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Sitki YALCIN

Travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine

Sitki YALCIN
Sitki YALCIN
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Les séquences

Interviewer : Hurizet Gunder
Lieu : Cenon (33150)
Date : 20 mars 2018

Présentation

Dans le cadre de la collecte de témoignages oraux auprès des travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine, un entretien avec Mr Sitki Yalcin, avait été réalisé le 20 mars 2018, à Cenon (33150). Vous trouverez un résumé de cet entretien sur cette page, ainsi qu’une retranscription intégrale en cliquant sur bouton ci-dessous. 

Retranscription intégrale

Résumé de l’interview

Je suis né à Ozgüney près de Yalvaç, à côté d’Isparta, au centre de la Turquie. Je vais à l’école jusqu’en CM2 puis j’aide mes parents à la ferme. Je me marie et j’ai trois enfants. En 1973, alors que je suis âgé de 33 ans, un ami travaillant en France transmet ma candidature pour travailler dans son entreprise de bois. Recruté, je réalise un trajet de trois jours en train avec d’autres travailleurs pour rejoindre Paris, puis Bordeaux. Nous changeons à nouveau pour Langon. Pour logement, un hangar et des matelas au sol sans couvertures : le poêle à bois dysfonctionne et propage une épaisse fumée. Nous sommes en plein mois de décembre. Nous travaillons sur un chantier de déforestation :  nous sommes chargés d’enlever l’écorce des arbres coupés par des ouvriers. Nous sommes payés deux-cent euros par mois.  

J’écris à mon frère et lui demande son aide pour nous sortir de cette situation : il explique à notre chef que nos parents sont malades et que nous devons nous rendre en Turquie. Nos contrats sont résiliés. Deux mois après mon arrivée, je rejoins Montluçon où je suis recruté dans une entreprise de pièces détachées de voitures. Mais mon chef n’obtient pas la modification de notre titre de séjour : je suis inscrit comme travailleur dans le bois. Sept mois plus tard, je suis contraint de retourner à Langon. La coopérative forestière me place en formation durant trois mois : j’apprends à couper et à extraire l’écorce et la sève du bois. Je travaille ensuite dans une usine d’huile à Soulac. 

En juin 1976, ma demande de regroupement familial est acceptée et je vais chercher ma famille en Turquie. A mon retour, mon absence prolongée au travail entraîne mon renvoi. Nous logeons chez un neveu à Eysine pendant six mois. Mes enfants sont âgés de plus de quinze ans et ne peuvent être scolarisés. Je trouve un emploi chez un fleuriste près de Bordeaux Lac et j’obtiens un logement social à Cenon.

Je suis à nouveau renvoyé de mon poste après un long séjour en Turquie où je fais construire une maison. Je trouve un nouvel emploi dans une usine à Floirac en tant que ferrailleur. J’y resterai jusqu’à ma retraite. 

Aujourd’hui, je suis retraité en France et en Turquie. Je me rends chaque année en Turquie, mais les choses ont changé, je ne reconnais plus les gens au café : “Lorsque vous êtes là-bas, vous pensez à ici. Et lorsque vous êtes ici, vous pensez à la-bas. Vous êtes un étranger ici et là-bas. Mais si mon immigration en France était à refaire, je la referai.

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Interviewer : Hurizet Gunder
Lieu : Cenon (33150)
Date : 20 mars 2018

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