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Abdelmalek EL MALKI (Partie 1)

Ancien combattant marocain
Né en 1912
Engagé en 1930

Abdelmalek EL MALKI (Partie 1)
Abdelmalek EL MALKI (Partie 1)
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Les séquences

Interviewer : Joël Guttman
Traducteur : Ahmed Nokri
Lieu : Foyer Adoma, Bordeaux
Date : 10 septembre 2009

Présentation

Dans le cadre de la collecte de témoignages oraux auprès des anciens combattants marocains, un entretien avec M. Abdelmalek El Malki a été enregistré le 10 septembre 2009 au foyer Adoma. Vous trouverez un résumé synthétique de la première partie cet entretien sur cette page, ainsi qu’une retranscription intégrale de cette première partie d’interview en cliquant sur bouton ci-dessous.

Retranscription intégrale

Résumé de l’interview

JOËL GUTTMAN – Alors avant de devenir militaire, qu’est-ce que vous faisiez à l’état civil ?

Lorsque j’étais petit, notre père est mort, il nous a laissés, nous étions quatre enfants. Notre mère était donc veuve et nous, petits, on travaillait. J’ai travaillé pour un salaire de 12 reals par an, donc 1 real par mois. En grandissant, je me suis rendu compte qu’avec le travail au civil, je ne m’en sortirai pas… Je me suis donc dirigé vers l’armée pour m’engager.

Quelles autres raisons vous ont poussé à vous engager ?

À cette époque-là, je voyais les gens qui revenaient de l’armée, et je voyais leur tenue… ils étaient bien habillés… Et ils avaient aussi une solde, de l’argent… Moi, ma vie en tant que civile ne m’apportait pas grand-chose.  Donc, je me suis finalement engagé volontairement à Meknès à 18 ans, en 1930, sans le dire à ma famille…

Comment vous avez été recruté ?

Il y avait un certain Oleschmi, un officier, qui venait dans un camion et qui lançait l’appel, en tant que crieur. Et il disait aux gens qu’ils pouvaient s’engager dans l’armée, que les parents seraient libérés et qu’il y aura un retour sans problème.

Une personne qui avait la terre, il aurait pu vivre de l’agriculture, sans problème. Par contre, pour les gens qui n’avaient pas les moyens, comme moi, avec ma mère qui était veuve, s’engager c’était une solution…

Après mon engagement à Meknès, on a commencé par nous entraîner… Démontage–remontage des fusils. On nous mettait des bandeaux sur les yeux pour être opérationnel lors des combats… L’entraînement a duré un an et demi. On s’entraînait avec les grenades, les mines, par rapport aux avions… Après cet entraînement, on est allé en Indochine…

Comment êtes-vous allé en Indochine et comment s’est passé le voyage ?

Il y avait des trains qui ramassaient tous les militaires, ça allait de Marrakech jusqu’à à Oujda, la ville où on s’est tous rassemblés. Le soir, on a pris le train vers Tlemsen puis vers Sidi Bel Abbès pour arriver à Oran. Et de Oran, on a pris des camions pour partir. Huit jours après, il y a un bateau, le Pasteur, qui nous a pris de Oran jusqu’à l’Égypte puis de l’Égypte jusqu’au Yémen. Ensuite du Yémen jusqu’à Singapour et de Singapour jusqu’à une ville dont je ne me souviens pas le nom… Et après, c’était Saïgon ! Dans ce bateau-là, il y avait une cinquantaine ou une soixantaine de personnes.

On nous a donné des masques et des moustiquaires parce qu’il y avait beaucoup de moustiques… Et si on ne mettait pas le masque, ça nous bouffait pendant la nuit !

Après Saïgon, notre voyage continue… Lorsque nous sommes arrivés à la place de Cap Saint-Jean, on est allé vers le Tonkin, puis un petit bateau nous a amené jusqu’à Hai Phong… À Hai Phong, on a débarqué et on nous a donné des masques et des moustiquaires parce qu’il y avait beaucoup de moustiques. D’ailleurs, si on ne mettait pas le masque, ça nous bouffait la nuit. On est restés là-bas presque huit jours, et ensuite ils nous ont emmenés dans un endroit nommé Hải Dương. Lorsque nous sommes arrivés là-bas, un colonel nous a répartis en groupes. Moi, j’étais en poste avec un groupe à Djallouk. Là-bas, nous avons tout préparé pour nous cacher, pour préparer les fossés, c’est-à-dire des tranchées pour pouvoir sortir de l’autre côté, pour que l’ennemi ne nous voit pas.

Et est-ce que vous avez été en contact avec la population civile en Indochine ?

Oui, on a rencontré certains, on a fait des connaissances, on les a côtoyés, on a même appris leur langage ! Mais ils étaient dangereux parce qu’ils étaient surprenants. Et une chose à savoir, c’est qu’ils ne disent jamais… où est l’ennemi ! Une fois, on en a pris deux. Il y en a un sur lequel on a passé un camion pour faire un exemple. Et l’autre il a dit, « Même si vous me faites la même chose, je ne dirai rien du tout ». Rien. Walou !

Avec les autres combattants, est-ce que vous arriviez à échanger avec, par exemple, des Sénégalais, des Algériens, des Français ?

En termes de groupes, chacun était d’un pays. Donc les Marocains ils étaient seuls, les Tunisiens, les Sénégalais, seuls aussi… Il y avait aussi des groupes par grade à un moment donné, mais c’était le regroupement par pays qui prédominait, même si on avait tous le même uniforme, l’uniforme français. Il y a eu une bonne organisation. Niveau hiérarchie, l’officier, c’est l’officier, il y avait un certain respect. Chaque groupe restait à sa place et tout était bien organisé.

C’était le regroupement par pays qui prédominait, même s’ils avaient la même tenue, la tenue française…

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Interviewer : Joël Guttman
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