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Burhan OZKOSAR

Travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine

Burhan OZKOSAR
Burhan OZKOSAR
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Les séquences

Interviewer : Hurizet Gunder, Keziban Yildiz
Lieu : Cenon (33150)
Date : 2 avril 2022

Présentation

Dans le cadre de la collecte de témoignages oraux auprès des travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine, un entretien avec Mr Burhan Ozkozar, avait été réalisé le 2 avril 2022, à Cenon (331500). Vous trouverez un résumé de cet entretien sur cette page, ainsi qu’une retranscription intégrale en cliquant sur bouton ci-dessous. 

Retranscription intégrale

Résumé de l’interview

Je nais en 1967 dans le village de Ninbasi Eminbey, près de Posof. Mon père est fonctionnaire dans un hôpital, et ma mère, femme au foyer. Nous sommes une fratrie de huit : quatre sœurs et quatre frères. Je suis l’aîné des garçons. Au village, nous vivons avec la famille de mon oncle paternel qui a aussi huit enfants : deux filles et six garçons. Nous sommes donc seize enfants dans une maison. Je vais au collège à Eminbey puis au lycée des métiers de l’industrie, Yildirim Beyazit, à Ankara. Je vis en colocation avec mon cousin, le fils de mon oncle maternel. Nous travaillons tous les deux dans un commerce d’encyclopédies dont je fais la distribution auprès des administrations le week-end. Après le lycée, j’obtiens un BTS en métallurgie. Mais ma passion pour la littérature a déjà émergé : j’avais gagné au lycée un concours qui m’avait valu un affichage public. En 1987, avec trois amis, nous créons la revue “Posofun sesi”, la voix de Posof. 

En 1988, je suis recruté par l’agence d’information d’Istanbul en tant que journaliste. Et je suis mandaté avec quinze autres journalistes pour couvrir les élections présidentielles en France. J’ai, depuis des années, le souhait de rejoindre l’Europe. Mon jeune frère a besoin de soins : après un grave accident à l’âge de deux ans, au cours duquel il avala des bris de verre lui coupant la glande thyroïdienne, sa croissance s’est arrêtée et les médecins turcs sont impuissants à le guérir. 

J’envisage une installation en France où vit ma promise, rencontrée par le biais de connaissances un été à Karacasu près d’Aydin. Elle est arrivée en France, en Normandie, à l’âge de deux ans puis a déménagé à Bordeaux, son père travaillant dans l’usine Ford. Lors de mon premier séjour de trois mois en France en 88, j’apprends à la connaître. Je travaille à Paris et fais des allers-retours chez mon oncle à Lormont. Je découvre le chauffage au sol ! La rudesse des hivers à Posof est loin. 

A mon retour en Turquie, l’obligation du service militaire me pose problème : mon installation en France me permettrait un report de deux ans en deux ans. Je reviens en France pour me marier. Je fais la navette avec la Turquie en raison de mon travail journalistique. Nous nous installons à Lormont où nous avons des difficultés à obtenir un logement social en raison des réticences de la mairie à l’égard des Turcs.  Durant deux ans, je n’ai qu’un récépissé et non une carte de résident : j’apprends ensuite que les Renseignements généraux ont enquêté sur moi en raison de ma profession de journaliste. 

Je suis des cours de français au sein de l’association Irfac, puis à l’université de lettres de Bordeaux Montaigne, durant quatre ans. A l’époque, une année universitaire coûte plus de sept mille francs. Malgré ma reprise d’études, je n’ai jamais pu obtenir l’équivalence de mon diplôme de journaliste. Je continue à exercer en Turquie où le journal Hürriyet me recrute. Mon salaire ne suffit cependant pas à couvrir nos charges en France. Notre mariage nous a fait nous endetter. Et l’arrivée en France d’un de mes frères également : son installation précédait celle de mon jeune frère handicapé soigné durant deux ans en France. Nous faisons un emprunt de trente mille francs, avec pour garants les voisins français de ma belle-sœur. 

Je trouve un second emploi dans le bâtiment. Mon premier jour sur un chantier à Mimizan est très violent : je n’arrive pas à soulever le béton. Le lendemain, je ne peux pas me lever. Je continue dans le bâtiment mais à temps partiel. Je crée ensuite ma propre entreprise de travaux. En parallèle, mon épouse travaille à Intermarché : m’apercevant qu’elle est à la caisse à la place d’être dans les bureaux, je refuse qu’elle continue. Elle trouvera un poste dans les bureaux de la préfecture. 

Je voyage pour mon travail de journaliste, en particulier en Turquie où je visite mes parents, installés à Bursa après la retraite de mon père pour se rapprocher d’Istanbul où je peux les retrouver. Après des soins en France, ma mère est décédée du diabète en 2006.

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Interviewer : Hurizet Gunder, Keziban Yildiz
Lieu : Cenon (33150)
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