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Mehmet KAYA

Travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine

Mehmet KAYA
Mehmet KAYA
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Les séquences

Interviewer : Hurizet Gunder
Lieu : Lormont (33310)
Date : 11 mai 2018

Présentation

Dans le cadre de la collecte de témoignages oraux auprès des travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine, un entretien avec Mr Mehmet Kaya, avait été réalisé le 11 mai 2018, à Lormont (33310). Vous trouverez un résumé de cet entretien sur cette page, ainsi qu’une retranscription intégrale en cliquant sur bouton ci-dessous. 

Retranscription intégrale

Résumé de l’interview

Je suis né dans le village de Celeptas, près de Yalvaç, dans le district d’Isparta, dans le centre-ouest de la Turquie. Je suis scolarisé cinq ans puis j’aide mes parents à la ferme en gardant les moutons. Mes frères rejoignent l’Allemagne pour le travail. Je me marie et j’ai trois enfants. En 1974, mon père a besoin d’un nouveau tracteur. Je dépose ma candidature pour un départ pour l’Europe et elle est sélectionnée par la France. 

Le 20 avril 1974, je quitte la Turquie. Arrivé à Paris après trois jours de trajet, puis je prends un train pour Angoulême. Je suis hébergé par un arménien durant cinq mois. J’ai un contrat de travail dans le bâtiment : je suis le seul turc. Pour apprendre le français, j’écris les mots sur ma main. Au bout de quelques semaines, j’ai mon titre de séjour. Cinq mois plus tard, ayant fait venir deux amis de Turquie, nous rejoignons Limoges où nous travaillons aussi dans le bâtiment, puis à Poitiers pour l’usine Michelin. 

Je m’installe ensuite à Bordeaux, chez ma sœur. Je trouve un logement social Domofrance à Carriet. Je trouve du travail dans la métallurgie.

En 1976, je dépose une demande de regroupement familial. Après son acceptation, je prends l’avion pour la première fois pour Istanbul et je vais chercher ma famille.

Après la fermeture de mon entreprise, je trouve un nouvel emploi chez Duler à Mérignac où je construis des panneaux en fer : j’y travaille durant vingt-deux ans. A la suite de relations conflictuelles avec des collègues, je fais le choix de démissionner. Je deviens artisan en maçonnerie durant seize ans. Je travaille sur des chantiers privés de construction de maisons. A plusieurs reprises, je recrute au noir des compatriotes turcs, notamment mon neveu et mon beau-frère que j’héberge chez moi plusieurs années. 

Je rachète à un compatriote turc la gestion d’un café à Bir Hakeim, en face du Pont de Pierre dans le centre de Bordeaux. Je suis ouvert de 6 heures du matin à minuit. Mon épouse prépare chaque matin du simit, un pain turc au sésame et s’occupe du ménage chaque samedi. Je revends le café cinq ans plus tard, épuisé par le rythme de travail alors que j’ai des enfants en bas âge. Je reprends mon activité dans la maçonnerie.

En 2007, je suis victime d’un grave accident : alors que je prends le café avec un ami et sa femme sur la terrasse, une voiture volée fonce vers nous et m’écrase. Je reste six mois dans le coma. J’ai ensuite eu un arrêt de travail d’un an. Puis, après un an au chômage, je prends ma retraite. Depuis, je réside plusieurs mois par an en Turquie. Je m’occupe de mon jardin et je me rends au village. Je souhaiterai y résider de façon permanente : ma femme refuse en raison de la présence de nos enfants et de nos petit-enfants en France. 

Après 44 ans en France, je peux dire que j’ai apporté à ce pays mon travail, mes efforts, moi-même. Et la France a sauvé la vie de mes enfants.

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Interviewer : Hurizet Gunder
Lieu : Lormont (33310)
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