L’histoire contemporaine de l’immigration portugaise prend ses racines dans et avec la Première Guerre mondiale, car, pour faire face à l’augmentation considérable de ses besoins humains et industriels, la France fera appel aux coloniaux et aux étrangers.
Le Portugal entre en guerre le 9 mars 1916 aux côtés des Anglais et des Français. En tout, près de 58000 soldats Portugais, appartenant au CEP (Corps expéditionnaire portugais) et au CALP (Corps d’artillerie lourde portugaise) sont envoyés sur les champs de bataille français.
Les soldats portugais s’illustrent notamment dans la bataille de la Lys, également connue sous le nom de bataille d’Armentières, du 9 au 29 avril 1918.
Beaucoup y perdent la vie, y sont blessés, emprisonnés ou disparus. Cette bataille et les sacrifices qu’elle a engendrés sont encore commémorés aujourd’hui au Portugal.
Le coût humain de la guerre est grand pour les Portugais : 2266 morts, 1991 disparus et 12508 blessés.
Le soutien apporté par les Portugais s’exerce sur le front mais aussi à l’arrière. En pleine guerre, le gouvernement français souhaite faire venir des travailleurs étrangers afin de prêter main forte à l’économie de guerre, à son industrie et à ses campagnes.
L’État se tourne en premier lieu vers ses voisins neutres, dont le Portugal fait partie. Le 28 octobre 1916, un accord de main-d’œuvre est signé entre la France et le Portugal.
Les travailleurs sont recrutés sur des contrats de 6 mois, renouvelables dans un turn-over important. Les Portugais sont ainsi répartis en France aux entreprises et aux agriculteurs en manque de main-d’œuvre depuis le dépôt de Bayonne, qui accueillent les travailleurs venus en train du Portugal.
Entre novembre 1916 et mai 1918, 13 800 Portugais arrivent pour travailler en France
Dès le lendemain de la guerre, pour faire face aux importants besoins de reconstruction et à la relance de l’activité économique, la France signe accord de main-d’œuvre avec l’Italie (1919), la Pologne (1919) et la Tchécoslovaquie (1920).
Les Polonais, arrivés en France grâce à la convention de main-d’œuvre, constituent dans l’entre-deux-guerres le deuxième effectif étrangers, comptant un demi-million d’individus recensés
Au même moment, La France tente de signer un nouvel accord de main-d’œuvre avec le gouvernement de Lisbonne. Le pouvoir portugais reporte la signature de cet accord, et fini par l’abandonner. L’absence d’accord de main d’œuvre prive le gouvernement français d’une potentielle arrivée massive de travailleurs Portugais. L’immigration portugaise connaît alors un afflux timide comparés à celles des pays signataires des conventions de main-d’œuvre.
Malgré cela, le bon démographique des Portugais en France dans ce premier XXème siècle est sensible. Certains des soldats et des travailleurs s’installent de façon permanente en France au lendemain de la guerre, dans les villages non loin des anciennes zones de combat.
D’un millier en 1914, ils sont plus de 10000 en 1921, année au cours de laquelle les Portugais apparaissent pour la première fois en tant que groupe distinct dans les recensements.
Le pic démographique de l’entre-deux-guerres, pour la population portugaise en France, est atteint en 1931, où quelques 50000 Portugais sont recensés en France. Il s’agit d’une majorité d’immigrants économiques arrivés aussi bien légalement qu’illégalement.
L’immigration clandestine est grandissante dans le Pays basque où des réseaux de passeurs espagnols introduisent clandestinement des Portugais par les sentiers pyrénéens.
Le nouveau point de passage de l’émigration portugaise est la gare d’Hendaye, où un dépôt de travailleurs portugais est érigé en 1919.
Entre 1919 et 1931, environ 70 000 Portugais transitent par la gare d’Hendaye
La république portugaise, établie en 1910 est en proie à l’instabilité et est vulnérable. Le coup d’État militaire de 1926 installe la dictature menant à l’Estado novo (1933-1974).
Un nombre important d’anciens membres du gouvernement et d’intellectuels portugais, allant des tendances libérales aux idéologies communistes, sont contraints à l’exil. Ils trouveront refuge en France, comme terre d’exil permanente ou temporaire, avant de se rendre au Brésil.
Cette période d’exil entraîne des séjours de personnalités portugaises importantes sur la côte basque, à l’image de Bernardino Machado, le dernier Président et Afonso Costa, ancien Président et Premier ministre
Aussi, Aquilino Ribeiro, un des plus grands écrivains du Portugal, passera par Hendaye en 1929. Il verra même son second fils naître à Bayonne en 1930, dont la mère n’est autre que Jerónima Rosa Dantas Machado, fille de l’ex Président Machado…
1910 : Proclamation de la République portugaise.
9 mars 1916 : Entrée en guerre du Portugal.
28 octobre 1916 : Accords de main-d’œuvre franco portugais.
9-29 avril 1918 : Bataille de la Lys.
1919 : Création d’un dépôt pour les travailleurs portugais à la gare d’Hendaye.
1921 : Les Portugais sont recensés comme un groupe à part distinct.
1926 : Coup d’État militaire au Portugal.
1931 : Environ 50 000 Portugais sont recensés en France.