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De la mobilisation à la débâcle…

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Le recrutement des différentes troupes coloniales se faisaient de plusieurs manières. L’armée française constituait ainsi ses bataillons indigènes par conscription (ou service militaire obligatoire) en Algérie et en Tunisie, mais au Maroc, l’engagement est dit « volontaire ».

 

Cette voie de recrutement était celle qui avait les faveurs de l’Etat-Major de l’Armée car, par ce biais, la France n’avait pas à ouvrir de droits politiques aux indigènes. Mais c’est bien de la contrainte économique et agricole dont dépendait grandement le volume des engagements volontaires. Moins une récolte était bonne, plus la tentation était grande de s’engager… et les années 30 seront celles d’une grande misère au Maroc, le pays ne pouvant accompagner sa croissance démographique d’un bon développement alimentaire, sanitaire et social.

Pour les jeunes montagnards marocains, s’engager c’était donc avant tout un moyen d’échapper à ce dénuement. Qui plus est, en temps de guerre, l’administration coloniale n’hésitait pas à tout faire pour augmenter le volume d’engagés. Les sergents recruteurs étaient fortement rétribués, les primes des rabatteurs augmentées et les adjoints indigènes notés au prorata du nombre d’engagés obtenus. L’administration coloniale exigeait ainsi des caïds un quota d’engagés pour chaque tribus. Les caïds, à leur tour, exerçaient toutes sortes de pressions sur les pères pour laisser s’engager leurs enfants (menaces de séquestre, amandes etc.).

Ainsi, dès septembre 1939, répondant à l’appel du sultan, les Marocains s’engagent massivement aux côtés de la France.

En mai 1940, la 1re Division marocaine résiste de façon héroïque contre les blindés allemands à Gembloux en Belgique, tandis qu’à la Horgne, dans les Ardennes, des éléments du 2e Spahis se sacrifient face à l’ennemi.

Pendant que de nombreux soldats ont pris le chemin de la captivité, en Afrique du Nord, en particulier au Maroc, les généraux Weygand puis Juin maintiennent les troupes de l’Armée d’Afrique opérationnelles.

LES DATES-CLÉS POUR COMPRENDRE

1940 : Les unités marocaines réussissent à repousser l’offensive des chars allemands à Gembloux en Belgique.

La campagne de 1940 se caractérise par la débâcle de l’armée française, mais il n’en demeure pas moins vrai qu’elle fut également marquée par de réels faits d’armes réalisés notamment par des unités nord-africaines.

Ce fut le cas de la Division Marocaine à Gembloux en Belgique du 14 au 16 mai 1940 qui pendant deux jours opposa une farouche résistance aux Allemands jusqu’à engager le combat au corps à corps. La défaite de 1940 s’accompagna d’un nombre très élevé de prisonniers : plus de 1800000 soldats français faits prisonniers en 1940,  presque tous capturés lors de la débâcle de mai et juin.

Une grande partie des prisonniers est d’abord envoyée dans les « Frontstalags » sur l’ensemble de la zone occupée. Les français seront ensuite majoritairement transférés Outre Rhin, alors que les prisonniers issues des colonies et d’Outre-mer restent cantonnés dans les « Frontstalags ».  Cependant, un certain nombre de prisonniers nord-africains connurent la captivité en Allemagne. Les Allemands renvoyaient dans les camps d’outre-Rhin, par mesure de discipline, les évadés des camps de France repris.

 

La défaite de la France eut pour conséquence la démobilisation et la remise à la vie civile d’une bonne partie des soldats nord-africains dans un contexte social très difficile. Au Maroc, les conditions de l’armistice imposèrent la réduction de l’armée à moins de 50000 hommes, cadres compris.

Environ 68 000 Nord Africains auront été faits prisonniers durant cette période.

 

L’espoir africain malgré la défaite européenne

A partir de 1938, la France remobilise ses contingents indigènes, devenus indispensables à l’effort de guerre.

Malgré les nombreux combats désespérés auxquels prennent largement part les unités indigènes, l’avancée de l’armée allemande est fulgurante en mai et juin 1940 et, le 22 juin, la France signe l’Armistice.

À la suite de l’appel du 18 juin du général de Gaulle, les territoires d’Afrique Équatoriale Française rallient la France libre et combattent sur plusieurs fronts en Afrique entre 1941 et 1943 contre les forces de l’Axe, notamment au siège de Bir Hakeim de mai à juin 1942 et à la bataille d’El Alamein en octobre et novembre 1942.

Les dates clés pour comprendre

1939 : Début de la Seconde Guerre mondiale (septembre)
1940 : Percée allemande des Ardennes (mai)
1940 : Entrée des Allemands dans Paris (14 juin)
1941 : Entrée en guerre des États-Unis

« Messieurs, donnez-moi un million de Sénégalais et j’enfonce la ligne Siegfried en une journée… »

— Général Bührer,
Chef d’état-major général des Colonies, 1939