Combattantes de l’ombre

 

Si les femmes n’intègrent pas encore les combats armées des forces militaires lors de la Seconde Guerre Mondiale, elles n’en restent pas moins des combattantes sans qui la Résistance n’aurait pu être…

Combattantes de l’ombre

Les femmes résistantes, qu’elles soient françaises ou espagnoles, ont souvent des rôles plus ingrats mais tout aussi dangereux que ceux des hommes.

Qu’il s’agissait de la liaison entre les groupes, de cacher, nourrir, recoudre, soigner ou aider les résistants masculins tous les jours, les femmes sont celles par et autour de qui le quotidien résistant se réalise.

Mais elles aussi mènent ou participent à des actions spectaculaires. Elles sont réellement des pièces maîtresses du succès de la Résistance, mais souvent méconnues, car, malheureusement, dans les livres d’Histoire, seuls sont retenus les coups d’éclats militaires…

Combattantes de l’ombre

Pilar Claver dite « La Piluca »

 

« Pili » travaillait à la caserne Lütze, près de Bordeaux.

Elle était agent de liaison entre les groupes espagnols résistants de Bordeaux et de Montendre (Lot-et-Garonne, pour l’unité du commandant Casado dit « El Barbas »).

Elle transportait souvent, entre autres, de la propagande accompagnée d’un ami officier de l’armée allemande.

Après la libération, elle poursuivit son engagement dans la Résistance en passant clandestinement en Espagne. Elle fut arrêtée par la police politique franquiste.

Emprisonnée, elle mourut des mauvais traitements subis. Nous ne connaissons malheureusement ni le lieu de naissance de « Pili », ni l’endroit où elle fut enterrée…

Combattantes de l’ombre

Juliana Berrocal

 

Son parcours est digne d’une intrigue de roman d’aventure ou d’espionnage.

Juliana est née le 7 juillet 1925, à Salamanque, d’Augustin Berrocal (menuisier charpentier, militant à la C.N.T.) et d’Angela Martin.

Son père vient en France en 1930 dans la région de Bordeaux, puis, à l’automne 1931, sa femme et quatre de ses filles, dont Juliana, le rejoignent.

Ils résidèrent d’abord au Jard, à Mérignac, puis s’installeront rue Gensan à Bordeaux (St Michel)…

Juliana Berrocal (n°3)

Juliana ira pendant 5 ans à l’école publique rue Gaspard Philippe où elle apprendra à maîtriser correctement le français.

En 1936, après le coup d’Etat militaire franquiste contre la République Espagnole, le gouvernement français de l’époque promulgue un décret obligeant tous les ressortissants espagnols de moins de 10 ans de résidence en France, à réintégrer l’Espagne.

La famille Berrocal retourne ainsi en Espagne pour s’installer en Catalogne. Son père, Augustin Berrocal, s’engage dans l’armée et est envoyé sur le front d’Aragon.

Au début 1939 toute la famille revient en France.

Après un parcours semé d’embûches parfois très douloureux, Juliana se retrouve à Bordeaux rue du Port, toujours dans le quartier Saint Michel.

 

Elle est obligée à 14 ans, de travailler comme domestique.

Sous l’occupation, elle intègrera les « Etablissements Thierry » (où on fabrique également des costumes pour les soldats allemands) comme couturière à la chaîne Elle y restera 8 ans. 

Elle fait partie de l’équipe de basket des Cadets de Gascogne, rue du Cloître à Bordeaux.

Avec son père, elle intégrera la Résistance et profite des entraînements sportifs au Club pour porter dans ses affaires des messages ou des informations qu’elle remet dans des « boîtes aux lettres » bien déterminées à Bordeaux.

Certains jeunes de l’équipe de football des Cadets de Gascogne ayant des pratiques semblables furent eux arrêtés par la police de Vichy après avoir commis des indiscrétions.

Juliana et Angel Villar, résistant lui aussi, sont toujours bordelais et, plus que jamais, républicains.

 

Combattantes de l’ombre

Carmen Blasco

 

Une combattante hors du commun, profondément républicaine.

Carmen Blasco, née à Huesca le 17 juillet 1922 est la première femme de la M.O.I. (Main d’œuvre Immigrée) béarnaise et de la 10ème Brigade de Guérilleros des Basses-Pyrénées.

En tant qu’agent de liaison, un maillon essentiel de la logistique des maquis, elle est une de ces femmes Guérillerra de l’arrière front risquant sa vie au quotidien dont personne n’a parlé.

Pau :

Elle arrive à Pau à 9 mois, son père s’y installant pour travailler en Vallée d’Aspe. En 1936, elle perd un frère, partisan républicain, fusillé par les franquistes, puis en récupère un autre bien mal en point après son engagement face aux fascistes.

Sa famille le retrouve dans un camp de jeunes près de la Tour de Carol en 1939 très malade.

Début 1940 Julio Ferrer, l’oncle de Carmen Blasco devient un des organisateurs de la M.O.I. à Pau.

En 1941 Carmen participera à l’évasion de l’hôpital de Pau d’un « Brigadiste » allemand blessé pendant la guerre d’Espagne et recherché par la Gestapo.

 

Louvie-Juzon :

Carmen et Luciano passeront à la Résistance armée en devenant agents de liaison de la 10ème Brigade de Guérilleros.

Carmen effectuait la liaison entre la montagne, le maquis de Pédéhourat (vallée d’Ossau) et la plaine, les vallées entre les différents groupes et bases.

Aucun maquis ne pouvait se passer de cette infrastructure et de ces échanges de communications.

Ces agents de liaison courraient beaucoup plus de risques que ceux qui restaient au maquis dans les montagnes

 

Oloron Sainte-Marie :

Se déplaçant à vélo, ses principaux circuits étaient à Oloron, chez son contact le photographe Nicomède Gomez de l’U.N.E. (Union Nacional Española), Louvie-Juzon, Buzy au 526ème Groupe de Travail Étrangers (G.T.E.) où existait une importante structure clandestine.

Ingénieusement, un mécanicien résistant lui avait fait un montage spécial lui permettant de cacher des documents ou des petites choses dans le guidon ou le cadre métallique de son vélo.

Elle transportait ainsi durant cette période des courriers, des messages, de l’argent, mais aussi des vêtements, des médicaments et parfois même des valises dont elle ne connaissait pas le contenu.

Elle assurait également la liaison entre la 9ème et la 10ème Brigade de guérilleros des Hautes-Pyrénées.