, moi je ne bouge pas de Perpignan, je suis de Perpignan et à Perpignan, je reste et puis les autres ils fassent ce qu’ils voudront », et les autres se sont évadés le soir, et nous les gars, de suivre le chemin avec vous, on vous apporte rien et nous on risque beaucoup, alors nous on s’évade hein!! On ira en Espagne emmerder l’autre con qui qui est là-bas en train de faire chier le monde là, et bon alors on s’est séparé comme ça évidemment le matin de bonne heure, euh on voit une escorte de vingtaine de de sénégalais, de gardiens sénégalais avec le fusil et de de policier mais pas de gendarme, de policier de Vichy quoi avec le béret et tout ça et ils disaient: « Allez débarrassez-moi et tout ça, de cette racaille et vite fait et qu’ils aillent à leur place », et alors là ils nous on sortis de là à coup de crosse, ils nous ont emmené à un kilomètre au camp de barbelés, y’ avait des barbelés partout, sur le toit, sur le…

Oumar: Et… et ça et ça c’était c’était quelle année?

Edouardo : Vous vous êtiez quand même séparés des gitans?

Angel: Ah oui oui oui des gitans!!!

Oumar: Et…

Angel: Des gitans étaient à notre place, ils nous ont sorti de là-bas pour mettre nous!!!

Edouardo : Préciser, préciser

Oumar: Et c’est…

Angel: Et les gitans ils nous ont crachés à la figure parce qu’ils savaient que c’étaient nous qui les avions fait,

Oumar: Ah ouais d’accord… hahaha (petit rire de Oumar)

Angel: passer la nuit là-bas…

Oumar: D’accord, mais juste pour revenir à ça mais c’était quelle année ça?

Angel: Mais c’était en quarante deux!!!

Oumar: C’était en quarante deux, y’avait déjà y’avait déjà des tirailleurs sénégalais qui étaient avec vous euh… Et et qu’est-ce qu’ils faisaient là-bas?

Angel: Ils gard… ils gardaient les… (bruit de micro)

Edouardo : Ils étaient… sous les ordre du gouvernement de Vichy, c’était , c’était , c’était , c’était les français ben c’était y’avait y’ avait les les tirailleurs sénégalais, y’avait encore un petit nombre de le le les gardes mobiles aussi français qui étaient là et puis y’avait les gendarmes, tous ça ils étaient, ils étaient au service du gouvernement de Vichy, c’était c’était les fonctionnaires du gouvernement Vichy, évidemment l’armée coloniale, l’armée coloniale euh française, ils étaient mobilisés, ils suivaient les ordres du gouvernement de Vichy, c’est c’est c’était pareil? Voilà!!!

Oumar: Ils ils ils étaient pas très méchant avec vous quand même

Angel: Si c’est celle là, Sulima. Hein??

Oumar: Ils étaient pas très méchants avec vous, les sénégalais ouais, les sénégalais?

Angel: Les sénégalais, ils est ils étaient à l’or à l’ordre de ceux de Vichy, qui dit: « Allez, allez, taper il marche vite!! », alors avec la crosse, ils nous poussaient dans les dans les fesses et dans les côtes comme ça, allez allez marche vite, marche vite!!!! « , ils disaient: « Marche vite!!! ».

Edouardo : Enfin ils ils suivaient ils suivaient les ordres!!! Ils…

Edouardo : Mais autrement c’est eux qui prenaient après?

Angel: Et alors on est resté au camp de punition trois semaines, la enfermé

Edouardo : C’est c’est le camp de ?

Angel: D’Argelès!!

Angel : D’Argelès-sur-mer!!

Angel: des camions on commence à venir, dans le ??? de la rafle, mais garnie comme des grappes de raisin hein!!! les uns accrochaient aux autres et allez, ils les débarquaient et repartaient à la gare parce que ils arrivaient par le train à la gare, et de la gare il y avait un service de camion de l’armée, un camion, un gros camion avec une bâche et alors ils les emmenaient au camp, ils les déchargeaient et ils allaient au camp de Drancy eux!! Que c’était ce qu’il allait de depuis l’entrée du camp juste tout le long de la plage, parce que les barbelés arrivaient jusqu’au bord de la plage, là où se cassait les vagues, là s’arrêtait le barbelé, et tous ça ça aller jusqu’au camp des femmes, ça faisait un kilomètre et demie, c’est pour ça que quand euh euh… les premiers espagnols étaient là, ils ils essayaient de passer à la nage pour aller voir leurs femmes et leurs enfants, et les sénégalais ils avaient l’ordre de tirer sur eux!!!

Oumar: Ah de tirer carrément?!!

Angel: Carrément, carrément, ils leurs disaient pas rien et « pam pam pam » et ils en on tiraient beaucoup hein!!! Tous ceux qui voulait passer pour voir les femmes et les enfants, ils on été abattus comme ça hein!!, dans le camp d’Argelès!!, et évidement euh ils avaient l’ordre ce ce qui commandaient c’était la police, mais ils étaient là armés comme un militaire, aux ordres et s’ils le font pas, c’étaient eux qui se font sanctionner et punir, pas fusiller mais sanctionner, alors euh ils faisaient leurs leurs boulots, nous nous on les aimait pas beaucoup, parce que…

Oumar: c’est normal, mais vous savez c’est normal!!!

Angel: Mais, mais j’ai détesté beaucoup plus la police de Vichy que les sénégalais encore, et bon alors ça ça ça fait que bon on on est resté là et ils ont commençé à les aligner par carré, y’avait des des des files de huit, dix, douze et si on est une vingtaine ou trentaine, et et ils repartaient j’ai dit: « Putain, je dis je comprends rien, ils viennent, ils les emmènent, ils les forment et puis ils repartent dans d’autres camions, ils repartaient à la gare, celà parce que nous on voyait la route qui allait vers la gare

Edouardo : Et ils allaient les envoyer sur le mur d’Atlantique,

Angel : ils ils allaient, ils allaient les emmener vers la zone occupée, mais à bon port, et alors nous nous quand tous le monde a été embarqué, on nous embarque nous aussi et ils nous emmènent à la gare, et les autres étaient en formation devant des wagons et chaque wagons de quarante tonnes euh il y avait en tout quarante ou quarante cinq hein, ils comptaient pas, mais fallait que le camion, que le wagon soit plein, et alors nous ils nous ont amené, vers la fin alors ça fait que nous dans notre dans notre wagon on étaient quarante huit, huit de plus que le compte, et heureusement que malgré tout quand on était en situation comme ça, tous les tous les gens même quand ils souffrent ils sont plus humains (bruit de sonnette), alors moi j’avais (bruit de sonnette)toujours un priorité (bruit de sonnette), il m’amené(bruit de sonnette) dans le coin du wagon ou je pouvais respirer parce qu’il y avait une planche qui était entaillée au couteau pour d’autre qui était passé avant nous comme ça, et tu pouvais respirer, mais en te mettant, au milieu y’avait beaucoup qui se trouvait mal par la chaleur, parce que tu ne peux pas bouger, tu es debout l’un contre l’autre appuyé contre euh… et si tu as un besoin, dans l’angle tu peux faire, au milieu tu peux pas, alors tu comprends et comme le le chemin était assez long depuis depuis Argelès jusqu’à Montpon et après qui s’arrête deux fois pour laisser passer le train de troupe, et le train de voyageur, ça fait qu’on a mis une journée et demie pour arriver ici à Bordeaux, euh depuis depuis Montpon, que c’est dans la Dordogne.

Oumar: ça fait du bon…

Angel: ça fait bon d’arriver ici à Bordeaux, il nous débarque et puis à ici à la gare en Dordogne, où y’a le cinéma Mégarama, c’était la gare de d’Orléans?

Oumar: D’Orléans!!

Angel: D’Orléans, c’est là qu’ils nous ont déchargé, et on était, on est à on est arrivé, le vingt huit août, il pleuvait..

Edouardo : Vingt huit août mille neuf cent quarante deux ?

Angel: Quarante deux, Quarante deux!! Il pleuvait, j’ai dit : « Eh putain, dans quel pays on vient, au mois d’août cette pluie et tous ça!!!, c’était ». Bon alors il nous on fait formé puis par la rue ?? on est allé à la caserne Niel qui se trouve au fond, ce portail bleu là, c’est la caserne Niel, maintenant c’est euh… c’est rien, puisque c’est abandonné, mais y avait la troupe des transports aussi dans l’armée, qui avait pris la place des espagnols quand on l’a abandonné, mais ils nous faut, ils nous forment là, là ou je suis avec la gamelle à la main, ils nous faisaient rentrée à droite pour nous donner à manger, déjà j’ai dit: « C’est bon on mange ici hein!!!,, que dans les camps c’était pas pareil et bon ils ils nous mettent dans un réfectoire et y’en a un qui dit: « Dépêchez-vous, qui y’en a d’autre qui arrive, laissez la place libre, si vous n’avez pas fini, mettez la dans les poches, allez!!, mettez-vous contre le mur »; ils nous mettaient contre le mur, j’avais plusieurs pavi pavi pavillon et là y’a un commandant allemand qui est venu nous faire la bienvenu e avec un interprète français, qui nous parlait en français et alors ils nous expliquaient pourquoi on venait faire: « Oh oui si si vous avez assez de faire l’imbécile pour le français, vous verrez que les que les allemands sont plus civilisés et vous allez être ici aux anges, euh vous allez êtes très bien traiter, on ne vous demande que du respect et du travail, vous venez ici pour travailler, et nous on vous nourrira et on vous payera, mais on vous obligera à travailler, c’est tout, alors maintenant vous allez obéir aux ordres vous allez monter dans vos chambres », c’était des chambres de huit, on étaient vingt quatre, trente deux; quatre fois huit parce que c’était ils nous avaient fait des lits superposés par par , alors euh j’avais quatre rangées, de chaque côté et puis multiplié par trois (petit rire d’Angel), huit fois trois, vingt quatre, « J’ai dit putain, pour une chambre de huit, nous voilà bien alors », évidement y’a toujours laissé faire, mon père qui était malade, ils l’ont laissé le premier étage, moi comme j’étais le plus jeune, je montais en haut!! (petit rire), et puis y’avait des autres, on est dans une chambre comme ça et vers quatre heure du matin, un boucan, j’ai dit: « Putain… », j’ai dit:  » Il est quatre heures, ils sont fous ces gens, qu’est-ce qui vont faire? », alors les soldats montent, les allemands c’était les soldats allemands, alors aufstehen aufstehen auch auch schnell schnell (mots en allemand), « Putain qu’est-ce, après j’ai compris ce que c’était: « Debout, vite, euh dépêchez-vous, sortez, j’ai dit: « Putain, on va changer de caserne, c’est pas possible », alors « (mots en allemand »), on prend un café, un café, allez!!!, arbeit arbeit arbeit (mots en allemand),  » au travail, au travail, au travail », alors ils nous sortent de la caserne, on monte sur le che… les bois de chemin de fer, par la passerelle qui venait ici, à côté de Sainte-Marie à l’avenue Thiers et alors ils disaient on passait le pont, et on allait à pied jusqu’à Bacalan.

Edouardo : Le pont de Pierre

Angel: Le pont de pierre, hein!!! On allait tous le long des quais à pieds jusqu’à Bacalan et au pont tournant y avait à l’entrée du pont tournant y’avait la base sous-marine italienne, et les allemands voulaient construire une base sous-marine, pour les allemands, quatre fois plus grandes que l’italienne, hein et plus protégée, parce que évidemment les italiens s’étaient plutôt des musiciens que des soldats, hein!!!

Oumar: c’est la base, existait avant? non?!!!

Angel: la base italienne!!!

Oumar: Non la base, la base ici là, du bassin à flot à Bordeaux?

Edouardo : Non non elle existait pas, elle a été construite

Angel: C’était ??

Oumar: D’accord!!

Angel: il habitait à la base italienne

Edouardo : La base euh la base sous marine italienne, elle existait déjà avant que la…

Angel: Oui mais c’était une base de de bateau, les bateaux arrivaient là pour décharger des affaires et puis ils ils tournaient là et reprenaient la Garonne parce que là y’avait l’écluse qui qui faisait

Oumar: Mais pourquoi on l’appelait la base italienne?

Angel: Parce que c’était les italiens qui l’ avaient occupé le premier, ils s’étaient appropriés, c’est ça c’est pour nous, pour nos bateaux, et pour nos sous-marins

Edouardo : Oui c’est c’est c’est à dire les italiens euh… en qua qua quarante, quand euh les allemands entrent, les italiens se sont appropriés cette base, ils en ont fait une base parce que ils avaient des sous-marins, et ça leur permettaient après de sortir par l’estuaire, et torpiller les et torpiller les bateaux anglais qui passaient au large

Oumar: D’accord, mais la base a été conçu avant qu’ils n’entrent ici? non?

Angel: Non …, c’était un hangar maritime français, et eux ils ont appelé ça leur base sous-marine, parce que ils avaient pas de cales sèches eux mais ils avaient les quais, ils amarraient le sous-marin là et puis ils avaient fait un avancement pour les protéger contre les intempéries et tout ça, mais ils étaient pas à l’abri comme les allemands, c’est que les allemands ils avaient trois mètres cinquante de béton, et à plusieurs étages croisés

Edouardo : C’est c’est c’est-à-dire il on voulu la faire construire, et ben elle a été conçu en quarante et un, et elle a été, ils ont commencé je crois en quarante deux, la ou fin quarante et un, à la construire, la base sous-marine qui existe actuellement, et c’est pour ça qu’ils ont amené les espagnols de tous les côtés, de de la zone libre, pour parce que voilà le gouvernement de Vichy a décrété, je me rappelle plus les les dates exactes, si c’est si c’est euh à l’ automne quarant et un ou en en automne quarante deux, euh en automne quarante et un, de euh de militariser tous les étrangers qui étaient en France, dans la zone, dans la zone libre, surtout les espagnols, pour les mettre à la disposition de l’armée d’occupation, pour construire ben le mur d’Atlantique et puis pas seulement ça aussi, pour l’agriculture, faire tournée la faire tournée la la euh faire tournée la euh toute toute l’économie française pour la mettre au service de de l’Allemagne, de l’Allemagne, de l’Allemagne, d’Hitler et c’est pour ça qu’ils ont commencé à rafler à faire les compagnie de travailleur espagnoles, les compagnies de travailleurs espagnols, qui envoyaient dans différents lieux, où les Allemands leur demandaient, s’ils avaient besoin de main d’œuvre, ils en ont envoyé pas mal ici euh en Gironde enfin surtout à Bordeaux euh mais au camp de Mérignac, au camp de Saint-Médard et de là il est dis… dispatché ou sur la base sous-marine ou ou dans différents lieux de de du département

Angel: Voilà!! Alors en en en venant dans la du Pont de Pierre, sur la Garonne, le pont tournant se trouvait ici qui essayait pour aller sur Baca… Bacalan et alors ici y avait là les bacs à écluses qui se fermaient, alors ils rentraient là pour maintenir le niveau de l’eau pour qu’elle s’en aille pas et alors ils ouvraient ici, ils passaient, ils refermaient et quand ils sortaient, ils s’en allaient par là,

Edouardo : Les sous-marins italiens

Angel: Et et les allemands ils ont dit: « Nous on va rentrer par là, on va rentrer par là, on vient de la base ce garer ici, mais ici tout ça, on va faire un base allemande »

Oumar: D’accord!! A côté ils ont construit une base, au lieu d’aller dans la base euh italienne, ils on construit une base pour eux? A côté?

Angel: OUI!!!

Edouardo : En plus, en plus ce qu’ils se passent c’est que la base italienne, n’était pas protégé contre l’aviation?

Angel: Non!! Voilà

Edouardo : L’aviation pouvait arriver, il il il et démolir tout ça, tandis que eux voulaient construire une base qui résiste au bombardement, ou les sous-marins pourraient se protéger, ou le sous-marin allait être réparé, etc ils allaient faire le plein de tout ce qu’il fallait faire et ils pouvaient repartir sans être inquiété par l’aviation, c’était une base, une base militaire, une base militaire comme ils ont fait tout le mur d’Atlantique, c’est c’est c’était…

Oumar: On on dirait une base fortifiée quoi!!!

Edouardo : Ah C’était une base fortifiée, c’était une base fortifiée comme tout le mur de l’Atlantique, c’est c’est c’était d’une, c’était des fortifications pour euh pour faire la guerre parce que bon ils s’installaient là pour des années, non seulement pour même se battre contre un futur débarquement qui pouvait être anglais, qui pouvait être d’un d’un d’un autre d’un autre d’une autre d’une autre puissance Angel: Ils avaient sur le réservoir de carburant, ils avaient des des canons anti-aériens contre l’aviation et tout ça et… et…tout était construit

Edouardo : Dans la base sous-marine…

Angel: Et alors il faut voir l’épaisseur de la toiture et des des euh des traverses comme ça et comme ça, de façon à ce que quand la bombe tombe, elle ne va pas au fond et elle résiste, c’était rond comme ça alors la bombe elle tombait comme ça, elle s’en allait sur le premier pilon, et là elle perçait pas…

Edouardo : comme des bombes perforantes, parce qu’il y’avait des bombes explosives mais y avait des bombes perforantes qui arrivaient, mais là ils les déviaient à à travers tout un… tout un maillage, qui avait été fait à la construction.

Oumar: Donc la la bombe ne tombait tout tout droite mais faisait des vrilles…

Edouardo : Elle tombait tout droit, elle tombait tout droit mais au au au lieu de pénétrer en profondeur, et et et elle était déviée par le maillage intérieure de la construction (bruit bizarre)

Angel: Tout droit parce que… Et on voit la base sous-marine la ferraille encore qui dépasse parce que le le béton à éclater, mais la ferraille n’a pas éclaté, alors t’as la ferraille, la ferraille qui est encore visible, mais ça il faut aller du côté d’Achard, pas du côté de se qu’on appelle aujourd’hui la base sous-marine, que c’était un un ensemble commerciale sur l’autre côté, mais de ce côté, du côté où nous on travaillait, nous on travaillait ici en face de ça, tout ça c’était du terrassement qu’il a fallu faire

Edouardo : t’étais, t’étais à la caserne Niel, vous avez été travailler, vous avez été travailler euh sur euh la première fois…

Angel: Pas loin des quais, et arrivé ici au pont tournant on rentrait dans le chantier

Edouardo: Et et c’était déjà le chantier à l’époque?

Angel: Oh oui c’était déjà le chantier, y’avait déjà les on était entrain de faire les les les bois pour le pavillon de garde et tout ça y’avait des des allemands qui qui venaient des des zones occupées, c’était pas des allemands, c’était des collaborateurs, c’était un tchèque, c’était… y’avait des Hollandais, y’ avait des Polonais, y’avait un peu de tout mais y’avait l’uniforme allemand

Edouardo : Et à ce moment il avait commencé déjà à planter les pieux les pieux en béton

Angel : non y avait tout le tracé des de ce qui devait être la base, les ingénieurs avaient les plans, la seule chose qui y avait c’était des tas de ferrailles, des tas de sacs de ciment, des tas de gravas et après les wagonnets qui sont arrivés avec les trains

Edouardo : C’est c’est c’était à quel moment tu tu…?

Angel: Et ben c’était en quarante deux, au au au mois de euh septembre, septembre quarante deux, nous on est arrivé en octobre euh en août, fin août et aussitôt, le lendemain en arrivant ici en septembre, on est allé déjà faire connaissance de… des des fauves qui ne qui devaient nous dévorer (Plusieurs personnes qui parlent en même temps)

Edouardo: Une seconde, une seconde, donc il n’avait pas encore commencé à planter les pieux ?

Angel: Non non non

Edouardo: Les les marteaux-pilons?

Angel: Non, non, NON!!, y’avait juste les machines qui sont montés pour presque tous ça c’était une préparation, euh tu sais quand y’a les poutres les poutres qui se qui se marient en tenaille, large comme ça, (bruit bizarre) et qui doit être enfoncé…

Edouardo: C’est c’est c’est c’était sûr que c’était en quarante deux, pas en quarante et un?

Angel: Non non!! C’est en quarante deux… dix huit cent quarante deux…

Edouardo: C’est sur que c’est en septembre quarante deux

Angel: Quarante deux oui!! Parce que en quarante, quarante et un, bon j’étais en trente neuf, quarante j’étais à Orléans, quarante et un, quarante deux j’étais à Perpignan!! Et je suis arrivé ici en…

Oumar: En fin quarante deux quoi!!! Comme vous dîtes au mois d’août

Angel: Oui oui c’est pour ça!!! Non parce que bon de toute façon, j’avais préparé un truc pour toi et puis parce qu’il est venu

Oumar: Non non non!!!!!

Angel: Mais je te le ferrais…!!!

Edouardo: Tu te concentres…

Angel: Je te ferrais un répertoire des dates de patri…

Edouardo: Tu te concentres…

Oumar: C’est vrai parce que l’histoire doit être précise… quand euh, non non

Angel: Je risque de sauter du coq à l’âne

Edouardo: Un peu de précision parce que’on enregistre là, ça ça va servir peut-être… (Petite coupure: reprise d’enregistrement!!)

Oumar: On va essayer

Edouardo: La dernière fois vous êtes arrivés là, donc vous êtes arrivés là et bon qu’est-ce qu’est-ce que tu as vu sur le chantier à ce ce moment?

Angel: Eh, sur le chantier? J’ai vu un fourmilier, un fourmilier de monde, que l’on triait les les contremaitres allemands, qui étaient des contremaitres collaborateurs qui venaient de de Autriche, de de Hollande, un un peu de partout, mais que c’était pas des des soldats allemands, ni des les seules qui avaient, c’était les patrouilles des SS, qui venaient avec leur colliers là, des guillotines là et cela bein c’était là l’autorité suprême, et ils pouvaient aussi bien t’amener à toi qu’ amenait un des contres-maîtres que euh euh ce qui lui paraissait un peu douteux, allez …, et il t’embarquait et après ils allaient d’interroger tu revenais ou tu revenais pas, alors nous on été tous là parce que il nous choisissait comme euh comme du bétail, voir si tu étais un costaud, tu faisais un boulot, si tu l’étais pas tu faisait un autre, tu comprends purement et alors bon, nous ils nous on mis du côté de des wagonnets du chemin de fer et… c’est là qu’il y avait la le copain là de que tu me parlais l’autre jour de lui qui est qui est mort là, maintenant, mort… ça ça reviendra mais si

Edouardo: Fuentes

Angel: Fuentes était là et il était déjà en train d’orienter le la protection de la de de ceux qui qui arrivaient et alors ben alors il a dit: « Bouge pas de là, j’ai une place pour toi », j’ai dit: « Non!!!, mais moi je suis avec mon père, je veux pas!!! », « me séparer de mon père tu peux l’emmener, il me dit: « Ne t’inquiète pas, j’ai une place pour toi et j’ai une place pour ton père »; et alors on nous a sorti d’un groupe et après et je vois qu’ils arrivent avec des wagons de de ferraille, mais de ferraille grosse comme ça, mais longues de trente à quarante mètres

Oumar: Grosses comme le pouce!!!

Angel: De de gros fil de fer, pas de petit fil de fer hein!!, et alors il te met ils te mettaient par un espace d’un mètre comme ça de vous, et après ils t’approchaient de wagon, il dit: « Allez, CHA-R-GER!!! », bon il prenait le paquet et se mettait sur l’épaule, et sur l’épaule, on leur donnait le droit de mettre un sac avec de la paille, pour ne pas que les barres elles te coupent les oreilles comme ça parce que euh alors ça les protégeaient en plus contre le froid, parce que les les barres arrivaient gelé, nous on embauchait à quatre heures du matin, mais quand on arrivait là-bas il était huit heure, parce qu’on allait à pied, hein c’était la valse des sabots qu’on emmenait

Oumar: C’est c’est de Niel, de Niel jusqu’à là-bas?

Angel: De Niel jusqu’à Bacalan, jusqu’à, avant qu’on soit formé tout ça, il était huit heure, l’heure de commencer il était huit heure, mais on mettait quatre heure entre prendre un café et tout ça, déjà une demi heure, et trois heures et demie de parcours

Oumar: Euh est-ce qu’on peut revenir un petit peu en arrière, mais en quittant à Niel, donc il faut traverser la Garonne?

Angel: NON!!!, non non…

Edouardo: Ils suivaient les quais…

Angel: Parce qu’on sort de là, on passe à la gare et on va à l’avenue Thiers!!

Oumar: Ah d’accord, on prend le pont de Pierre!!! A à pied hein?!!

Edouardo: C’était dangereux parce que en plus y’en a qui s’évadait sur le trajet, caris… même même gardait par les allemands, si c’était c’était les allemands, c’était la wermarth qui vous gardait ou c’était les SS?

Angel: Non non!!! C’était la wermarth

Edouardo: C’était la wermarth qui vous accompagnait!! Mais mais mais y’en a dans dans certains moment pou pouvez se se se cacher enfin s’é s’é s’évader quoi?

Angel: Nous on était pour l’organisation « TODT », travailler jusqu’à la mort, « TODT » c’est mourir, mourir en travaillant pour les allemands, c’était l’organisation « TODT » et il s’est passé que comme nous, la plupart, la plupart s’évadait, puisque c’était quatre heure du matin, il faisait noir et entre Alsace-Lorraine et Saint-Pierre, et béh on avait organisé avec la résistance on organisait nous, on oubliez, on obéié on obéissez, des bagarres dans le groupe, on était par groupe, de deux cent, et y’avait deux gardes devant et deux derrière chaque groupe comme ça!!! Et on était en colonne de… et et il fallait quand même euh beaucoup de soldat pour nous regarder mais comme nous on était fatigué, on simulé quand en dormant, on trébuchait sur un autre, qu’on le faisait tombé, et tous les autres tombaient dessus et ça faisait comme une euh bagarre, et alors les gardes arrivaient pour résoudre le problème de ce groupe et les autres groupes qui étaient prêts habillés et tout, ils avaient qu’à se lever, enlever la la la couverture et laisser tomber le paquet de linge et dessous, ils étaient habillés pour aller en ville, ils disparaissaient. Quand les allemands se sont rendus compte de ça, c’était « fertig », fini, fini la promenade après… à Bordeaux », « fertig », et alors là, ils ont mis les transports comme ça et alors là ils ont mis le transport comme ça!!!

Oumar: Des barques?

Angel: Les barques!!!

Edouardo: Des barges!!!

Angel: Alors les les barges!!

Oumar: C’est les barges?

Angel: C’est les barges. Oui, c’est ce qui transportait le gravier parce qu’en bas dessous, il peut transporter la grave et en haut de de… d’autres trucs… mais nous et nous prenez là à ce moment là, on venait pas par ici, on sortait de la caserne de Niel, vers les quais par derrière, dans ces… j’avais fait un dessin de un gosse qui se baignait dans une piscine c’est par cette porte qu’on sortait nous parce que s’il t’attrapait en train de te camoufler pour ne pas prendre la barque, à ce moment là tu étais déjà punis, à faire des tours avec un madrier sur l’épaule, tout le tour de de la pièce d’eau, jusqu’à que les autres arrivaient de travailler et tu ne t’arrêtais même pas pour manger, y’avait un garde qui étais là sur la piscine, et les autres qui tournaient autour, qui tournaient autour, alors les gens allaient au travail dans les barques et finis les évasions de là , alors les évasions après il fallait les faire depuis le chantier, parce que en cours de route… ils te ils te descendaient au pont tournant, tu rentrais dans la base italienne et déjà il y avait la garde de et puis après t’allais à à ton à ton groupe, les ferrailleurs, les bétonneurs, euh tout ce qui faisait avec les machines, et alors Fuentes, il m’avait mis d’ancienne guérite pour euh engrainer la masse des wagonnets quand on montait chargé, après il le vidait, il fallait qu’ils reviennent vide mettre dans une grande garage et quand l’autre passait avec la grave, eux il sortait pour aller chargé et faisait ces va et vient et moi j’étais là juste pour chaque fois que le que le le la machine annonçait que qu’elle arrivait, sortir et changeait la voie pour qu’elle aille là-bas, mais le le ponton qu’il avait fait, les charpentiers ils avaient scié les madriers et les madriers étaient sciés et et ils le savaient parce que euh c’était permis avec les … mais il y avait les marques, alors ils montaient le ponton, comme ça avec les madriers et le ponton qui tenait la rampe, ils étaient tous sciés comme ça, et l’autre comme ça et quand le wagon arrivait chargé, avant de de verser c’était le wagon complet qui tombait dans l’autre sens c’était les madriers, ils étaient sabotés.

Oumar: Les sabotages hein…

Angel: Voilà, bon. Bon!!! y’avait les, nous on disait les les madriers on les fabrique pas, nous on fabrique euh le pont, ils regardaient voir si le pont, si le pont était bien fait ou il est pas, à qui vous achetez les madriers? ça se trouve vous les payez pas et et vous donne du mauvais v’là nous on y est pour rien et ça c’était Fuentes qui…

Oumar : Fuentes c’était c’était qui Fuentes exactement

Edouardo : Fuentes c’était un copain un copain qui d’ailleurs ne figure pas dans les dispositions qui a été un créateur de notre situation aussi qui était comme un artillerie dans l’armée républicaine

Angel : oui

Edouardo : et qui a été justement un un des chefs de la résistance jusqu’en 44 eeeeeeeeuh et puis qu’ a pu survivre à toutes les rafles qui a eu enfin toutes les arrestations qui a eu des groupes armés mais et il il a tenu enfin il a participé à la libération de Bordeaux en 44 un de chefs de la hum hum oui oui on disait que Fuentes Fuentes qui a a a a su parce que bon lui il était organisé déjà depuis pas mal de temps à la base hum c’était un officier de l’armée républicaine espagnole un officier enfin commandant d’artillerie euh bon c’était quelqu’un qui a joué après un rôle très important il était déjà dans la résistance ici à Bordeaux euh il est arrivé je crois dans 1941 ou 42 bon et come il y avait des groupes organisés déjà à Bordeaux à cette époque là il il s’intégrait parce qui parce qu’ils étaient déjà organisés d’ailleurs et c’est pour çà qu’il a il a il a aussitôt placé Angel dans

Angel : c’est lui c’est lui qui s’est et arrangé pour que mon père s’éch s’échappe du du chantier parce qu’il a dit moi je comprends très bien que ton père n’est pas en âge de tenir un an ici alors euh euh je vais essayer de la faire évader

Oumar : oui mais s’est pas un hasard si vous a contacté comme ça parce que vous étiez nombreux vous avez des centaines quand même

Angel : On savait d’où on venait nous on venait pas en touriste on venait de la de la prison de Perpignan euh c’est c’est la résistance française de Perpignan que qui a suivi la filière savoir où sait qu’on allait et c’est comme ça qu’on a été contacté

Edouardo : il faut dire qui avait il faut faut dire qui avait il faut faut dire qui avait euh il y avait des liens importants entr e la résistance espagnole et la résistance française et et ils se passaient des messages

Angel : oui

Edouardo : il il il passait des messages pour dire voilà attention y a un arrivage qui qui vient de Perpignan il y a il y a untel untel untel qui ont déjà été qui qui qui c’est c’est c’est c’est des gens c’est des gens qui sont qui ont été en contact avec nous c’est des gens que vous pouvez avoir confiance et des gens vous vous vous devez in intégrer dans dans vos réseaux et c’est pour ça

Angel : et alors lui il a fait évader mon père euh qui est parti dans la foret. Dans la résistance mais la résistance pacifique non pas armée mais ceux qui voulaient pas travailler pour les allemands et ils arrachaient des souches de brandes

Edouardo : de quel côté

Angel : ah beh ils sont allés dans les Landes l’endroit l’endroit personne ne le savait

Oumar : et ça c’est juste après votre arrivée donc ça n’a pas duré longtemps

Angel : euh on est on a resté trois mois ensemble

Oumar : pendant trois mois donc il est parti trois mois après

Angel : eh oui trois mois après et alors évidemment nous on avait décidé qu’on pouvait pas rester tous les deux ensemble parce que si il arrivait une catastrophe serai arrivé pour deux personnes alors les enfants étaient abandonnés on lui adit écoute Tomas est dans la résistance armée moi je continue dans dans la politique l’orientation et tout ça

Oumar : Tomas c’était votre frère

Angel : mon frère aîné oui et toi fait ce que tu veux en tant qu’informateur mais ne prend jamais une arme et ne vas pas faire de coups de d’exploits parce qu’ il faut qu’il y ait quelqu’un qui s’occupe des enfants gagner la guerre c’est bien sauver l’humanité aussi mais si pour sauver l’humanité on doit sacrifier la famille je dis non je ne suis pas d’accord alors nous sommes trois il y en a deux qui s’exposent et toi tu navigues à à tes tes affaires tu restes dans l’information et tu continues dans l’information

Edouardo : de toute façon la résistance y y y la résistance se faisait à plusieurs niveaux

Oumar : il fallait les deux ouais

Edouardo : pas les deux trois ou quatre il fallait les gens qui qui qui puissent euh il y avait les passeurs les gens les agents de liaison qui sont des femmes qui qui qui les gens qu’on faisait évader il il fallait les envoyer quelque part il fallait les conduire souvent il fallait leur … et et il y y a des gens y a des gens ya des gens qui servaient d’hébergement qui ne faisaient que l’hébergement des femmes surtout des femmes qui faisaient on là sur les photos là il y a dans une photo là on voit trois trois femmes euh et justement c’est c’est une une une scène d’hébergement euh fait l’hébergement je l’ai marqué dessus euh donc euh ça euh c’est c’est la résistance ne pouvait pas fonctionner autrement y avait y avait que des groupes armés il y avait qu’eux qui faisait les actions dures peut-être quelques sabotages qu’ils faisaient sur la base sous-marine mais les sabotages mineurs couper un madrier des trucs comme ça mais sur la base sous-marine c’est c’est c’est les les les opérations les grands opérations c’est mettre poser une bombe etc ça ne pouvait que surtout que des groupes de l’extérieur qui pouvaient faire qui venaient de l’extérieur qui rentraient su r la base avec la complicité des groupes organisés à l’intérieur et des des groupes qui étaient à l’intérieur qui savaient où ils avaient déposé les les les explosifs où ils avaient déposé les détonateurs etc qui qui allaient directement au but qui qui montaient les pièces ils savaient où ils devaient les poser etc et qui revenaient parmi le sles gens qui étaient organisés pour pouvoir après sortir de la base c’est comme ça que ça se faisait ça se comprend autrement euh il y a eu hum un sabotage ils ont fait sauter Alvarés maintenant on sait qui c’est puisqu’on là Alvarés qui était un capitaine de l’armée républicaine qui travaillait à à Robert Picqué à la maintenance de Robert Picqué et qui habitait rue Beaufleury euh c’est lui dans les groupes armés c’est un spécialiste en explosifs il rentre dans la base il fait sauter les deux marteaux-pilons qui enfonçaient les pieux c ceux qui a probablement retardé la base d’au moins 15 jours peut-être même plus parce qu’ à ce moment les marto les les marteaux-pilons il y en avait pas des masses c’était une technique tout à fait bon euh qui s’employait pas tellement et euh et c’est lui il il a mis les explosifs il les a posé il a fait sauté les marteaux-pilons puis il il s’est retiré mais ça ça ne pouvait se faire qu’avec des gens comme comme Angel comme comme Angel sur sur la base qui avait tout fait passer d’abord les explosifs et ils étaient fouillés aussi quand ils rentraient sur la base donc souvent les les explosifs étaient passés dans la gamelle dans la gamelle ils avaient euh en fonds de la gamelle ils avaient un un ca un bout de papier avec du cello avec du cellophane ou du du ou du in in in in imbibé de graisse etc dans lequel ils avaient les explosifs les les les détonateurs ils les passaient en plusieurs fois et puis ils les déposaient à un un endroit bien déterminé et et le le gars qui rentrait ça ils savait qu’à tel endroit à telle place euh il avait l’explosif qu’il fallait qu’il fasse 30 ou 40 mètres il avait les les les les les trucs là-bas y y allait avec sa sa pioche ou sa pelle ou son truc euh ou avec un sac de de ciment sur le dos il posait les explosifs et puis il repartait après euh 1/4 d’heures ou 1/2 heures après tout sautait quoi (grésillement)

Angel : nous notre notre mission (sonnette)c’était binker il fallait ralentir la machine de guerre allemande il fallait les obliger à avoir des soldats sur place pour nous surveiller parce qu’autrement les soldats partaient au front de l’Est et ils renforçaient l’armée fallait démiliter l’armée en obligeant les gardes à rester pour nous surveiller et nous il fallait qu’on paralyse l’avance des travaux parce que plus ils reculaient plus ils étaient jugés nous le fait dès que ici ils mettent un pont avec des madriers sciés et le grave et tout ça s’en va en l’air ah beh après on la ramasse pas avec des fourchettes il faut aller en chercher d’autres ça prend du temps et c’était du temps du temps gagné nous par exemple ils nous disaient il faut saboter les câbles les câbles c’est pas ça se sabotent facilement y’a qu’ à scier deux fils séparés et mettre un spaghetti dedans mettre de la farine et après mettre du goudron on ferme tout ça on saupoudre de farine mais un câble à côté de l’autre personne ne voit la différence alors tant que tant que vous déroulait les câbles avant de les étendre il faut les scier et comme on avait la forge et qu’ils faisaient des outils impeccables avec les scies de la forge on sciait le câble qu’on aurait dit que ça que ça avait été caressé avec l’ongle très très fin mais quand l’humidité arrivait par là et que quand le câble était enterré au bout d’une semaine ou 15 jours ces câbles par l’humidité explosés et à ce moment là plus d’alimentation dans le le transformateur moi j’y était employé après la nuit on m’avait donné la garde des transformateurs pour couper la lumière et pour protéger la base quand les avions venaient bombarder il m’avait donné cette charge parce que moi pour ne pas que si j’étais arrêté et fouillé qu’on me trouve quelque chose j’avais toujours sur moi dans le veston un un livre allemand que je l’ai ici

Oumar : vous l’avez gardé

Angel : pour te le montrer (inaudible)

Edouardo : non non ça va ça va Angel ça va ça va Angel (grésillement)

Edouardo : Angel évidemment c’était un gars qui avait été à l’école il a été instruit ça on la vu au début et il il avait commencé à apprendre l’allemand (friture) et il parlait français il parlait très bien français etc donc il il a vite fait de prendre des réu des rudi des rudiments d’allemand c’est pour ça qu’il était il était il avait un poste clé sur la base Angel : et des des feuilles que je remplissait avec des des exercices courants la la comptabilisait pour les eins swei drei vier funf sechs et quand à chaque fois qu’ils passaient moi je baraguinais en allemand come si je leur récitait quelque chose et alors ils écoutaient et quand ils me fouillaient et que il me trouvait dans la poche le livre ils allaient pas plus loin gut espagna gut gut gut

Oumar : avec le livre allemand (rires)

Angel : espagnol ça c’est un bon espagnol il est bien avec les allemands ils s’en allaient plus loin et et moi ces ces livres ne me quittaient jamais conversation et et le dictionnaire de traduction et 3 ou 4 papiers que je remplissais avec des phrases composaient mais qui disaient quelque chose alors un jour ils viennent et ils disent euh euh espagnol mit uns avec nous l’espagnol alors c’esst lui qui m’avait employé que c’était un ingénieur catalan qui était lui un un un espagnol libre il venait de la Catalogne et il venait travailler pour les allemands et comme il savait plus que tous les allemands réunis en électricité beh il avait la confiance de toute la direction moi je voyais bien quand il parlait quelque chose qu’il y en avait qui discutait et le … disait nein nein Spinoza its smeglish (… parle en allemand) c’est mieux comme il dit lui il faisait tout comme lui il disait et lui du fait que moi je venais de la Catalogne il m’avait pris à la bonne alors il m’a dit écoute c’est fini ce boulot pour toi merde t’as pas été à la col à l’école pour ça tu vas venir avec moi je vais demander que j’ai besoin de toi eh évidemment comme tu n’as jamais fait d’électricité tu feras des plans les plans que moi je tracerais toi après tu tu les ?? comme si tu les avais fait et comme ça ils ne peuvent rien dire ça ça t’engages à rien mais eux ils le savent pas et alors lui chaque fois qu’il allait discuter où comme ça il m’amenait et il disait « papier » « papier » (en allemand) je donnais les papiers dit spagnols tu moui moui ola oh (il est fort dit Oumar Diallo) beaucoup beaucoup dit oh gut alors il dit bon spagna mit uns pour protéger la base il m’avait avancer …lui sa protection c’est-à-dire que je n’avais qu’une chose à faire m’assoir ici avec … et quand le téléphone sonnait ça venait directement de la téléphonie, la téléphonie c’était les filles euh allemandes les souris grises … que nous ont appelé et alors il disait: « spagneul spagneul fligait l’alarme fligait l’alarme aviation aviation  » alors nous avions lustafarm lustafarm éteignez les lumières pour mettre la base dans le noir dit … schnell schnell schnell et il coupait et moi je coupais je mettais la (rires) et après j’oubliais l’interrupteur de l’allumer il y vait tout une partie de la base qui était dans le noir et puis ils arrivaient et nischt lischt euh on a pas de lumière les fusibles ont du sauter dit oh non non non ah alors je prends ma tête et je fais semblant que je contrôlais dit ah gut gut allez schnell (… parle en allemand) lischt fif mimutes allez gut dank ils partaient et moi je mettais l’interrupteur (en rigolant) et l’autre groupe mais on retardait tout ça c’était ça n’a l’air de rien mais c’était des retards

Oumar : c’était important aussi ah ouais ouais c’est une forme de lutte aussi

Angel : les allemands ils avaient tellement confiance en moi que euh tous les officiers qui rentraient dans les transformateurs pour contrôler ou pour regarder il fallait qu’ils aient un pass du commandant pour que moi je les laisse rentrer (hum hum) autrement personne ne rentrait … dit ein chtruvagen partit ir tou caput spagna pasesou hein tou ici contrôle nirschrat … les autres ne rentrent pas y’a que y’a que toi ici parce que t’as la responsabilité et si tu fais une connerie tu vas la payer (en rigolant) … alors moi quand il disait ich bin …oh nein nein papier(en allemand)non chercher papier au bureau oui ouiche à vos ordres et puis il partait il partait et quelque fois quand ils arrivaient le soir qui arrivaient saoûl ils faisaient des défis et puis entre eux et ils se tuaient (hum hum) ils se tuaient parce qu’ils faisaient des conneries des paris à la con et c’est là que je récupérai un pistolet il y en a un qui s’est suicidé en jouant à la Guillaume Tell en pariant avec un autre il me disait bien …mais ça je vous l’avez expliqué euh qui dit spagna tou

Oumar : oui mais c’était pas enregistré oui vous pouvez le redire (rires)

Angel : tout (parle en allemand)

Edouardo : c’était c’était deux soldats ou des officiers

Angel : c’était des c’était des soldats mais des gradés ben euh les grades euh dans l’armée il y a que mon commandant et mon sergent les autres je le connaissais pas et alors évidemment y yyy te prenait à témoin et ils arrivaient saoûl comme des polonais qu’on dit hein avec la bière et le le schnap et alors il dit lamp la lampe de contrôle pour la pour l’électricité d’éclairage que c’est 220 alors et c’était une grosse ampoule avec des fils et des pinces et alors il lui avait mis ici il lui avait pris ici à l’oreille dit comme une poire alors il dit

Edourado : Guillaume Tell

Angel : arsch tun zwanzig Metern à vingt mètres et l’autre il n’allait de putain si tu tombe avant tu vas te sauver toi

Oumar : il titubait quoi

Angel : bein oui moi j’étais à la porte et com com de no nein no nein ich artum control et gut tou ir boum alors il se retournait spagna ampoule capout dit ampoule capout et camarade aussi capout ça saigne la balle ici pas la boule et tombée en tombant lui parterre couillon elle s’est cassée mais

Oumar : et la balle dans la tête carrément

Angel : mort il a pris la balle dans la tête

Edouardo : il a pris une balle dans la tête quoi

Angel : alors quand il a

Edouardo : il avait loupé il avait loupé l’ampoule

Angel : il approchait il s’est tellement affolé qu’il a balancé le pistolet contre le mur du du transformateur et le transformateur était protégé par des des grosses pierres comme on met ici dans les parkings de voiture et tout ça pour et alors c’était protégé comme ça pour que les camions n’aillent pas heurter les et provoquer une inflammation alors moi je l’avais vu le pistolet tomber mais je suis rentré dans la je me suis enfermé parce que après il y a la patrouille qui vient …gendarmerie voir ce qui s’est passé alors ils ont frappé moi j’ouvre et dit ah eh euh ir di discussion farsen…discussion ya oui oui discussion et quoi y yyy m m ich y haben ya boum moi je regarde un parterre l’autre y pleurait puis il est parti alors il dit bon et il dit par où j’ai dit parti par-là euh alors ils ils ont parti de suite voir si l’arrêter puis ils ont appelé l’ambulance pour l’autre pour pour l’embarquer à la morgue l’ambulance est venue et … moi je ne sais rien je ne comprends pas vasch nir ich er controle electricaban et firtich sale cabot alors euh ça fait que après quand tout est parti vers le 3h du matin moi je sors et je regarde le pistolet était toujours là alors évidement j’ai dit merde comment je vais faire parce que la Pili à qu’elle heure elle va passer alors évidement il y yy avait un gars qui passait des chantiers il dit : écoute tu veux me faire un service qu’est-ce-que tu veux je me … je me trouve pas très bien alors si tu voulais tu téléphones à ce numéro et tu dis que je suis malade que et puis elle savait que si c’était un truc comme ça c’est qu’il y avait quelque chose alors elle est arrivée la matin avec le déjeuner ?

Edouardo : elle portait elle portait

Angel : elle nous portait des de la boisson chaude

Edouardo : donc elle avait le pass pour rentrer sur la base

Angel :ah oui oui oui ils venaient avec des des camions et des thermos plusieurs thermos voilà et c’était des des gens quelque chose qui leur permettait de franchir les groupes et alors je leur dit qu’il y a un pistolet là de un d’un gars qui se ils se sont tués en dispute ils l’ont pas ramassé personne ne sait qu’il est là parce que c’est celui qui a tué l’autre qui l’a balancé là ils sont pas au courant si tu veux il dit ah bein bien sur bien sur où je dis là derrière là là il l’a attrapé il l’a enveloppé puis il l’a foutu dans le thermos de café et alors évidemment les thermos partaient toujours presque quand il y avait quelque chose ce thermos il avait ça de liquide ou de ou de la nourriture de la soupe c’était souvent de la soupe de maïs avec des orties et quelques fois en prime des pruneaux mais pas souvent des pruneaux d’Agen c’était tout ce que ? nous portait mais elle m’a dit t’as bien fait mais les gars qui qui m’a téléphoné savait pas quoi dire dit que t’étais malade eh beh eh beh alors j’ai compris qu’y avait quelque chose quoi et alors elle est venue ramasser les pinces et c’était elle qui se chargeait de ça

Oumar : et ça c’était le mot de passe

Angel : et euh oui quand quelqu’un testait

Edouardo : il faut faut dire que Pili c’était une chef de groupe de la résistance espagnole

Angel : oui

Edouardo :de la resis de la résistance espagnole qui travaillait dans une caserne euh pm euh et et bon c’est c’est c’est c’était une femme exceptionnelle puis je vous dit elle était elle était quand même chef de groupe d’un groupe de résistants espagnols qui ont fait qui ont fait d’aill d’ailleurs euh 8-10 jours avant avant la libération ils ont fait évader un groupe de prisonniers soviétiques et un pilote américain et qu’ils ont ils les ont caché pendant 8 jours jusqu’à jusqu’à la libération de Bordeaux etc.. c’est une femme exceptionnelle quoi

Angel : oui alors évidement moi eeeet et et de toute façon elle le savait que moi je n’avais pas le droit de participer dans des activités armées j’étais une informateur et un saboteur mais ça ça ça s’arrêtait là parce qu’il faillait que j’avais mes frères à protéger et puis tout le monde ne pouvait pas risquer sa peau

Edouardo : de toute façon toute façon ces ces les groupes qui étaient indispensables autrement on peut pas tout mélanger sans ça ça ne pouvait pas fonctionner

Angel : (grésillement) j’ai quand même été arrêté 5 fois (grésillement)

Oumar : ici à Bordeaux

Angel : Bordeaux ouis à Bordeaux depuis la la fuite de mon père parce que comme on avait on avait eeeeeeeeuh fixé des des lieux de réunions et moi j’étais à la place Mériadeck comme ça j’avais une chambre à louer chez une prostituée qui me l’a loué euh rue d’ Alon et on mangeait

Edouardo : rue d’Alon

Angel : rue d’Alon

Edouardo : oui

Angel : et on mangeait à la à la place Mériadeck en pleine place où il y avait la la brocante là le marché des

Edouardo : c’est c’est-à-dire que tu avais une chambre là une pièce parce que tu tu comment tu tu étais sorti de la caserne Niel

Angel : mais moi j’étais parti de la caserne Niel parce que qu quand je suis rentré au service d’amis je n’avais plus à la caserne Niel une place fixe tu comprends parce que du fait qu’il m’avait nommé là la nuit moi je n’avais pas besoin de chambre la nuit et il l’avait employé pour quelqu’un d’autre et moi j’av j’avais demandé l’autorisation de de d’habiter en ville alors comme il m’avait fait les papiers d’Angoulême d’espagnol libre avec ses papiers j’avais le droit de louer des des chambres

Oumar : permission

Angel : eeeet eeeet

Edouardo : y y avait on l’a dit il y avait les espagnols libres c’était c’était les gens qui

Oumar : ouais ouais

Edouado : qui était venu d’Espagne qui était là

Oumar : c’est des collabo

Edouardo : des collabo les collabo ou des franquistes des franquistes

Angel : c’était des gars c’était des gars qui venaient parce qu’ils étaient bien payés ici

Edourado : oui m’enfin ils

Angel : il il y avait de tout, y avait de tout

Edourado : il y avait de tout

Angel : il y avait de tout parce que

Edouardo : il faut il faut vous dire aussi que les franquistes a un besoin de contrôler les espagnols qui tra travaillaient sur la base et les espagnols qui étaient à Bordeaux et et et

Angel : ils envoyaient

Edouardo : ils envoyaient des gens des agents à à travers ces gens des espions des des qui qui servaient aussi pour pour démanteler la résistance

Angel : c’est pour ça et c’est pour ça que notre chef la l’in l’ingénieur espion Sala qui était un catalan euh lui il il était nommé par la résistance espagnole pour s’infiltrer à la base sous-marine et protéger les espagnols que l’on que l’on déportait là-bas

Edouardo : oui et puis aussi et aussi avoir une information précise de de de de l’avancement du chantier du chantier de comment était structuré le chantier pour quel quel quel quel point faible la base avait pour pouvoir le cas échéant faire les sabota la la la l’armée anglaise etc faire après sabotage l’armée

Angel : faut pas paralyser la base il fallait bombarder la base mais en venant du Nord parce que les balles traçantes comme là il pouvait tomber sur le les écluses et faire du mal mais si il tombait sur le toit ça ne faisait rien du tout et le reste c’était le bloc qui protégeait les carburants mais le carburant il était ? de canons anti anti-aériens et comme la la vôute était comme ça bombée et très très épaisse il fallait que sa tombe sur la pièce d’artillerie pour pour pour faire sauter tout ça et ça c’est c’est depuis là-haut c’était difficile

Oumar : d’accord

Angel : parce que eux ils tiraient aussi les les

Oumar : est-ce qu’on peut revenir à Mériadeck

Angel : oui alors à Mériadeck euh on était aaaassis à table au restaurant on avait dit les dimanches on mange ensemble parce que nous le dimanche depuis le ? on peut venir par le car des Landes à Bordeaux et on se réunit à Mériadeck et on fait le point sur la famille sur le travail et sur ce que sur ce qui s’est passé et bon on était là entrain de de manger et moi j’avais euh les livres allemands dans la poche même que c’était dimanche et j’avais mon passeport d’espagnol libre et alors la poli la police est arrivée ils viennent à table ils demandent les papiers

Edouardo : la police de Vichy

Angel : la police la police de Vichy ils viennent à table ils demandent les papiers papiers s’il vous plait bah lors mon père sort sort son son papier mais lui il n’avait pas de papier de protection c’était un paysan de la campagne des Landes qui travaillait la terre et alors dit Villar Villar Villar y ça me dit quelque chose lui dit à l’autre Villar bon bon on va l’embarquer on verra bien parce que ce nom me dit quelque chose euh vous vous êtes pas évadé de la base sous-marine par hasard il dit non toujours travaillé la terre moi moi la la marine je travaille la terre je suis paysan dit bon bon viens avec nous viens avec nous on va vérifier tout ça et alors il l’emmène et moi je me je me lève eet euh il me dit vous vous où allez-vous je dit je vais je vais au water euh les papiers je lui montre les papiers il dit espagnol libre et je n’avais pas le même nom que mon père parce que lui s’appelle Angel Villar

Oumar : d’accord

Angel : et moi dans les papiers d’espagnol libre il m’avait mis un nom Gérard Bon ou Don alors il regarde et dit ah bon bon bon allez on va t’appeler Gérard Gérard le catalan (grésillement) alors euh mo euh je m’en vais vers la cuisine et le gars de la du restaurant c’était un gars de la résistance majoquine il était de Majorque c’était les trois écus qui faisait l’angle de la place alors il me dit : va tiens va jeter ce seau de de merde à la cour et part par derrière et alors moi je suis parti pour voir est-ce-qu’on amenait mon père ils étaient partis je n’ai vu personne je m’en vais rue d’Alon où j’avais la chambre et voir si quelqu’un m’avait laissé une note ou quelque chose parce que eux ils étaient suivis aussi par des gars qui savaient où ils amenaient le monde bon ils l’avaient amener à Saint-Médard

Edouardo : au camps de Saint-méd

Angel : au camps de Saint-Médard et bon et là ces jours là je.. il dit ben euh écoute (bafouillement) ne t’inquiète pas ils ne peuvent rien lui faire parce que y a rien aucune charge contre lui et on saura où il est ne t’inquiète pas et alors il parle comme ça je savais plus j’avais plus de contact et y’a un gars qui vient à la base sous-marine le soir qui frappe à la porte il dit Villar Villar alors je dis merde j’ouvre je verrais qu’est-ce c’est dit ne t’inquiète pas on se tu ne me connais pas mais on se connait tu viens de Perpignan hein tu t’appelles Angel Villar moi je suis ton responsable-informateur alors même si tu me connais pas parce que je viens d’être nommé dans le secteur tuuu tu peux contrôler à travers la Pilli qui se suit mais tu es à mes ordres et ton père est à Saint-Médard il a été arrêté parce que ils avaient ils avaient dans une liste de fugitifs de la caserne Niel à la caserne ils l’ont mis là-bas avec euh Monsieur Vasquez un galicien qui qui était dans le même cas évadé là-bas ils sont partis tous les deux à Saint-Médard et puis bon après ceux-là ils les employaient à la base sous-marine dans la cloche qu’on appelle c’était les tubes à pression pour enfoncer les les masses des des de béton qui était formé ils ils les descendaient comme ça et la pression chassait l’eau et eux ils devaient chasser le gravier que la pression les chassait pas pour faire le vide pour les tubes carrés et quand te la quand il y avait un accident là-dedans c’est pour ça que moi j’avais toujours attention à ces câbles qui alimentaient la le moteur de des tubes parce que là-dedans et que il y avait du monde dedans et un jour il pouvait y avoir mon père aussi bon beh un jour il y a une pelle qui a coupé un câble le la pression s’est arrêtée sch c’est tombé d’un coup et eux écrasés tous là-dedans y en avait 17.

Juliana : ce que tu disais là tout à l’heure c’est quand tu étais

Edouardo : 17 17 17 tués et c’était tous des espagnols

Angel : 17 tués oui oui des espagnols

Edouardo : qu’on avait puni à à la cloche

Angel : oui oui à la cloche et alors évidemment il y avait quelques … pour les sortir alors le (parle en allemand) les autres avaient le pistolet pour en cas qui se rebelleraient et l’autre il avait raison il a dit ils sont morts ils sont morts on va les enterrer là ils sont enterrés il y a rien à faire pour les sortir de là alors euh capoute capoute et et reparature vite il faut continuer le arbeit et je disais dans le fonds pe pour eux c’est une logique

Edouardo : oui mais

Angel : les gens qui qui meurent

Edouardo : vous connaissez les gens qui étaient là-dedans

Angel : (grésillement) non moi je ne les connaissait pas non non non parce que ils rentrent dans les tubes anonymes nous quand on l’a su c’est quand le câble coupé à à l’interrupteur de eeeeeuh du transformateur ça a commencé à sonner à j’ai dit : merde c’est les câbles de du tube il y a eu un accident et alors c’est à ce moment là quand on quand on a l’a l’a l’a branché qu’ils ont réparé on le voit je suis allé là-bas oui mais c’était déjà en fonction et les autres étaient enterrés là-bas et c’était à quelques mètres il y en avait 17 17 ils sont tous ? enterrés enterrés sous la grave (toussotement) eeeet et voilà ?? ça fait que de des choses comme ça s’est passé et l’autre me dit : dorséna dorsénavent il faut qu’on se mette d’accord pour se voir et parce que euh c’est moi qui doit te transmettre les ordres de ce que tu dois faire et eeet il va falloir que que du fait que tu es dans les transformateurs la nuit tu vas changer parce que à rue d’Along c’est un nid d’espions y a beaucoup y a beaucoup de dénonciateurs (hum hum) et tout ce qui se passe dans le restaurant « des trois écus » c’est la faute de ces alors tu abandonnes cette chambre la prostituée n’y est pour rien parce que c’est une collaboratrice de la résistance et elle fait son métier mais elle fait le reste et mais tu dois quitter ça et nous avons une chambre cours Victor Hugo rue Hugla au numéro 16 elle est tenue par des résistants français alors là tu as une chambre qui est à mon nom ça fait que toi tu travailles la nuit moi je l’occupe la nuit et toi tu peux l’occuper le jour mais il faut jamais que l’on se trouve ensemble qu’on se coince pas c’est-à-dire qu’il y aura une heure d’intervalle entre le temps que j’y ailles

Oumar : après quand vous arrivez où et mais il était espagnol lui

Angel : oui il était espagnol oui et alors un jour bon ça allait

Edouardo : son nom de guerre ?

Angel :eeeuh euh nous nous on l’appelait LE MADRILES EL MADRILES mais c’était Alberto Bradoza c’est un copain à Arias euh enfin Arias est le copain du mari de sa femme parce quand on l’a arrêté Antonio Arias quand on l’a arrêté beeeh euh il était avec cette fille mais il était pas marié mais elle était enceinte et après elle sait marié avec le copain qui qui lui apporté la l’avis qu’il était mort au camp de concentration il est mort à la libération parce que comme on leur donnait très peu à manger quand les libérateurs sont arrivés ils ont gouffré de nourriture et et il est mort d’indigestion

Oumar : qui ça leeeeeeee le patron alors le se votre chef de

Edouardo : dans quel camp de il est mort en Allemagne

Angel : vata bergen haussen

Edouardo : Bergen Haussen

Angel : Bergen Haussen et évidement moi euh on a été comme ça et matin maintenant ils vendent du travail à mon heure je vois un gars Cours Victor Hugo qui s’approche de moi moi je le connaissais pas je connaissais sa femme c’était le patron de l’hôtel il me prend de par le bras vient vient suis moi suis moi il me fait rentrer dans un bar et 2 cafés puis on est allé au fonds de la salle et ne vas pas à l’hôtel ils t’attendent qui qui m’attends et alors on va pas jouer à pile ou face je dis ils t’attendent ils ont arrêté ton copain (bruit)hier au soir ils sont venus l’arrêter eeet c’est Anglade qui l’a et sa police qui l’ont emmené pour interrogatoire alors il y a un groupe de surveillance et une souricière pour toi ils te ils te connaissent pas ils savent pas ton nom comme ça et comme dans ta valise il y avait que du linge parce que moi je suis allé fouiller quand même entre la relève de la garde et ceux qui l’ont arrêté moi s’il y avait quelque chose qui te compromettait y’a rien alors mais il faut plus que tu viennes alors j’ai ordre de te dire que tu vas aller manger Paul Domin rue Place Paul Domer à la rue de la Course rue de la Course s’est tenue par deux femmes qui sont femmes de prisonniers français alors euh en toute confiance elles savent ce qu’elles doivent faire avec toi mais moi je t’explique plus rien bon moi le matin j’attends à l’heure de manger je m’en vais rue de la de la Source là-bas rue de la Course puis je rentre et la bonne femme m’a dit vous voulez manger je dis non je voulais voir si vous pouviez me donner des des nouvelles du Madriles vous savez celui qui vient toujours avec des des filles pour pour euh ici là parce qu’il avait quelque chose pour moi il dit ah bon euh nne ne craint rien tu es en sécurité alors je vais t’expliquer quelque chose si quand tu rentres ta table est celle-là si ta serviette est avec la pointe vers la porte tu me demandes si je peux te donner à manger je te dis non et tu t’en vas parce que c’est qu’on a un n qui qui va y avoir un contrôle il faudrait pas qui qui t’attrapent puisqu’ils savent quand même que Madriles fréquentait des gens qui viennent manger ici ils sont déjà venus ici alors il est lui il est à la Place Tourny à l’interrogatoire de la police politique de l’Anglade alors fais attention si jamais on t’arrête tu ne sais rien mais ça c’est ça serait si la serviette vers la pointe tu ne restes pas dedans et autrement bon je rentre la serviette était bien … je m’assied je suis entrain de manger et la police arrive ils demandent les papiers et tout puis ils arrivent à moi vos papiers alors je lui montre les papiers des allemands …(hum hum) carte prioritaire et tout ça il dit qui s’est qui t’a donné cette carte oh je dis le commandement allemand allez leur demander parce que moi je ne les connais pas ils sont tellement nombreux pour pouvoir leur demander téléphonez leur il dit bon bon alors il l’a prend il dit : t’as pas d’autres papiers d’identité je lui dit : non dit et avec ça tu circules je dit oui parce que moi je je suis du service de sécurité dans la base sous-marine et j’ai que ça pour rentrer et sortir et comme euh je je n’aime pas manger de s mangers de thermos je viens manger ici bon beh tu vas nous accompagner ça ne te gêne pas non j’ai dit non pas du tout seulement je vous avertis moi à 2 heures je prends mon service et je suis pas à la base c’est moi qui ait les clefs eh beh le euh le bounkeri sera fermé et si il se passe quelque chose je veux pas être fusillé parce que parce que je vous ai accompagné ah oui il vaut mieux que vous téléphoniez vous leur dites que si si vous comptez me garder longtemps en votre compagnie qu’ils viennent chercher les clefs parce que moi je peux pas leur porter m’ont dit bon bon ne t’énerves pas comme ça on t’as rien dit on t’as rien fait allez suis nous ils m’ont amené à la rue de la Victoire Américaine par par derrière la Place Tourny bon il me dit : assieds-toi là ils me mettent dans dans un une pièce où il y avait un balcon qui donnait au souterrain et là il y avait un passage où l’on passait des prisonniers là que l’on interrogeait et de temps à autres t’entendais les gens crier comme si on les torturait où quelqu’un qui criait pour te mettre à en condition pour te (oui c’est ça)alors moi j’av un moment donné euh je vois une porte qui s’ouvre et il commence à sortir du monde et parmi eux il y avait mon mon chef de groupe qui était en mauvais état et tout ça et alors ils leur disaient vous connaissez le gars qui est assis là penche toi un peu putain n’aies pas peur tu vas pas tomber

Oumar : en vous parlant

Angel : en me parlant à moi (ouais ouais) penche toi un peu putain tu vas pas tomber non il y a la grille alors je me penchais je dis (baragouine)c’est pas la peine de de se fâcher pour ça je me penche eeet euh vous le connaissez ce gars là lui ils disaient non non non non non tous et après ils m’ont … t’as connu personne de cux qui sont passés en bas et beh je dis je vous dirais sincèrement que non parce que c’est très difficile de reconnaître des ? quelqu’un qui a la figure ensanglantée qu’ai plein de coups partout moi je n’ai connu personne ah dit ah bon c’est ça alors attends assieds toi là il m’apporte une un carton de chaussures lein de photos dit bebeuille écoute attention qu’on s’occupe d’eux tu vas t’occuper de ça tu tries les photos de ceux que tu connais

Oumar : (rire)

Angel : et tu les mets de côté et lui m’avait dit est-ce que t’as pensé qu’un jour on peut nous nous arrêter alors il faut savoir ce que l’on ce que l’on doit dire (hum hum) alors si c’est toi qu’on interroge tu ne me connais de rien que de ce que je mange dans le même restaurant que toi et que je viens toujours avec des filles jamais les mêmes c’est vrai il avait des et jamais les mêmes et que toi tu as l’impression que je suis un souteneur (hum hum hum) qui les exploite (hein hein) a et tu t’arrêtes avec proxénète et tu t’arrêtes là et moi je te jure pour un ? que ils peuvent m’étriper je ne te connais de rien et ils me feront rien dire alors ne ne va pas tomber dans le piège qui vont te dire votre copain à dit si votre copain a dit là bon alors moi euh j’ai dit de de toute façon si on te montre les photos de moi ne dit pas que tu ne me connais pas parce que ils savent ils vont savoir déjà que tu manges (sonnette qui retenti)dans le même restaurant que moi tu dis que tu me connais que tu me connais de ça effectivement moi à merde

Edouardo : ça va ça va

Angel : y avait y avait une photo de de Madriles qu’après j’au su que c’était Alberto Branza et je l’a prends et je l’a met de côté je trouve les autres j’ai pas de problème je le connaissais pas en plus c’était vrai je le retourne je dis ouh t’en a connu un quand même t’as fait un effort hein et tout à l’heure tu m’a dit que tu le connaissais pas j’ai dit ne me dite pas que vous m’avez montré celui là (hum hum) parce que bon de ceux que vous m’avez montré je peux reconnaître personne ils étaient tous tous plein de sang partout dit ah bon il y a que le sang qui te gêne toi mais euh fait attention de faire un effort de mémoire parce que tu risques de sortir comme eux je dit pour quelles raisons qu’est-ce que je vous ai fait moi je dis qu’est-ce que je vous ai fait moi moi je travaille pour les allemands et c’est et c’est vous qui m’avez remis au gendarme parce qu’on m’a arrêté à Perpignan pour m’emmener ici travailler pour les allemands alors si j’ai fait quelque chose de mal c’est à vous de vous le reprocher parce que moi j’étais dans un hôpital à Perpignan pour soigner les malades du camp et c’est par votre faute que je suis là dit bon tu vas la fermer oui parce qu’autrement tu tu commences avoir un peu peu peu trop d’argot et les poulets … dis bon d’accord alors celui là je le co et de quoi tu le connais eh beh je le connais parce qu’on mange dans le même restaurant eeet et je ne pas aller plus loin parce que ces des gars que je n’aime pas fréquenter ils viennent toujours avec des filles moi j’ai l’impression que c’est un un souteneur et moi ces gens là je ne les fréquente pas avez dit bon bon bon on va voir on va réfléchir me dit non je dis c’est vite fait il faut que vous téléphoniez parce qu’on va être vite 2h et moi je veux pas être fusillé par les allemands parce que j’ai abandonné mon poste que ça c’est … la sécurité électrique dit bon bon si vous leur téléphonez et puis c’est tout qu’ils viennent chercher les clefs et moi ce moment là je reste avec vous le temps que vous voudrez je vais pas changer d’avis je peux pas changer d’avis j’en ai pas une autre alors il revient avec mes papiers mes clefs dit tient mais ne me prend pas pour un imbécile si on t’arrête encore une fois tu seras pas interrogé tu seras fusillé d’office tu vois et ils vont d’être déporté en Allemagne mais toi tu seras fusillé d’office parce que tu es trop malin … dit je vous remercie mais je ne vois pas en quoi c’est vrai je suis un une pauvre victime de la guerre franco-allemande puis c’est tout après avoir subi celle de l’Espagne c’est tout ce que je peux dire et jet je vous manque pas de respect alors dit bon bon bon allez allez fout le camp mais que que je te revois pas ici parce que t’ias au peloton d’exécution de suite bon

Oumar : et c’est un policier français qui dit ça

Angel : c’est un chef de la police d’Anglade

Edouardo : la la la ah c’est Anglade

Angel : Anglade

Oumar : Anglade il s’appelait

Angel : le chef de la police oui c’était lui que les autres lui il a été fusillé après sa fille est venue lui supplier d’intercéder en sa faveur mais c’est ça ça elle l’a déjà dit eh bon alors euh je m’en vais là-bas et de toute façon là-bas je téléphone à mooon chef espagnol je dis voilà ce qu’il m’est arrivé tout ça je dis ne t’inquiète pas je vais en parler à Monsieur Delose et ne laisse pas s’occuper de toi … et j’ai dit non non c’est arrangé moi je leur ai dit que je voulais pas être fusillé par les allemands parce qu’ils me font abandonner le poste alors q’est-ce-que je dois faire il dit tu continues où tu viens manger chez nous il habitait rue des menuts ici à l’entrée … wouah à côté de Saint-Michel (Saint-Michel) où alors tu vas tu continues au restaurant faut pas que eh bon j’arrive au restaurant le restaurant il avait fermé et alors euh ils avaient arrêté des femmes ils avaient déporté parce qu’ils en ont gardé … et alors bon euh il a fallu que je cherche d’autres restaurants pour aller manger c’est tout et ça ça continue comme ça et alors après et come ils avaient arrêté mon chef d’informations je recevais plus de d’ordres de personnes j’ai dit putain ils ont pas tous il sont pas tous arrêté alors j’ai essayé d evoir la Pili à la distribution de et je lui ai dit je dis comment ça se fait qu’on a qu’on a aucune notion de ça il dit méfie toi parce qu’il doit y avoir un pour pour l’instant tu t’arrêtes ne fais plus rien parce qu’il doit y avoir une filière qui a été infiltrée par quelqu’un et il va fal il va pas falloir que tu fasse tomber tous les autres tu t’en est bien tiré c’est coupé c’est coupé alors tu attends que on te contacte et celui qui te contactera il te portera les notions que nous on leur donnera pour que tu saches que il te connaît il est de confiance et bon ça c’est passé comme ça et un beau jour on arrive

Edouardo : tu es resté combien de temps comme ça

Angel : oh beh on est resté comme ça trois mois trois mois et alors après au bout de trois mois il commence à y avoir des on voyait pas les mêmes gardiens et puis y’a

Edouardo : ça se passait à peu près à quelle époque

Angel : Oh c’était en quar quarante-quatre déjà hein c’était au mois d’août 44… presqu’à la libération

Edouardo : mais t’étais toujours sur la base sous-marine

Angel :et oui moi j’étais sur la base sous-marine parce qu’on continuait à à assurer la l’alimentation électrique mais il n’y avait plus ni les mêmes chefs ni les mêmes ingénieurs ni rien et

Oumar : parce que c’était le vent de la défaite peut-être

Edouard : la la base était terminée

Angel : non non non non elle n’est elle n’a pas été terminée il y avait qu’un il y avait qu’un boxe d’essai pour les pour les écluses et où ils avaient fait rentré un sous-marin tout à tout à l’entrée était terminé et beh le les compartiments et les ateliers n’étaient pas finis

Oumar : donc la base n’a pas beaucoup servi

Angel : elle n’a pas fonctionné

Oumar : elle n’a pas fonctionné du tout

Angel : elle a fait que les services de d’essais les essais et d’une écluse parce que dans les autres il y avait les écluses qui fermaient mais il y avait rien dedans parce qu’il y avait qu’un sous-marin dedans

Edouardo : donc donc les allemands n’ont pas pu l’utiliser

Angel : non en tant en tant que base sous-marine non y’a eu qu’un sous-marin qui a fait les essais et l’écluse qui se ferme qui ne s’inonde pas et qui mette sur cale qui ont profité pour le nettoyer le caréner et tout ça et puis après euh ils ont rempli la asque? il est sorti il est parti en mission et on a rien vu d’autre là-dedans et à ce moment là beh euh un matin on arrive putain je dis qu’est-ce qui se passe ici je m’en vais au bureau où l’on me faisait les papiers pour me payer tout ça parce que moi j’encaissais deux fois une fois comme ouvrier de jour une fois comme ouvrier de nuit et comme on avait pas la même identité (rires) et c’était lui Espinoza qui m’avait trouvé la combine (ah ouais)les papiers d’Angou làlà d’Angoulême tu vas être payé et avec les papiers de la déportation de la caserne Niel tu vas être payé parce que ils sont comme des fous ils comprennent plus rien ils sont embrouillés tous les officiers tout ça qui étaient un peu intelligents les autres c’est des des gens qui sont bon à boire et c’est tout et s’ils boivent ils sont contents alors ne t’inquiète pas alors ça fait que j’avais deux salaires c’était bien mais … j’en ai eu aucun parce que le caissier est parti avec l’argent (rires d’Angel)

Oumar : ah ouais il est parti parce qu’il sentait la défaite non

Angel : ils s’appelaient Miré il habitait rue Jules Guesde du côté de la euh la santé navale

Oumar : ah oui d’accord

Angel : et alors euh la partie arrière et alors il avait disparu il est parti en Amérique avec le pognon

Oumar : c’était un français

Angel : c’était un espagnol

Oumar : Ah c’était un espagnol qui faisait la caisse (en rigolant)

Angel : c’était un espagnol (en rigolant) tout tout ça même les cerises étaient espagnoles? alors lui il est parti avec le pognon

Edouardo : (friture) il il il sait

Angel : (friture) tu l’as connu Sanguesa c était c’était le beau-frère à Sanguesa

Edouardo : le beau-frère à Sanguesa ça

Angel Villar : Sanguesa

Edouardo : alors et et Miré était comptable ou trésorier

Angel : Miré il était comptable à la base c’était il faisait la comptabilité des des employés et les salaires et les heures et il allait voir ceux qui avaient pointé ceux qui étaient

Edouardo : pour l’organisation TODT

Angel : pour pour la firme la firme électrique qui nous embauchait c’était des des maisons comme là c’était bien (donne le nom allemand)

Edouardo : c’était les les entreprises allemandes

Angel : c’était des entreprises allemandes et euh il faisait la comptabilité pour ces entreprises alors moi j’avais deux comptables un que c’était le beau-père à Espinoza parce que Espinoza était marié avec une des filles il avait mis son père de comptable et son beau-frère là-bas et eux ils trafiquaient tous les papiers et tout … alors ça fait que moi sans travailler je touchais davantage que les autres j’avais deux salaires alors j’avais le salaire de mon père parce que

Edourado : et ce Miré est parti est parti avec la caisse

Angel : il est parti en Amérique du Sud (il a du se cacher) à Saint-Domingue () ah non mais c’est que les allemands avaient disparu lui quand il est allé à la caisse avec le bon de fonds et qu’il a retiré le fonds avant de faire la distribution par chantier et par service beh il les a gardé à la maison voyant que que personne ne se présentait il y avait plus de chefs ils étaient tous partis vers le Médoc hein c’était l’évacuation et après maintenant ça fait ça été la capitalisation et nous on nous a embauché pour détruire ceux qu’on avait construit tout le blockhaus et tout ça

Oumar : ah le blockhaus ah ouais

Angel : le blockhaus qu’on avait construit à

Oumar : ah mais ça c’est (tout ça) le libérateur qui vous ont demandé les libérateurs qui vous ont demandé non Angel : oui c’était le service de libération

Oumar : c’est-à-dire qu’ils vous ont demandé de démolir ce qu’avait fait les allemands

Angel : oui et et alors on nous a employé à ça et c’était euh un basque Estenaga Estenaga qui était le fils de de la fille à Sastré una qu al josta ?? la guerre eeet celui qui nous a embauché là à l’enteprise MODE entreprise française déjà qui avait pris la charge de démollir tous les blockhaus et tout ça et beh on s’est employé à ça pour

Oumar : et ça c’est c’était en 45

Angel & Edouardo : c’était en 44 44

Oumar : 44 d’accord noter 44

Angel : c’était en août août 44

Edouardo : oui euh je voulais dire

Angel : la capitulisation après se fait en 45 mais

Edouardo : comment s’est passé la la libération là parce que la libération commençait passé qu’est-ce-que tu as vécu pendant la libération

Angel : oui pendant la libération oui

Edouardo : au moment de la libération

Angel : ah bon au moment de la libération moi je je continuais à occuper laaa la chambre que j’avais que j’avais loué à Talence

Edouardo : à Talence

Angel : à Talence

Edouardo : incompréhensible

Angel : oui j’étais j’étais parti du Cours Victor Hugo j’ai pas j’ai plus mis j’ai mis les pieds après pour aller les remercier ils avaient été arrêtés tous les deux eeet l’hôtel était fermé et puis après ils ont fait une maison d’étage mais pas d’hôtel ça n’existe pas mais c’est au 16 rue là on est allé avec ma femme je l’ai amené pour pour voir tout ça et lui expliquer comment ça s’était passé et alors pendant la la libération nous on était à Talence mais on allait à la caserne Niel parce qu’à la caserne Niel les allemands avaient chargé OTTO de prendre la suite du contrôle et des eeeeeeeeet de garder les espagnols là jusqu’à ce que le gouvernement français les prendraient en charge pour quelque chose et puis ils avaient des chambres ils dormaient on mangeait et puis nous on est là-bas et comme nous on connaissait OTTO mon père le connaissait bien parce qu’OTTO c’est un espion de qui travaillait pour les allemands contre la république espagnole mais il servait la république espagnole à Barcelone lui il était chef de la crime (el SIM) des des des bourreaux de la crime que la crime c’est le contrôle de deeee la résistance àààà à l’intervention armée eeet comme il y avait des ici il y a un Vasquez qui le connaissait très bien parce que Vasquez il faisait leeees dessins c’est un peintre Galliego un ami à mon père et qui faisait les dessins qui décoraient la les appels à aider la république contre les espions contre le les bombardements contre tout tout ce panneau que moi j’en ai trois ou quatre queeee je me suis procuré avec les livres de Picasso mais c’était lui qui le faisait la pub la publicité de guerre euh attention les les murs ont des oreilles soyez prudent quand vous parlez et tout tout ça c’était lui qui s’en chargeait et lui il avait connu

Edouardo : Vasquez

Angel : Vasquez oui

Edouardo : il était à Bordeaux

Angel : oui il était à Bordeaux rue de la Benauge rue de la Benauge et dans une de depuis la depuis la base quand il est parti de Saint-Médard il est venu reu de la Benauge et après il a fait venir son fils et sa femme et son fils est à Mérignac maintenant il travaillait pour Sud-Ouest son fils oui Antonio Antonio Vasquez bon et ça fait que ces ces gars là ils ils connaissaient OTTO et dans ces une revue de presse de laaa de la libération il y avait la résistance qui parlait sur lui et il continuait à inciter que les espagnols allaient travailler pour les allemands à ce moment là et qu’ils seraient bien payés qu’ils seraient bien nourris et tout ça et y avait … Federico c’était un chef de la résistance Villalba et Villalba et le dans le café où il les avait invité à prendre une boisson c’est lui qui s’est présenté et Villalba le connaissait de Barcelone et il savait quand on l’avait dénoncé comme espion parce que là il a disparu il est venu en France et après il s’est mis au service des allemands à nouveau et alors lui il est il disait j’offre à boire à tout le monde parce que j’ai quelque chose à vous dire j’ai une bonne place pour vous tous au lieu d’être comme ça dans les vignes comme ça que vous êtes vous irez travailler à Bordeaux pour les allemands vous serez bien payés bien nourris et bien logés et lui il a dit (OTTO) OTTO et lui il a dit et tu as le ventre bien gros mais tu dois avoir la mémoire courte mpi j’ai le ventre vide ma mémoire est très bonne alors comme tu essayes d’enculer j’ai dit t’as intérêt de partir d’ici vite parce qu’autrement le le déjeuner que tu veux servir tu vas te le manger tout seul mais celui de tous hein ce type là c’est un espion de la république espagnole il leur a dit c’est un salopard un fumier si Villalba

Edouardo : ça ça c’est à quel moment

Angel : et Villalba

Edouardo : à quel moment

Angel : mais je te dis que ça je le sais par la presse de la je sais pas à quel moment parce que j’avais le journal et je Edouardo : mais c’était déjà avant la libération

Angel : non c’était avant la libération c’était pour qu’ils viennent travailler à la c’était pour qu’ils viennent travailler à la … où ils habitaient à ici à Bordeaux à la caserne où au au chantier de euh de la base sous-marine

Edouardo : à quel moment c’était

Angel : ah bon c’était oh c’était a aaaaaau au milieu de l’année 44 déjà avant avant le mois d’août c’était c’était vers le début du mois d’août quoi dit dit non dit du du mois de mai par là c’était au premier trimestre parce que c’est un truc qui est venu après là euh la résistance a écrit cet article de l’affrontement de Villalba avec OTTO et OTTO après il a disparu d’ici mais comme lui il croyait qu’on était pas au courant de tout ça et beh il s’est il se connaissait très bien c’est y il te gardait très gentillement il te donnait la permission de sortir en ville que les allemands ne leur donnaient pas on pouvait naviguer eeuh quand te nous on avait déjà commencé à la libération à amener mes frères et soeurs ici à Talence à la maison qu’on avait pris il nous fournissait la nourriture pour eux OTTO Oumar : mais OTTO c’est un nom allemand il était allemand ou espagnol

Edouardo : non non mais il était il était il était là à la libération

Angel : à la libéra à la libé

Edouardo : est-ce qu’il était là encore

Angel : oui il était là encore oui (il était) OTTO il est il est resté il est resté ici jusqu’à ce que la caserne soit fermée

Edouardo : à quel moment elle est

Angel : eeeeet moi je sais que mon frère qui allait aux beaux-arts et qui venait chercher la nourriture à la caserne chez lui c’était OTTO qui donnait l’ordre de leur donner de la cuisine ils avaient un bon ils leur mettaient des gamelles pour cinq pour mes petits frères et puis pour les autres c’était c’était au mois de septembre octobre

Edouardo : il est resté jusqu’en octobre

Angel : jusqu’en octobre

Edouardo : octobre 44

Angel : oui oui

Edouardo : et personne ne lui a rien fait

Angel : ah non non parce que parce que la plupart des gens n’étaient pas au courant et celui qui qui lui a dit ça il était du côté de euh de Toulouse euh (…) c’était dans un vilage comme ça et puis il avait il avait organisé une réunion d’espagnols pour venir travailler pour les allemands à Bordeaux et c’est là que Villalba c’est emporté avec lui et Villalba l’écrit dans dans les livres tu sais la les livres que vous receviez vous je croyez que vous receviez que vous collectionnez ces ces ces revues parce que là où il y a la il y a l’enterrement de mon frère Tomas ça ça c’est paru deux mois avant ces ces ce journal et moi pour voir les gens comme ça pour voir ceux qui décédent ceux qui eu ce qui s’est passé j’ai vu ça euh Vi ? F Villalba denuncia a OTTO comme euh espion allemand au service deeee de Franco (friture) voilà

Edouardo : c’est c’est surprenant surprenant qu’étant qu’étant lui chef de la caserne Niel qui était un agent de la Gestapo en même temps que la résistance même française ou espagnole n’était pas au courant

Angel : il n’était pas au courant parce qu’il n’y a eu aucune dénonciation ni aucune non

Edouardo : même même Fuentes ne le savait pas

Angel : (grésillement) Fuentes … n’était plus à la caserne ni ni à la base sous-marine oui

Edouardo : (grésillement) à Bordeaux dans la résistance

Angel : mais pas mais pas OTTO OTTO est venu après OTTO est venu quand les allemands ont déplacé les officiers qui commandaient la le … mais ça OTTO est arrivé

Edourado : 41 42 Angel : non non non plus tard il est arrivé en quarant quarante-quatre au début de l’année 44 (…) OTTO oui

Edouardo : moi on m’a dit qu’il est arrivé au début

Angel : non non non parce que OTTO OTTO c’était l’allemand il s’appelait OTTO WEDDIGEN

Edourado : oui

Angel : c’est pas le même OTTO

Edouardo : ah

Angel : ah voilà oui c’est ça j’dis que les les gens confondent tout j’ai

Edouardo : il y a eu deux OTTO

Angel : j’ai des photos que je t’avais donné bien sur les le OTTO qui est resté là jusqu’à ce que l’autre OTTO a été nommé pour le remplacer quand euh les allemands ont donné l’ordre de mobiliser toute leur armée contre la Russie au front de l’est tout le monde partait au front de l’est et à ce moment là quelques jours après il est arrivé notre OTTO

Edouardo : ça c’est le premier OTTO

Angel : ça ça c’est le dernier ça c’est le dernier ça c’est l’OTTO que je t’ai montré dans la photo qui était ça ça c’est le traite espion (friture)

Oumar : le premier

Edouardo : le premier aussi

Angel : noooon le premier c’était un officier allemand le premier OTTO c’était un officier allemand en uniforme et tout OTTO WEDDIGEN il s’appelait

Edouardo : le premier

Angel : le premier oh c’est lui qui nous a rassuré

Edouardo : mais mais c’est c’était pas celui qui était aussi à la guerre civile en Espagne

Angel : non c’est celui

Oumar : c’est le deuxième

Angel : à la guerre civile c’est celui là c’est celui là qui était le chef de la crime à Barcelone

Edouardo : aaaaaaaaaaah

Oumar : il y a confusion

Edouardo : c’est c’est il y a confusion alors

Angel : alors ça ça c’est le même

Edouardo : donc c’est un officier allemand

Angel : c’était un officier allemand

Edouardo : c’est c’est un officier allemand qui commandait la la base sous-marine

Angel : (friture)il a command la caserne Niel

Edouardo : oui et puis après ?

Angel : et les soldats et les soldats allemands y avait il y avait un pavillon de soldats pour nous garder et tout ça c’était tout

Edouardo : il parlait espagnol

Angel : mais non non non

Edouardo : il parlait pas espagnol

Angel : non non lui il avait une interprètre

Edouardo : ah

Angel : une interprète qui parlait allemand qui parlait anglais qui parlait russe qui parlait polonais c’était un un interprète de

Edouardo : allemand

Angel : des des non espagnol

Edouardo : espagnol

Angel : d’office oui

Edouardo : le l’interprète

Angel : oui oui il est arrivé dans la zone libre je je vais te dire pourquoi parce qu’il y a une anecdote que eeeuh c’était lui qui accompagné tous les convois pour si il y avait un problème comme ça traduire il était tou toujours avec leee avec les prisonniers de la caserne Niel et quand on traversait la passerelle en bas de la passerelle avenue Thiers il y avait un kiosque à journaux et dans un kiosque à journaux il y avait une femmme dont t’on avait déporté le mari et alors il y avait un officier allemand qui s’est approché il disait hé madame madame Pariser Zeitung il dit non grand con je fais pas la Pariser c’est journaux français ne Paris Pariser Zeitung le Paris la nuit (hum hum) vous voyez il dit hé beh non mon con je l’ai pas que t’es un grand con et fous moi la paix eeeeet leeee l’interprète lui a dit faites attention parce que vous risquez beaucoup vous savez que qu’il y en a qui ne parle pas mais ils comprennent alors dit dit hé beh qu’est-ce qu’il va me faire un trou au cul j’en ai déjà un alors c’est tout ce qu’il va me faire vous croyez pas qu’il m’a qu’il m’a pas assez fait et vous voulez tuer mon mari déporté tout ça et qu’on crève de faim on fait n’importe quoi alors qu’il vienne me pas me casser les couilles et alors bon nous comme on … quand il y avait un truc comme ça on s’arrêtait on écoutait et alors le lendemain leeeeee le soldat demande à l’interprète là « vasiste » … grand con (hum) « vasiste » grand con et l’interprète lui a dit tein celui là on l’a bien insulté il doit y avoir ça veut dire grand chef grand chef gran … ohhh non non alors le lendemain il dit Madame Pariser Zeitung non grand con il dit Madame moi pas grand con moi petit con grand con c’est Furher grand con grand chef c’est Furher c’est Furher (rires) et alors dit ah bon bon allez fous le camp fous le camp tu me casse la tête et il est eeeet et et les gens rigolaient parce que ils savaient l’interprète … faites attention quand même ne ne me compromettait pas comme ça n’exagérait pas parce que bon lui c’est à il s’est arrêté adressé à moi s’il s’arrête à quelqu’un d’autre vous comprenez hé beh cette femme elle est déportée et puis alors soyez c’est très dangereux de jouer à des jeux comme ça hé beh voilà pourquoi je te dis que le grand chef c’était OTTO mais OTTO WEDDIGEN l’allemand et celui là il a été mobilisé quand le quand les russes ont commencé à à taper sur les allemands que c’était déjà en août quoi ou vers le mois de juillet en 44

Oumar : oui pour la libération M Edouardo vous avez parlé de au moment de la (brouhaha)

Angel : oui

Edouardo : le deuxième celui-là comment s’appelait

Angel : OTTO (rire) Edouardo : et son deuxième non

Angel : ah mais moi je ne le sais pas mon père le savait et puis Vasquez aussi le savait mais moi non no parce que (bruit) OTTO

Oumar : il y avait confusion sur sur ce que vous disiez

Angel : oui mais mais mais celui-là c’est un éléphant et l’autre c’était une girafe c’est pas la même mor morphologie

Edouardo : mais enfin lui lui c’était c’était c’était celui qui était à Barcelone

Angel : oui

Edouardo : qui était euh qui était un espion un espion allemand dans l’armée républicaine espagnole

Angel : oui

Edouardo : qui sa qui a infiltré l’armée républicaine espagnole

Oumar : à leur retour en France

Angel : et parmi les officiers espagnols parce qu’il … dans la crime

Edouardo : il était il était euh il il il était sur le front comment vous l’avez vécu exactement la libération

Angel : ah alors nous oui nous la la libération on l’a on l’a vécu simplement que c’était la l’abandon de tout de tout contrôle et que on commençait à ramener les les prisonniers qui étaient déporté en Allemagne et tout ça et on nous avez dit bon alors maintenant vous n’avez plus à qu’une chose à faire avant de préparer et d’organiser laaaa libération de l’Espagne puisque c’est bien entendu que personne en nous prêtera la main et beh vous allez vous occuper des prisonniers qui viennent de l’Allemagne allez à la gare recevoir les gens

Edouardo : oui mais le jour de la libération comment vous les avez vécu ?

Angel : le jour de la libération on les a vécu assez mal parce que d’abord on l’a vécu déjà par le la le fusillement de de este de Pablo Sanchez que

Edouardo : il a été tué il a été tué

Angel : nous étions d’un côté de l’autre quand on a appris ça

Edouardo : où est-ce où est-ce que vous vous trouviez exactement là au moment de la libération

Angel : nous on se trouvait sur le pont de Pierre parce que les les gens qui avaient libéré le côté de Libourne ils avaient ils avaient amené des femmes qui avaient collaboré avce les allemands et on les passait sous le pont nnnn

Edouardo : ça c’est le jour de la libération mais je dis (voilà) juste avant la libération

Angel : ah bé je vais te parler

Edouardo : le jour de la libération

Angel : le jour de le jour de la libération nous on les on les on les a pas suivi en tant que militaire parce qu’on faisait pas parti du … et les les or ce qe l’on nous donnait comme information c’était que il fallait organiser le défilé du stade municipal les

Edouardo : ça c’est déjà la libération

Angel : c’était la libération

Edouardo : non mais moi je parle juste avant les un ou deux jours avant la libération comme ça se passe

Angel : Ah bé nous nous on les a on les a vécu en en voyant le vide de ceux qui nous qui nous qui nous gardaient qui disparaissaient et on était livré à nous même on regardait d’un côté de l’autre sans savoir quoi faire parce que

Edouardo : y’a y’avait quand même les allemands euh gardaient le pont de Pierre puisque le pont de Pierre il a fallu le prendre d’assaut

Angel : ah non non non mais le pont mais le le pont de Pierre il n’a pas le pont de Pierre était gardé et miné mais le pont de thiers de Pierre il a été libre en toute période pace que nous on était à la caserne et on allait à la caserne chercher de la nourriture et on le traversait vers Bordeaux et il y a et il y avait rien il y avait que les allemands qui avaient installé des nids de mitrailleuses dans la place du côté Bordeaux le canon en face de Victor Hugo et l’autre enfoiré dans la colonne de d’artichaut que que personne n’avait n’avait vu celui là et quand ils ont donné l’ordre de ne neutraliser tous ces nids parce que euh c’est la colonne del Barbas lee c’est l’ooo l’officier qui qui ont formé dans la colonne il s’appelait ça les commissaires politiques il est venu nous trouver et il a dit euh il va falloir faire des mouvements de diversion pace qu’il faut euh enlever les charges euh qui vont faire sauter le pont de Pierre et si possible prendre les les canons mais ça c’est pour l’armée c’est pas pour vous mais il faut que vous fassiez diversion des … de diversion hé putain béh hé diversion diversion et et ils restaient plus qu’eux ils sont tous armés et nous on est pas armé il dit il dit mais la colonne vers la la 24 arrive ils arrivent de Libourne ils arrivent de la Dordogne ils arrivent du Médoc ils vont être neutralisés ils vont pas tirer ne vous inquiétez pas les armes ceux-là ils vont pas tirer et effectivement le nid de mitrailleuses de la place y’en a pas un qui a tiré et nous à ce moment là on on on a été ? sur le pont parce qu’on voulait voir le mouvement comment ça se passait et l’autre qui rentre par la caseta et qui passe dans le dans le creux du pont pour chercher les les les charges qui qui minaient le pont et quand il les a désamorcé et qu’il est sorti nous on était du côté de l’Arc de Triomphe parce que c’était sur sur la sur la place où il y avait les tramways

Oumar : Victor Hugo ouais

Angel : non je en allant sur les quais là il y avait tous les tramways qui partaient vers l’hôpital, par Alsace Lorraine et tout ça et nous on était là parce que pas en face des armes parce que là on pouvait s’abriter il y avait des tramways qui attendaient les gens et tout ça et puis il y avait des (sonnerie) des pilons de pierre et tout ça et on était là et puis on a on a vu du mouvement on a commencé à voir des voitures euh marquée FTP avec des FFI dedans et tout ça puisqu’ils descendaient et alors il y en a un qui me dit is Barbas is Barbas con a con a veinticuatro c’est Barbas c’est le mari de Paquita ah j’ai dit bon béh alors ça va on peut s’en passer non non non ne vous avancez pas parce que vous allez gêner euh si les autres tirent euh ils vont pas tirer parce qu’ils savent qu’ils sont cernés de tout côté et béh il avait quand même un mordu de de ceux qui préfèrent qu’on les tue mais il reste là et celui qui a tué Pablo Sanchez quand il a sorti il dit ça y est ça y est ça y est il avait les les charges à la main

Edouardo : mais mais le canon il a pas été neutralisé le canon

Angel : si si si autrement il il avait tié une fois sur l’Arc qui avait la qui avait l’impact et tout il devait tiré sur le cours Victor Hugo

Edouardo : qui sait qui l’a neutralisé

Angel : ah bah ça ça moi

Edouardo : on m’a on m’a dit que c’était euh justement euh le gars qui a qui a été tué qui avait neutralisé le canon

Angel : ah non non non n on parce que lui il est parti sous le pont il était à l’intérieur du pont quand les voitures sont arrivées lui il était déjà dans la sous le pont entrain de de chercher les armes et profiter du mouvement de tout ça pour et puis le les gars qui avaient la mitraillette du côté des tramways et puis l’autre il s’était rendu alors celui du celui du pont aussi les allemands celui du canon qui avait tiré un coup mais qui avait touché la l’Arc et puis après il s’est rendu voyant qu’ils arrivaient de partout, ils arrivaient du côté de la gare, ils arrivaient du côté du cours Victor Hugo, des des côtés de Bacalan et puis des côtés de Libourne alors il va … alors ils se sont rendus mais l’autre non l’autre quand euh l’espagnol sortait avec les cartouches il a tiré de depuis la fontaine là

Oumar : Mais oui cet espagnol qui a été tué c’est celui dont le nom figure sur la plaque euh sur les quais

Angel : oui oui c’est lui oui c’est lui qui était dans la division de Barbas

Oumar : et Barbas c’était c’était un commandant

Angel : commandante commandant Barbas on l’appelait Casado « phrase trop faible incompréhensible » du fait qu’il voyait arrivé des FTP de partout alors ils étaient que 4

Edouardo : je vais te poser la question puis tu vas répondre voilà euh disons il faut que enfin il faudrait peut-être déterniner un peu avoir des versions sur la mort du du l’espagnol qui est mort sur le pont de Pierre, de Pablo Sanchez qui est mort sur le pont de Pierre et qui soit disant avait sauvé le pont de Pierre voilà et ce qui se passait c’est que bon malgré l’évacuation des allemands de Bordeaux il est resté quand même une escouade importante qui qui devait qui contrôlait le pont de pierre jusqu’à la dernière minute et qui était chargé de faire sauté le pont de pierre

Angel : à la résistance

Edouardo : à l’arrivée à l’arrivée des des des maquis des nombreux maquis qui arrivaient par le Nord c’est-à-dire par par Libourne mais qui venaient qui venaient de la Dordogne qui venaient de de différents puisque puisque Libourne avait déjà été libérée soit disant et qui arrivaient et ces ces allemands cette unité était chargée de faire sauter le pont de pierre dès que les maquis arriv approchaient sur le pont de pierre mais euh voilà la question la question c’est que ils auraient été surpris d’après Angel ils ont été surpris par les groupes qui arrivaient par le Sud qui n’attendaient pas c’est-à-dire les groupes de Casado etc FFI qui euh bon qui euh euh arrivaient par les Landes qui étaient arrivés par les Landes qui s’étaient stoppés à l’entrée de Bordeaux avec d’autres unités de FFI français et qui avaient pris contact avec les groupes qui espagnols qui étaient à l’intérieur pour connaître un peu la situation dans Bordeaux et de comment comment opérer euh fin une une ligne de combat voilà les combats euh ont commencé soit disant place de la Victoire quand les les groupes les groupes de Casados ont arrêté et tu nous expliquais que vous vous qui étiez à Bordeaux comment ça c’est passé vous aviez reçu des des ordres oui

Angel : on a eu un informateur qui nous a dit il faut protéger le pont et pour le protéger il faut neutraliser les 4 mitrailleuses qui se trouvent et le canon qui se trouve en face du cours Victor Hugo alors il faut faire une diversion arrangez-vous comme vous voulez mais il faut protéger le pont et si possible qui y en ait un qui puisse rentrer sous le pont pour désamorcer les charges alors nous évidemment on sait dit comment faire une diversion contre 4 mitraillettes nous qui n’avons pas mitrailleuses qui qui n’avons pas nous qui n’avons pas d’armes on n’a on n’a même pas des grenailles ni rien nous on été tous des activistes informateurs et saboteurs c’était tout bon alors on avait même pas un pistolet pour imposer notre (…) alors on s’est dit ce que l’on peut faire c’est passer par les rues environnantes de la place du pont et et faire faire du bruit qui est les voilà les voilà ils arrivent les ils arrivent les ils arrivent les FFI ils arrivent ils arrivent ils ont là à Saint-Michel ils sont et puis ça ça va affoler les les soldats qui se trouvent sur le pont ne voyant rien mais quand les soldats qui étaient sur le pont on vu apparaitre des voitures de FFI et des ? qui venaient de toutes les directions non seulement par le pont comme eux ils attendaient à ce moment là ils se sont affolés et ils ont vu qu’ils ne pouvaient rien contre tous ce qui arrivaient sur eux et c’est ce moment là que Pablo Sanchez a profité pour s’introduire sous le pont « s’infiltrer dans le pont » à l’intérieur de la cavité du pont et désamorcer les charges ah c’est les autres déjà se sont rendus ce qui commandaient les mitrailleuses et – le canon- et le canon – le canon qui avait tiré quand même- le canon qui avait tiré un coup déjà en direction du …

Oumar : c’est c’est une somation mais est-ce que vous vous souvenez du nombre de soldats qui y avait ?

Angel : ah mais il y avait 5 soldats qui se sont rendus pas plus

Edouardo : 5 soldats mais il était plus parce qu’il y avait quand même 3 3

Angel : il y en avait 2 sur le canon – 2 sur le canon – 2 sur le canon et il y avait 3 mitrailleuses un deux trois ça fait cinq (…) il y en avait qu’un non non parce qu’ils étaient armé de façon à ce qu’un soldat puisse la la la faire marcher parce que les soldats (…) sur le front donc ils les évacuaient ils n’allaient pas les immobiliser ici pour ça pour une opération – il y avait 5 6 soldats c’est une petite escouade – et c’est que l’on avait pas prévu c’est que dans l’artichaut à l’intérieur il y en avait un que personne n’avait vu et qui se tenait à sa place et c’est lui quand Pablo Sanchez est sorti et que les autres s’étaient déjà rendu voilà

Edouardo : en en en en haut du pont de pierre

Angel : en haut du pont de pierre par la guérite où il avait entré il y en avait qu’une alors à ce moment là il lève le poing en disant ça y ait ça y ait ça y ait c’est désamorcé on a entendu tatatatata tout le monde s’est couché et lui il est tombé mort et c’était la mitraillette qui était dans le socle de l’artichaut

Edouardo : mais les allemands vous les aviez capturé

Angel : cela ce la ils les avaient déjà capturé ils s’étaient rendus – vous les avez les maquis les avez arrêté – ils les avaient montés dans une voiture ils les ont emmené pour les interroger -et c’est en en sortant dedans que le gars qui était resté (…) celui de l’artichaut qui s’était pas rendu

Oumar : c’était quoi l’artichaut exactement

Angel : c’est ce qui a là-dessus ça c’est la fleur de Macau

Oumar : si si moi je sais

Angel : Macau alors qui coiffe la colonne oui l’artichaut c’est ce qui coiffait la colonne

Edouardo : oui effectivement on voit on voit on voit

Angel : oui une meurtrière

Edouardo : une meurtrière

Angel : oui

Edouardo : et c’est par là que le gars …

Angel : oui il y en il y en il y en avait 3 de meurtrières et une entrée 4 sur le tanckle parce qu’il pouvait se tourner de ce côté de ce côté Edouardo : une fois qu’il a tiré il s’est rendu où comment où les les les les résistants ont tiré dessus Angel : c’est un accident qu’ils ont tiré sur le chauffeur de la colonne et lui a ce moment là il est sorti les bras en l’air ils ne l’ont pas tué ils l’ont arrêté et ils l’ont emmené pour pour l’interroger

Oumar : donc l’artichaut c’est la fontaine de la grave qui était sur les quais qu’on a rénové il y a pas très longtemps

Edouardo : et c’est et c’est celui là que vous que vous n’aviez que vous ne saviez pas qui avait qui avait hum

Angel : dedans parce que lui était bien protégé il était pas à l’air libre nous on comptait avec ce qu’on apercevait alors quand ils ont dit il y en a combien j’ai dit beeeh il y en a combien combien vous en voyez moi c’était invisible sur? la place du pont il y avait pas de fleurs il y avait pas de il y avait les voies de pour les tramways qui allaient à ce moment là au milieu du pont et ceux qui partaient vers l’hôpital et les autres vers la gare Saint-Jean, autres bus c’était visible mais tout ça c’était visible « bafouillement »

Edouardo : Sanchez quand vous l’avez récupérer vous l’avez emmené là sur la la porte enfin l’entrée de du du 54

Angel : il y a une personne de rapatriement qui est descendu avec des draps et une couverture pour le couvrir et bon

Edouardo : une femme je crois

Angel : une femme alors on l’a mis là dedans on l’a pris mais il était déjà mort il bougeait pas il respirait pas ni rien alors ils l’ont mis là dedans et après ils ont fait ma mise en bière là et de là est parti la l’enterrement que il y a les photos ici que tu -le lendemain- oui le lendemain et le lendemain et le lendemain Bordeaux était espagnol espagnol républicain parce qu’il y avait des français qui arrivaient de partout c’était pas des espagnols parce qu’il y en avait beaucoup trop le cercueil avait dépassé le grand théâtre en pile de daim ? de chaque côté ouverte 2 files

Edouardo : d’où il est parti vous dites le le

Angel : le cercueil de la principo de là où on l’a rentré cette femme elle a dit vous le laissez là vous allez on le veillera nous et puis voilà et puis -il est parti de là – il est parti de là et il était déjà rendu au grand théâtre et il y avait encore des gens sur la place du pont qui qui ne pouvaient pas commencer à marcher parce que c’était comme ça non ce jour là Bordeaux était républicain

Edouardo : espagnol

Angel : oui mais ça a duré très peu de temps de suite

Edouardo : tout le tout le tous les bordelais on fait un hommage à ce à ce à ce républicain espagnol et et avait

Angel : avait donné sa vie pour sauver leur pont leur pont le Pont de Pierre

Oumar : et justement tout à l’heure vous avez dit que ça n’a pas duré longtemps

Angel : non

Oumar : qu’est qu’ y a encore

Angel : ça n’a pas duré longtemps parce que le euh les collaborateurs commençaient à lever la tête et on le voyait dans les manifestations politiques à l mairie et partout on voyait bien qu’ils s’infiltraient tous euh on voyait des gars qui vous avez arrêté un des gars de police de qui avez arrêté mon père il était après chef de police à rue de l’épée pour faire papiers pour les espagnols hein c’était

Oumar : d’accord d’accord mais ça les les français ne le savaient pas mais vous les espagnols les résistants vous voilà vous avez vécu ces ces atrocités avec ces policiers

Angel : puis moi j’ai été bon après la libération j’ai été nommé à Prague au festival mondial de la jeunesse en délégation des étudiants espagnols par les UNEF Union Nationale des Etudiants Français et quand je suis revenu de Prague j’ai été arrêté par la police française hein

Edouardo: mais ça ça c’est déjà après

Angel : si c’est après mais c’est que ces 2 ans après c’est à en 47

Edouardo : 47

Oumar : ça c’est 47 mais justement en en en 45

Angel : en 2 ans en 2 ans la politique était pourrie

Oumar : la politique était pourrie

Angel : les maires de Bordeaux Basil beh il a été limogé et et ils ont fait taire déjà tous les euh tous les collaborateurs les facultés s’étaient pareils à ce moment là je suis revenu à la faculté de droit et à la faculté de lettres la plupart des des des dirigeants des des comités de la faculté s’étaient des collaborateurs Greta Gallabrece euh il y a avait la euh Maurice Duverger il y avait Ellul les présidents les professeurs de droit romain tout ça il y avait que ?

Oumar : Jacques Ellul était là

Angel : Jacques Ellul était là aussi il était professeur de droit romain à la faculté de droit de Bordeaux et puis bon euh il y avait les deux qui qui se sont tués en allant en avion dans les colonies pour faire ? le popular Bernard et l’autre le le doyen de la faculté comme maintenant je me le rappelle pas parce que

Oumar : on parle aussi de Marquet là en ce moment là il y a un livre qui est sorti sur Marquet aussi l’ancien maire de Bordeaux, il était collabo lui aussi

Angel : Adrien Marquet il était quand même il était quand même un un un fachiste il était pas il état pas socialiste

Oumar : hei hein et justement est-ce qu’on peut revenir juste au moment au moment de la libération, qu’est-ce que vous avez ressenti peut-être ça va être la dernière question (rires) parce que ça fait longtemps qu’on est avec vous euh mais la la libération qu’est-ce que ça vous a

Edouardo : ça a crée quand même quand même un enthousiasme à Bordeaux non au moment de la libération

Angel : la la l’enthousiasme le plus grand ça a été à la mort de Pablo Sanchez mais tout le reste non parce que tu ne voyait pas quand on a fait le défilé au stade municipal qu’on a été obligé de l’organiser parce que c’était nos nos FTP nos nos FFI qui était rentré en tête à ordre pour libérer Bordeaux et c’est libérer sans dégâts il faut pas oublier que si le canon de Victor Hugo avait pu tombé Victor Hugo il avait à le refaire à neuf

Oumar : quand vous parlez de vous vous les espagnols les résistants espagnols

Angel : oui – voilà- les résistants espagnols évidemment parce que moi comme je vous ai dit avant euh dans un conseil de famille j’étais interdit de faire la résistance armée je ne pouvais faire que la résistance sabotage et information alors évidemment je courrais beaucoup moins de risque que les autres mais n’empêche que j’ai été arrêté 5 fois c’était c’était quand même très très risqué et puis si tu pouvais te procurer une arme tu n’allais pas dire à l’allemand qui s’était saôulé qui s’était endormi à côté de son uniforme eh réveillez-vous et ça on va vous le piquer c’était nous qui le piquions et qui le donnait à la à la pile ou au service de récupération

Oumar : ouais c’est ce que disait Monsieur de … Bordeaux il y a tous les niveaux

Angel : si quelqu’un de voyait tu ne pouvait pas te défendre après il savait bien ce que tu avais fait tu étais déporté mais moi je l’ai je l’ai vécu la libération comme une déception très très grande

Oumar : hum hum

Angel : parce que j’ai vu des choses que qui n’allait pas avec ses les ça qu’il faisait croire pour arriver à ça et que et qu’on avait vu beaucoup des beaucoup des profiteurs qui qui apparaissaient comme des résistants et qu’on savait bien que c’était des des gars du marché noir qui avaient fait fortune qui gagnaient beaucoup d’argent et qui ne risquaient pas leur peau pour ça au contraire ils avaient les entrées partout et quand on a vu tout ça et puis qu’on allait on allait à des réunions pour essayer des de faire une ensemble euh de républicains pour pour aider l’Espagne pour faire de l’activité pour aider l’Espagne à libérer l’Espagne et ça on voyait que c’était saboté mais de façon terrible il y avait des provocations il y avait des des où on va comme ça bon et après ils ont ils ont dit bon tout ceux qui veulent qui veulent pas déposer les armes parce que le problème vient que quand on a demandé à la résistance de remettre les armes la résistance les a remis et comme les armes étaient prises contre les allemands il n’y avait aucune raison de leur remettre elles étaient pas elles étaient là pour garantir la République et non pas pour l’attaquer et à ce moment là c’est des choses que dès qu’on a remis les armes ils ont commencé à nous tomber dessus et quand la police est venu m’arrêter au retour de Prague eh beh j’ai dit merde alors j’ai dit où on va et pour savoir qui sait qui avait payé mon voyage

Oumar : la police française

Angel : la police française oui la DST Défense et Sécurité du Territoire en quoi je mettais en péril le territoire le péril c’était pour moi et puis bon euh tu voyais toutes ces choses là et puis ça ça te découragé

Oumar : mais je pense aussi que ce que disait Monsieur Edouardo en discussion que c’était le début de la guerre froide je pense aussi que ça pouvait on pouvait comprendre non pas comprendre mais ils pouvaient ce justifier par rapport à ça

Angel : oui mais il se il se il s’infiltrait déjà avec des choses qu’ils niaient ce qu’ils avaient promis

Edouardo : c’est-à-dire que c’est-à-dire que il est prouvé maintenant il est prouvé maintenant puisque s’est venu dans la série officielle dans la ça a été publié dans la dans des revues etc que déjà 2 ou 3 mois ou plus déjà avant la libération euh les gens les grands collaborateurs euh de la police etc beaucoup se sont faits faits ont crée des organismes de falsifications de documents

Angel : oui

Edouardo : de résistance

Angel : de résistance

Edouardo : qui qui se sont distribués pour pouvoir justifier ben euh ils avaient les éléments puisqu’ils avaient arrêté eux les gens ils savaient ils savaient ils avaient beaucoup d’éléments donc ils avaient beaucoup d’éléments donc ils ont ils ont pu dire bon on a aidé untel on a aidé on a aidé untel ou untel à se cacher etc mais il a été abattu parce que euh il avait parlé il y avait des services parallèles qui nous ont hein ou ils les ont tu comprends et et et mais nous nous avons fait évadé mais on a pas pu et on a on a des documents qui le justifie et ces gens-là évidemment ils se sont faits et ce ils ont ils ont ils avaient des documents comme quoi que ils ils faisaient la collaboration mais c’était pour aider la résistance

Oumar : voilà hum hum

Edouardo : et ça s’est apparu et ces gens là ont continué dans dans leur fonction via Papon et compagnie il y en a eu tout un tas comme ça ça maintenant s’est prouvé humhum et bon certain ont été démasqué mais d’autres n’ont pas été démasqué ils ont continué

Angel : là déjà nous on ne pourrait rien faire parce qu’on était on était en minorité absolu et puis c’était eux qui commandaient quand même ils faisaient ce qu’ils voulaient

Edouardo : il est un fait aussi qu’il faut souligner c’est que les groupes il y a eu euh au début des groupes armés espagnols à Bordeaux qui étaient armés parce qu’ils avaient parce qu’ils avaient pris de de desa rmes à l’occupant euh mais mais à au niveau régional c’était pas seulement à Bordeaux c’était des armes qui avaient été capturé mais au niveau régional et qui avaient été distribuée ? groupe armé à Bordeaux mais il est évident que tous ces groupes là la plupart de ces groupes sont tombés en fin 43 euh la la gestapo et la politique de Vichy avaient fait a fait un travail énorme pour démanteler tous ces groupes et les groupes qui ont été re réorganisé à partir de début 44 euh fin 43 début 44 c’était des groupes qui étaient à Bordeaux mais qui qui n’avaient pas pratiquement peu d’armes ou pas d’armes ils avaient des explosifs souvent qu’ils fabriquaient eux-mêmes parce qu’ils avaient des encore des des des spécialistes en explosif c’est pour ça qu’ils ont fait tout un tas de sabotages ils faisaient des incendies etc mais il il a été difficile de de de faire des actions armées comme ils avaient fait auparavant parce qu’ils n’avaient pas d’armes ça signi hein tu étais d’accord avec moi

Angel : oui oui bien sur

Edouardo : que que que que ils vous étaient difficile de passe enfin de participer d’une façon armée à la libération de Bordeaux puisque vous n’aviez pas d’armes vous aviez quand même peut-être il y a peut-être 200 ou 300 espagnols qui étaient dans les groupes d’informations etc euh sur Bordeaux mais qui n’étaient pas armés c’est pas avec un pistolet ou une gringue qu’on va libérer Bordeaux hum il fallait il fallait que les groupes qui venaient de l’extérieur qui eux surtout le groupe Casado qui était assez bien était bien armé parce qu’il avait eu accés à des parachutages etc qui ont pu euh faire le travail qui qu’ils ont fait

Oumar : d’accord je je vou voudrais pour pour pour aussi terminer attendez attendez 2 secondes c’était avant de répondre à ça peut-être je voudrais juste vous poser 2 2 petites questions c’était que sont devenus vos vos parents vos freres et soeurs et père aussi bon qu’est-ce qu’ils sont devenus parce que là on en a pas parlé et aussi voir un peu cette frustration qu’on eu les espagnols résistants espagnols par rapport au soi disant résistants français qui n’ont rien fait ou qui qui ont été plus ou moins collabo

Angel : moi je pense que le résistant français qui nous aidé à été possédé comme nous parce qu’ils avaient fait des promesses que ceux qui les dirigeaient leur avaient fait et après comme ses promesses n’étaient pas tenues ils étaient comme nous contre rien mais ils ne pouvaient rien faire parce qu’ils avaient remis les armes la seule chose qui donnait l’autorité c’était que la résistance était armée et elle avait le courage de de lutter contre l’occupant que les autres ils occupaient des des tactiques des marchés noirs des trucs comme ça de faire des bénéfices comme comme d’habitude

Juliana : ton père il est mort

Angel : mais mon père il est mort bien sur mon père mon père il est mort il est mort de maladies

Juliana : il est mort à quatre vingt-dix ans

Angel : quatre-vingt dix-ans et mon père et mon frère aîné Tomas il est mort aussi ici mais il est mort aussi d’un cancer à la gorge

Oumar : d’accord mais mais pas pendant la guerre ils sont morts après ils ont survécu et les frères et sœurs tout le monde a survécu

Angel : mon frère mon frère mon frère était que dans les bataillons quand il sait et enrôler volontaire on l’avait baptisé l’anguille parce qu’il se faufilait partout il passait partout et personne n’a

Edouardo : il a participé à la libération de quelle ville ? de Libourne il avait

Angel : Libourne

Edouardo : mais avant avant il

Angel : il avait été à Foix en premier dans l’Ariège

Edouardo : (bafouillement) dans les groupes de de résistants là-bas

Angel : oui oui et après ils l’ont ils l’ont amené vers Libourne parce que il voulait le rapprocher par de la famille pour qu’on puisse quand même euh (tout le monde parle en mêle temps)

Edouardo : il était où dans les résistants en Dordogne alors

Angel: il était dans la dans la Dordogne oui

Edouardo : on voit les photos et et il est venu avec les groupes de de qui venaient de la Dordogne

Angel : il a il a fait que naviguer d’un groupe à l’autre je ne sais pas pour quelles raisons peut-être qu’on leur ordonnait de changer pour qu’il ne se fasse pas repérer parce qu’il a été à lu saint-sauveur ? dans les Pyrénées

Edouardo : oui

Angel : euh il allait à pour les services de téléphériques c’était leur occupation de de camouflage il a fait toute cette zone après à chaque fois qu’il m’écrivait c’était j’ai dit celui là il fait que voyager je sais pas comment il fait la guerre j’ai dit beh il allait d’un groupe à l’autre

Edouardo : il était peut-être agent de liaison hein

Angel : hein

Edouardo : il était peut-être – oui -agent de liaison

Angel : de tout façon il il m’a dit ne t’attends pas à ce que j’te dise où je suis je n’ai pas le droit de le dire

Edouardo : c’est parce qu’il était agent de liaison

Angel : alors évidemment et dans la dans le combat de l’Ebre volontaire il était il cherchait de traverser l’Ebre à la nage pour aller voir les positions de l’ennemi et tout ça et venir rendre compte il s’en est tiré très très bien puisqu’il est vivant il a

Edouardo : c’est parce qu’il était il était au service d’informations

Angel : il a fait

Edouardo : des listes d’informations des républiques espagnoles

Angel : oui oui

Edouardo : il faisait les cartes il préparait l’information pour préparer les cartes

Angel : lui il était armé il était armé il avait toujours son pistolet mitrailleur et puis et du couteau il lançait très bien le couteau il faisait pas de bruit

Edouardo : donc donc donc il a participé à la Libération de Libourne après qu’est-ce il est venu à Bordeaux

Angel : et après il est venu à Bordeaux

Edouardo : et de Bordeaux il est parti sur le front du Médoc

Angel : non ils sont partis vers l’Espagne

Edouardo : ah d’accord vers l’Espagne

Edouardo : de de quel côté quel côté il est

Angel : ils ont passé les Pyrénées

Edouardo : non mais de quel côté il est parti euh

Angel : à mince

Edouardo : c’était à Tarbes c’était dans les Pyrénées

Angel :ça moi je le sais

Edouardo : Pyrénées Atlantiques

Angel : moi je le sais pas

Edouardo : non non en France en France

Angel : en France oui il est parti d’ici de Bordeaux puisqu’il était dans la réunion où ils avaient fait une réunion pour inciter

Edouardo : avec des unités

Angel : pour inciter les unités à passer

Edouardo : à passer

Angel : et moi j’étais contre ça bon c’est là qu’on c’est accroché parce que je ne comprends pas que on vient de finir une guerre on nous a fait des promesses et personne ne les tient et on va aller encore avec les ménuts pour se remettre dans la gueule du loup avec quelle avec quelle organisation moi moi je suis contre

Oumar : ah donc on vous a insisté les espagnols les résistants espagnols a Bordeaux en France de rentrer en Espagne pour continuer le combat contre Franco
Angel : c’est ça

Angel : puisque les gens qu’ont a servi ne tienne pas leur promesse c’est à nous d’aider ce qui souffre là-bas c’est très bien ça c’est très humain (surtout) mais quel avantage donne à ceux qui souffre là-bas de sacrifier ceux qui ont souffert ici et qui reste ici parce que moi moi j’estime moi j’ai dit j’estime que quelqu’un qui a fait 4 ans d’occupation et qui a fait 3 ans de la guerre … avec les espagnols et qui a passé dans le camps dans les montagnes et persécuté enfermé et interrogé tout ça combien avait de problèmes comme ça moi je crois que le problème de l’Espagne c’est un problème international et ils vont être libéré par tout ceux qui savent ce que nous avons fait pour les autres qui en fassent autant pour nous mais pas pas on rentre dans la gueule du loup et ça n’a pas ça ça ça n’a pas changé c’était bien ce comme je le pensais dés qu’ils ont passé la frontière ils étaient déjà donné d’avance ils ont été arrêté ils ont été on il ya il y a eu un massacre dés que c’était scandaleux et moi comme j’étais contre j’ai dit bon euh moi de toute façon euh j’ai une famille àààà à sauver de l’exploitation capitaliste j’ai déjà une bonne tâche que chacun en face autant et si tout le monde en fait autant pour sa famille j’aurais ramener une partie de l’Espagne qui sera libre c’est tout

Edouardo : qu’est ce qui il est resté au ? (incompréhensible)

Angel : en Dordogne avec Ester l’aînée des filles et à ce moment là à la libération on a écrit à la soeur en disant qu’on était en mesure de la délivrer de la occupation de nos enfants puisque la France était libre et qu’on avait une maison à Talence et qu’on avait déjà Sullima guérie avec nous et qu’on voulait recevoir les autres alors qu’on lui demandait quelles étaient les démarches à faire alors elle a dit la démarche à faire c’est deeeee m’envoyer votre désir de la recevoir et l’argent pour le voyage c’est tout je le ferai vous n’avez pas besoin de venir la chercher je le ferai moi vous voyez à condition d’avoir l’argent pour les pour les billets alors on l’a contacté pour voir combien on lui devait tout ça et il nous a dit euh ça le transport coûte 800 Francs à l’époque et beh bon euh pour le reste ne vous inquiétez de rien nous avons des services qui peuvent les accompagner jusqu’à à au couvent de Breton de la rue Calvet et là vous irez les recevoir où une responsable (…) vous les amenez donnez nous votre adresse on lui a donné l’adresse de Talence on avait loué en face du commissariat une maison qui était sur le cours Gambetta et qu’après ça elle a été démolie pour élargir le cours Gambetta à cause des tramways alors nous on s’est défait de cette maison après plus tard et ils sont sont venus là ils sont allées à l’école et puis ils ont grandi comme ça les filles ont commencé à trouver des fiancées les 2 grandes Sullima et Ester et Ester qui était bien intégré dans la dans lé religion catholique elle a été prise par la religion catholique qui la suivait de près et elle a fini dans les les scouts de France et puis ils y ont trouvé un emploi d’assistante sociale dans un bateau qui faisait Marseille – Maroc et puis là elle était assistante sociale et c’est c’est la qu’elle a connu … oui elle a connu un officier de commerce d’Afrique et bon ils se sont mariés c’était un français un fils de français et alors ils se sont mariés après il est tombé malade il a eu une fille et elle a un cancer au sein et mal soigné parce qu’elle s’est donné beaucoup plus à la religion qu’à la santé elle a fini par mourir du cancer et on l’a enterré ici

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Interviewer : Eduardo Bernad et Oumar Diallo
Lieu : Mérignac
Date : 25 septembre 2009

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