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Les Portugais en France des années 1930 à la Seconde Guerre mondiale

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A partir de 1931, la France est touchée par le krach boursier de 1929, venant des Etats-Unis. A ce moment-là premier pays d’immigration au monde, la France rigidifie sa politique migratoire et sa politique sur les étrangers présents sur le sol français.

La crise économique s’accompagne d’un fort chômage au moment où la France compte 3 millions d’étrangers, soit 7% de sa population. Il s’agit d’une période où l’étranger est pointé du doigt et rendu responsable du chômage et des troubles du pays. La xénophobie surgit dans l’espace médiatique et politique. Les travailleurs désirables durant la guerre et à son lendemain deviennent indésirables aux yeux de l’Etat français et d’une partie de sa population.

En période de crise, la préférence nationale est installée avec la loi du 10 août 1932, où des quotas de travailleurs étrangers sont institués dans les secteurs en tension. L’indésirabilité des étrangers atteint son paroxysme avec la promulgation des décrets-lois Daladier, en 1938.

Dans un contexte politique, économique et social défavorable, un nombre important de Portugais se résignent à rentrer dans leur pays d’origine. Ceux qui restent en France sont sous la menace grandissante de l’expulsion, rapidement mise à exécution. D’autres bénéficient des caisses de chômage instaurées dans certaines villes, surtout en région parisienne.

L’effectif portugais de l’entre-deux-guerres connaît son apogée en 1931 avec environ 50 000 individus présents sur le sol français. Ils ne sont plus que 28 000 à la veille de la Seconde Guerre mondiale à cause des retours volontaires, des expulsions et des naturalisations.

En 5 ans, entre 1931 et 1936, la population portugaise en France baisse de 42%

Les pourparlers en faveur d’un nouvel accord de main-d’œuvre entre la France et le Portugal ont continué après l’échec d’un accord au lendemain de la Première Guerre mondiale. Le besoin de bras est important à l’approche de la guerre qui semble imminente.

Cet accord de main-d’œuvre franco-portugais est signé en 1940, mais ne sera jamais appliqué du fait de la défaite et de la chute de la République française. Durant la Seconde Guerre mondiale, des entreprises françaises embauchent des travailleurs portugais entre 1940 et 1944. Certains des émigrés portugais toujours en France sont soumis au STO.

Face à l’enrôlement de ses citoyens au STO, le gouvernement portugais ne lève que peu la voix de par son soutien idéologique aux régimes nazi et vichyste.

Les Portugais connaissent aussi les camps d’internements en France. En 1936, 11 000 Portugais sont présents en Espagne.

Ils s’engagent aussi dans la résistance et la lutte armée dès l’entrée en guerre de la France, le 1er septembre 1939. Il est estimé que 904 Portugais se sont engagés volontairement dans l’armée française.

Au cours des combats, au moins 30 soldats portugais sont morts et 300 sont faits prisonniers et envoyés dans les camps de prisonniers du Reich. L’engagement portugais continuera après la défaite française.

A l’inverse des Républicains espagnols, les résistants portugais ne forment pas de groupes de résistance précis. Environ 500 Portugais et d’origine portugaise ont pris part à la résistance, la moitié durant les derniers mois du conflit. Parmi ceux-là, uniquement 367 individus sont reconnus en tant que Combattant Volontaires de la Résistance (CVR). Les portugais prennent part à la Résistance de différentes manières. Ils sont au cœur de réseaux d’entraide, ils cachent des soldats britanniques, des prisonniers français, ils sont même à l’origine d’actes rébellionnaires et séditieux mineurs. Les Portugais prennent part aux combats menés par les Forces françaises libres (FFL) jusqu’à la fin de la guerre.

POUR EN SAVOIR PLUS

Unknown photographer, Public domain, via Wikimedia Commons

Dans la guerre, des résistants et Justes portugais agissent contre le nazisme et contre le régime de Salazar.

Aristides de Sousa Mendes est nommé consul du Portugal à Bordeaux en 1938. Venant d’une famille aristocratique et catholique, il brave les ordres du gouvernement salazariste pour venir en aide aux victimes de la guerre.

En juin 1940, il délivre 30 000 visas portugais afin de permettre à ces personnes de fuir la France en direction du Portugal. Il permet ainsi à environ 10 000 juifs de fuir les arrestations et les déportations du régime de Vichy. Il est rapidement démis de ses fonctions, en octobre 1940 pour avoir agi au contraire des ordres de Salazar.