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La France ne gagnait pas seule

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La participation des « troupes indigènes » aux deux conflits mondiaux varie selon les armées, les fronts et les périodes.

Aux côtés des huit millions de Français mobilisés de 1914 à 1918, les colonies fournissent six cent mille hommes. Tandis que certaines unités de tirailleurs africains, malgaches et indochinois servent en première ligne, d’autres sont employées dans les usines d’armement et les bataillons de travailleurs ou participent à l’effort économique dans les colonies. Quant aux fantassins et cavaliers maghrébins, ils sont pour la plupart engagés dans les combats.

Ainsi, du front français à celui d’Orient, sans oublier les opérations menées en Afrique, les « troupes indigènes » figurent dans toutes les batailles menées lors de la Grande Guerre. Leurs contingents sont fournis par les administrateurs coloniaux, qui s’appuient sur le volontariat dans un premier temps puis doivent avoir très rapidement recours au recrutement forcé pour répondre aux besoins de l’État-Major. Les régiments issus d’Afrique du Nord seront parmi les plus décorés du conflit.

« Le rôle joué pendant la Grande Guerre par les indigènes algériens a été grand, leur sang s’est mêlé au sang français sur tous les champs de bataille, leur acquérant des droits légitimes par des sacrifices communs… »

— Baron des Lyons de Feuchins,
Rapport sur le Bilan des pertes en morts et en blessés des nations belligérantes, 1924

LES DATES-CLÉS POUR COMPRENDRE

1914 : Début de la Première Guerre mondiale.
1915 : Recrutements forcés et volontaires dans différentes parties de l’empire.
1916 : Création du Service de l’organisation des travailleurs coloniaux (SOTC).
1916 : Bataille de Verdun.
1917 : Bataille du Chemin des Dames.

Les troupes marocaines dans l’armée d’Afrique en 14-18

En 1914, l’État-Major français hésite à faire combattre des soldats marocains sur le front européen car le Maroc est sous protectorat depuis deux ans seulement et sa « pacification » est encore inachevée. Mais le général Lyautey, résident général, insiste pour envoyer des goumiers (fantassins) et des spahis (cavaliers), qui ont fait la preuve de leurs qualités guerrières, comme forces auxiliaires, dans les récents combats du Maroc.

D’abord nommées chasseurs indigènes, ces troupes constituent une Brigade marocaine à deux régiments d’infanterie. Débarqués à Bordeaux en août 1914, ils sont lancés dans la bataille de la Marne dès le 5 septembre 1914. Ils s’illustrent par la suite dans de nombreuses batailles, notamment à Verdun en 1916 et sur le chemin des Dames en avril et juin 1917, puis à Soissons et dans l’Oise en 1918. Ces actions leur valent plusieurs citations à l’ordre de l’armée. D’abord acheminé en France en 1914, un régiment de spahis marocains est engagé sur le front d’Orient et se distingue notamment à Uskub (ex-royaume de Serbie).

Un convoi de spahis marocains s’apprêtant à se rendre sur le front, carte postale, 1914
Un convoi de spahis marocains s’apprêtant à se rendre sur le front, carte postale, 1914

« Disciplinés au feu comme à la manœuvre, ardents dans l’attaque, tenaces dans la défense de leurs positions jusqu’au sacrifice, supportant au-delà de toute prévision les rigueurs du climat du Nord, ils donnent la preuve indiscutable de leur rigueur guerrière. »

— Général Michel Joseph Maunoury au 1er Régiment de tirailleurs marocains,
septembre 1916

Les dates clés pour comprendre

1912 : Protectorat sur le Maroc avec le traité de Fès.
1912 : Création des troupes auxiliaires marocaines.
1914 : Constitution de deux régiments de chasseurs qui forment une Brigade de chasseurs indigènes appelée aussi Brigade marocaine (août).
1915 : Entrée en guerre officielle du Maroc contre l’Allemagne.
1915 : Création du Régiment de marche de tirailleurs marocains (RMTM) et du Régiment de spahis marocains (RSM).
1916 : Première citation du RMTM à l’ordre de l’armée.
1918 : Le RMTM devient le 1er RMTM, lorsqu’un deuxième régiment est créé.