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Zahide YILDIZ

Travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine

Zahide YILDIZ
Zahide YILDIZ
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Les séquences

Interviewer : Hurizet Gunder, Keziban Yildiz
Lieu : Lormont (331310)
Date : 8 février 2018

Présentation

Dans le cadre de la collecte de témoignages oraux auprès des travailleurs turcs de Nouvelle Aquitaine, un entretien avec Mme Zahide Yildiz, avait été réalisé le 8 février 2018, à Lormont (33310). Vous trouverez un résumé de cet entretien sur cette page, ainsi qu’une retranscription intégrale en cliquant sur bouton ci-dessous. 

Retranscription intégrale

Résumé de l’interview

Je suis née à Sandikli près d’Afyon sur les rives de la Mer Noire. Je suis l’aînée d’une fratrie de six enfants : j’ai quatre sœurs et un frère. Contrairement à eux, je ne suis pas scolarisée faute d’école construite dans mon village : à l’époque, une jeune fille n’est pas autorisée à aller à l’école d’un autre village. Je me marie avec un des cousins habitant de mon village : nos deux grands-pères sont frères. Nous avons un premier enfant qui décède à l’âge d’un an et demi.

A son retour du service militaire, mon mari ne reste que deux nuits au village et part pour Istanbul. Je suis alors enceinte et je perds mon enfant. Après avoir trouvé un emploi, mon époux me ramène à Istanbul quelques mois plus tard. Je travaille comme couturière et fabrique des rideaux. Je tombe enceinte de mon troisième enfant que je perds à nouveau. Mon époux est recruté dans l’entreprise Borban et je suis chargée de m’occuper de la mère malade de son chef et de son fils handicapé. Je fais également des travaux de ménage chez une avocate. 

En 1974, la candidature de mon époux pour travailler en France est acceptée. Il est recruté par le Château Citran près de Castelnau-de-Médoc. Je m’installe chez les frères de mon époux. Cinq mois plus tard, il est devant ma porte et organise mon arrivée en France. Je prends l’avion pour la première fois : je suis terrifiée. De Paris, nous rejoignons Bordeaux en train puis Avensan. Le logement est triste : un sol bétonné, une cuisine, une chambre. Je souffre de ma solitude et de mon inactivité : je sombre dans la dépression.

Je tombe enceinte et décide quelques mois plus tard d’aller visiter nos familles en Turquie. Lors de l’achat des billets du retour en France, la compagnie aérienne refuse de m’en délivrer un  : à sept mois de grossesse ils exigent un certificat médical. Une sage femme vient m’osculter. Elle refuse de m’autoriser à prendre l’avion : je vais accoucher ! Mon premier fils est né le soir même.

Après notre retour en France, mon fils tombe régulièrement malade en raison de l’humidité de l’appartement et il est notamment hospitalisé. Je démarche les agences immobilières pour obtenir un meilleur logement. 

Mon époux trouve ensuite un emploi dans l’usine Ford et nous déménageons dans le quartier Carriet à Lormont.

Je tombe gravement malade et suis hospitalisée. Le médecin m’apprend que je suis à nouveau enceinte et prétend que mon enfant est mort. Il souhaite faire un curetage. J’exige une échographie : le cœur de mon enfant bat ! C’est ainsi que j’ai sauvé mon second fils. J’ai ensuite eu un troisième et dernier fils.

Après dix années de résidence à Lormont, mon époux achète un terrain à Sainte-Eulalie et fait construire une maison. 

Aujourd’hui, je suis à la retraite. J’ai huit petits-enfants et trois belles-filles adorables, dont une d’origine algérienne kabyle. Je réside six mois en France et six mois en Turquie.

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Interviewer : Hurizet Gunder, Keziban Yildiz
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