En 2013, la France compte environ 1,3 millions de Portugais et de descendants de Portugais. L’invisibilité de leurs origines persistent alors même qu’ils restent une composante principale de la France d’aujourd’hui.
Les descendants des émigrés portugais sont nombreux à être grandement médiatisés. Au même titre que l’immigration italienne, les descendants de Portugais, désormais Français, ne sont plus renvoyés à leurs origines et sont des figures nationales et internationales.
Dans le domaine sportif, nombreux athlètes français, représentent la France dans les compétitions internationales en étant issus de l’immigration portugaise. Antoine Griezmann, célèbre footballeur français est un descendant de Portugais, il représente maintenant une figure important de l’équipe de France de football dans ses récents succès. C’est aussi le cas de Robert Pirès, Nando de Colo et de Morgan Parra, par exemple.
Dans le domaine de la musique, des personnes telles que Catherine Ribeiro (groupe Alpes et chanteuse en solo), Kool Shen (Bruno Lopes, du groupe NTM), Guy-Manuel de Homem-Christo (une des deux figures du groupe français Daft punk) et la chanteuse Lio sont des descendants, plus ou moins lointains, d’émigrés. Leurs origines ne sont que rarement mentionnés dans leur art et ne sont pratiquement pas associés au Portugal.
Le rapport des Portugais et de leurs descendants à leur pays et à leur culture est présent en France avec les associations portugaises. Mais le rapport au Portugal passe avant tout, en France, par la lusophonie. Parler la langue de son pays de naissance ou d’origine permet de conserver un lien identitaire avec le Portugal. Le rapport à la langue introduit un nouveau rapport au Portugal, plus distancié. La langue n’est pas systématiquement transmise aux enfants. Dans un pays où l’unité de l’Etat et sa légitimité sont passés par la langue, adopter le français comme sa langue maternelle témoigne d’une insertion sociale davantage française.
J’ai un regret aujourd’hui, c’est vrai que je l’ai [son fils] coupé un peu de sa langue maternelle. Et ça, c’est… c’est ma faute, je le reconnais…
C’est vrai que j’adore mon Portugal, c’est vrai que si j’avais les moyens je passerais un peu plus de temps au Portugal, mais… je sais que je pourrais pas avoir la vie… que j’ai ici. Mais pourquoi pas, peut-être à ma retraite, qui sait…
L’immigration portugaise est sujette à de nombreux clichés, préjugés et préconçus qui sont prégnants dans la société française. L’image du maçon portugais, poilu, moustachu, avec un fort accent et supporter de football est l’une des représentations les plus véhiculée de l’immigration portugaise en France. Cette personnification stéréotypée du Portugais se retrouve dans différents milieux culturels français (stand-up, cinéma, internet) et est assez populaire. La figure du Portugais dans la culture populaire est celle du père de famille mais elle est – moins fréquemment – celle de la mère de la famille, souvent concierge ou travaillant dans le service à la personne.
Alors même que la production culturelle portugaise témoigne d’une identité totalement différente, les productions portugaises rencontrent un écho limité en France. Les festivals de cinémas et l’œuvre culturelle générale qui traitent de l’immigration portugaise en France ne rencontrent pas les succès populaires que les productions qui érigent la figure caricaturée des Portugais. Les stéréotypes dominent les représentations collectives, continuant d’ancrer l’image d’un groupe social caricaturé…
Actuellement, le Portugal reste une terre d’émigration importante. En 2021, 60 000 Portugais émigrent, principalement vers des pays européens. Le Portugal, qui compte une population d’environ 10 millions de personnes, recense deux millions de citoyens vivant à l’étranger. Contrairement aux émigrations plus anciennes, l’émigration portugaise touche en priorité les diplômés des classes moyennes. En 2011, 40% de la population active des moins de 25 ans est au chômage. Pour trouver des emplois et pour être mieux rémunérés, les jeunes portugais quittent le pays. Perçue comme une migration désormais « ancienne », l’immigration portugaise reste pourtant importante. En 2023, plus de 600 000 Portugais vivent en France. Confronté à l’émigration, le gouvernement portugais offre désormais des aides de retour pour ses citoyens émigrés.
