Felesbina SEIXAS
Felesbina SEIXAS
/
Les séquences

Interviewer : Fara Pohu
Lieu : Bordeaux
Date : 24 avril 2014

Présentation

Dans le cadre de la collecte de témoignages oraux auprès des défenseurs de l’accueil et des droits des personnes migrantes, un entretien avec Mme Felesbina Seixas (Lusophonie), avait été réalisé le 24 avril 2014, à Bordeaux (33). Vous trouverez un résumé de cet entretien sur cette page, ainsi qu’une retranscription intégrale en cliquant sur bouton ci-dessous. 

Retranscription intégrale

Résumé de l’interview

Fara POHU – Et alors dans quel contexte est-ce que vous êtes arrivée en France?

Felesbina SEIXAS – Je suis originaire de Chaves au Portugal. J’ai vécu en Espagne, puis j’ai rejoint la France en 78. Et j’ai connu celui qui est devenu mon mari qui habitait dans la région de Pau.  

Et vous avez assez rapidement recherché des liens, à vous rapprocher de gens de nationalité portugaise ?

Mon mari avait entendu parler de l’association France-Portugal à Pau qui organisait un concert de José Afonso, lequel était pour moi quelqu’un de très important. Je n’avais pas pu venir à ce concert puisque j’ai eu l’information en retard. Mais cela m’avait interpellée et j’ai pris contact. 

J’ai donné des cours durant deux ans à des groupes d’une trentaine d’enfants à Lescar, à une dizaine de kilomètres de Pau. J’ai été membre de France-Portugal-Pau de 79 à 93.

Comment s’appelait cette association ? Et qu’est-ce qu’on y faisait ?

C’était France-Portugal-Pau fondée en 75 par des enseignants français en solidarité avec le 25 avril. Ils se sont rendus compte qu’il y avait un besoin de cours de portugais. Il y avait déjà un enseignant du primaire envoyé par le gouvernement. L’association a presque fait du porte-à-porte pour connaître les parents en demande de cours de portugais. Il y avait une situation bancale : les établissements scolaires disaient qu’il n’y avait pas de public et les parents disaient qu’il n’y avait pas de cours. Il fallait faire le lien entre l’offre et la demande. Puis trois enseignants de portugais ont été envoyés par le gouvernement dans le secondaire. Et en attendant que des enseignants arrivent, l’association France-Portugal a organisé des cours. J’ai donné des cours durant deux ans à des groupes d’une trentaine d’enfants à Lescar, à une dizaine de kilomètres de Pau. J’ai été membre de cette association de 79 à 93.

En 93, le nouveau dirigeant du bureau trouvait voulait des choses plus accessibles et plus tournées vers la tradition. Des dix-huit membres, treize sont partis.

En 93 qu’est-ce qui se passe ?

Nous organisions avec France-Portugal des grandes semaines culturelles et des échanges importants, notamment le jumelage avec la ville de Setubal. En 93, le nouveau dirigeant du bureau trouvait que nos activités ne convenaient pas. Il voulait des choses plus accessibles et plus tournées vers la tradition. Des dix-huit membres, treize sont partis. Parmi les treize, trois enseignants du secondaire ont créé l’association Lusophonie, dont le but était de faire des échanges avec des pays lusophones.

Donc, là on ouvre. On n’est plus sur France-Portugal, mais sur les pays lusophones. 

Exactement. Le terme “lusophonie” était peu connu. Et encore aujourd’hui. A Pau maintenant, on commence à le connaître en partie grâce au travail que nous faisons. Les trois fondateurs étaient Antoine Ramos, Dominique Friconnet et Monique Bovier. Leur objectif était de donner une vision de la langue portugaise plus large que le Portugal. C’est différents pays, avec différentes cultures. 

Aujourd’hui, il y a des liens entre l’université et votre association ?

Oui, un des enseignants, devenu président de l’association, est passé du lycée à l’université.  Il y a deux ans, nous avons fait une conférence et une exposition sur le Timor à l’université de Pau. Et nous faisons des échanges avec les universités lusophones. L’année dernière, le maître de conférence portugais Victor Pereira – qui travaille à l’université de Pau aujourd’hui – est intervenu.

Au moment du 25 avril, nous organisons les espaces de lusophonie avec des films où nous faisons venir le réalisateur, des conférences, des concerts et des expositions.

Sinon quelles sont les autres actions de l’association Lusophonie ?

Au moment du 25 avril, nous organisons les espaces de lusophonie avec des films où nous faisons venir le réalisateur, des conférences, des concerts et des expositions. C’est le moment où il y a plus de visibilité. Après il y a toujours le cours de portugais. Nous avons depuis trois ans ouvert des cours de français pour les nouveaux arrivants. Beaucoup de jeunes arrivent, avec des formations, mais ne maîtrisent pas le français. Nous participons aussi aux journées de l’Europe. Et de manière ponctuelle, nous faisons des rencontres. 

Donc le public de l’association, les gens qui viennent à l’association, qui sont-ils ?

Ceux qui font partie de l’association sont des Portugais, des lusophones, des Français, des couples mixtes. Ce sont souvent des gens qui ont eu un amour pour la langue portugaise, ou pour le Portugal, ou pour des personnes d’origine lusophone. Ce sont surtout des Portugais, Capverdiens ou Brésiliens. L’année dernière, pour la “Cage dorée”, se sont des Portugais qui sont venus et qui ont fait boule de neige. Après, des films plus pointus – parce que le cinéma portugais n’est pas forcément très accessible – ce sont les cinéphiles qui fréquentent le cinéma Le Méliès. A la soirée que nous faisons à la MJC du Lau, c’est plus mixte. 

C’est pas réfléchi. C’est venu naturellement. Quand je suis arrivée en France, c’était un choc de voir l’image que les gens avaient du Portugal.

Et pour vous c’était important, en tant que portugaise, de vous investir au sein d’une association lusophone ?

C’est pas réfléchi. C’est venu naturellement. Quand je suis arrivée en France, c’était un choc de voir l’image que les gens avaient du Portugal. Le Portugais est autre chose que gentil et travailleur. Il faut arrêter de réduire la personne à une image. C’est un pays. C’est une culture. C’est un pays qui a évolué très vite, grâce au 25 avril justement, que nous fêtons tous les ans, et qui a des problèmes maintenant. Mais le misérabilisme et le paternalisme ne me conviennent pas. 

Mais donc vous aviez quand même à cœur de changer cette image. 

Lusophonie a cet objectif et cela me convient. Son action culturelle, d’ouverture et de connaissance surtout est importante car la connaissance permet de changer l’image. 

Et au fil des années, ça a été beaucoup d’investissement, beaucoup de temps pour vous ?

Beaucoup [Rires] parce que France-Portugal m’a amenée à faire partie du CCPF, le Conseil des Communautés Portugaises de France devenu Coordination des Collectivités Portugaises de France, puis de la Fédération d’Aquitaine. A L’époque, je ne travaillais pas donc je m’investissais beaucoup. Et ça a continué, comme une spirale. 

Vous avez tenu des rôles précis au sein de l’association Lusophonie?

A Lusophonie, j’étais présidente. A la fédération, j’étais trésorière. Et à France-Portugal, j’étais trésorière aussi. Aujourd’hui, j’essaye de m’échapper des rôles. Je suis trésorière adjointe dans Lusophonie. Je m’occupe de la programmation des espaces de Lusophonie. Mais il est temps qu’il y ait une relève avec des gens nouveaux et des idées nouvelles. 

Les Lusophones de la région représentent beaucoup de gens ?

Je ne peux pas dire les chiffres exacts. Il y a énormément de Portugais à Pau et il y a beaucoup de nouveaux arrivants. 

Je ne suis pas pour une association – et nous ne le sommes pas – de lusophones pour lusophones. Ce qui est important est l’ouverture.

Votre vie sociale, elle est beaucoup avec des lusophones ?

Je m’investis dans l’association. Après, je ne suis pas pour une association – et nous ne le sommes pas – de lusophones pour lusophones. Ce qui est important est l’ouverture. Nous avons un siège social dans une MJC où il y a d’autres associations. Nous faisons les espaces de Lusophonie en partenariat avec Le Méliès, une structure qui est ouverte à tout public. Les espaces cette année sont au Méliès. L’exposition et les concerts sont à la MJC du Lau. Nous sommes contre une structure dont les portes ne sont pas ouvertes. 

Partager :

Interviewer : Fara Pohu
Lieu : Bordeaux
Date : 24 avril 2014

Les séquences (5)
Ressources

Autres témoignages

Stanislas SWIETEK
Défenseurs de l’accueil et des droits en Aquitaine

Stanislas SWIETEK

Isabel VINCENT
Défenseurs de l’accueil et des droits en Aquitaine

Isabel VINCENT

Frédéric ALFOS
Défenseurs de l’accueil et des droits en Aquitaine

Frédéric ALFOS

Francis BACQUEYRISSES
Défenseurs de l’accueil et des droits en Aquitaine

Francis BACQUEYRISSES