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Hacer SU

Travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine

Hacer SU
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Les séquences

Interviewer : Keziban Yildiz
Lieu : Ambarès-et-Lagrave (33440)
Date : 17 avril 2018

Présentation

Dans le cadre de la collecte de témoignages oraux auprès des travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine, un entretien avec Mme Hacer Su, avait été réalisé le 17 avril 2018, à Ambarès-et-Lagrave (33440). Vous trouverez un résumé de cet entretien sur cette page, ainsi qu’une retranscription intégrale en cliquant sur bouton ci-dessous. 

Retranscription intégrale

Résumé de l’interview

Je suis née à Yagcilar près de Yalvac, dans le district d’Isparta, à l’est de la Turquie. Je ne suis scolarisée que trois ans car mes parents sont fermiers et ont besoin d’aide dans les champs. A 17 ans, je me marie. En 1972, mon mari rejoint la France pour travailler. Je lui dis : « Emmène-nous ou reviens ». Il revient chaque année nous rendre visite en Turquie.

En 1978, alors que nous avons six enfants, notre demande de regroupement familial est acceptée. Nous prenons l’avion pour Paris. Je suis terrifiée : l’avion est plein et j’ai peur qu’il tombe. De Paris, nous rejoignons en taxi Terrasson en Dordogne. A mon réveil, je suis surprise : Terrasson ressemble à mon village, une petite ville coincée entre deux collines. Nous logeons dans un appartement HLM à moitié vide. Mon époux, menuisier de profession, est alors au chômage. Le lendemain de mon arrivée, je me mets au travail : je deviens casseuse de noix. Durant vingt ans, il me sera apporté chaque trois filets de 50 kg de noix. 

A quarante ans, je tombe enceinte et je suis très malade : je n’arrive pas à lever la tête de l’oreiller. Je décide d’avorter : Que faire ? J’en ai déjà six !

Nous déménageons à Sainte-Eulalie en 1997, puis à Lormont chez notre fils en 1999. Je n’apprends pas le français et fonctionne par gestes avec mon entourage. 

Tous les deux ans, nous retournons un à deux mois en Turquie. Nous nous y rendons avec une joie immense et rentrons dans les larmes. Notre maison a brûlé, mais deux de nos enfants ont acheté des propriétés : je leur envoie chaque année l’argent gagné avec mon travail dans les noix.  

Je rencontre de graves problèmes de santé : depuis deux ans, je vis avec un seul rein et je suis sous dialyse. Mon mari a également des problèmes respiratoires et cardiaques. La nostalgie de la Turquie nous a fait vieillir trop vite. 

Aujourd’hui, je suis retraitée en France. J’ai chaque jour mes filles au téléphone, je ne dis rien, mais le manque est viscéral : je n’en dors pas la nuit. Si mon parcours était à refaire, je ne repartirai pas en France : la séparation avec mon pays et mes proches a été trop violente. Ce que la France m’a apporté, ce sont des soucis ! Et je lui ai donné tout mon être, ma personne.

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Interviewer : Keziban Yildiz
Lieu : Ambarès-et-Lagrave (33440)
Date : 17 avril 2018

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